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d'un Prince libre qui viennent conférer avec les Ambaffadeurs d'un Prince étranger. Peu de jours après l'ouverture d'une quatrième celfion, les mêmes Commiffaires de la Reine d'Ecoffe intentèrent une accusag tion formelle contre Murray & fes adhérens, comme auteurs, fauteurs & complices du meurtre de Henri Stuart, comme ayant tous figné un acte d'affociation pour ce crime, & l'ayant préfenté à leur confédéré James, Comte de Bothnel, ainfi qu'il à été déposé devant dix mille témoins de l'exécution des ferviteurs du Comte exécutés pour le même crime.

Elifabeth ne pouvoit confentir à faire paroître Marie Stuart dans une affemblée des Grands de fa Nation de ceux d'Ecoffe & des Ambassadeurs Etrangers. De pareils témoins auroient pénétré l'artifice & fait taire l'iniquité. Marie Stuart, belle, éloquente, fpirituelle, Princeffe fouveraine, opprimée par fes propres fujets, auroit eu trop d'avantage. Ces mouvemens fecrets, qui accompagnent les grandes fautes, agitoient Elifabeth; elle ne craignoit rien tant que la vue

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d'une Princeffe qui, ne l'ayant jamais offenfée, auroit porté fur elle les regards affurés & tranquilles de l'innocence, tandis que les reproches de fa confcience l'auroient contrainte à baiffer les yeux. Les Commiffaires de Marie proteftèrent hautement devant le Confeil contre la conduite d'Eli Jabeth; ils déclarèrent qu'après un tel déni de juftice, les négociations devoient être rompues, & la Reine d'Angleterre privée du droit qu'elle s'étoit arrogé de prononcer contre l'honneur, la perfonne, la Couronne & l'Etat de Marie, Reine d'Ecoffe, Princeffe libre & indépendante de tous les Princes de la terre. Ils ajoutèrent qu'ils ne répondroient point au Comte de Murray, s'ils n'obtenoient une promeffe formelle que la Reine, leur Souveraine, viendroit en perfonne défendre fon honneur & la gloire offenfés,

Dès qu'Elifabeth eut entre les mains les papiers dont elle s'exagéroit l'importance, elle rompit les conférences de Westminster; mais ne voulant pas perdre l'occafion de publier ce qui pouvoit compromettre l'honneur de

Marie, elle aflembla fon Confeil privé à Hamptoncourt, fous prétexte d'examiner les preuves qu'on venoit de hui fournir. Après cet examen, les députés de Marie furent appellés. Elifabeth refula plus formellement que jamais d'admettre la Reine d'Ecoffe à fa défenfe perfonnelle; elle lui laiffa le choix ou de charger un homme feul du foin de la défendre, ou de permettre qu'on lui envoyât un Anglois pour entendre la défente. Il eft remarquable qu'elle ne joignit à ces propofitions aucune offre de communiquer à-Marie les pièces fur leíquelles elle avoit à répondre; & il eft étonnant que l'Evêque de Rofs n'ait pas relevé une injuftice auffi criante. Enfuite elle écrivit à Marie une lettre pleine de douceur, & en même temps, elle envoyoit des ordres fecrets à ceux quila gardoient pour la précipiter dans de fauffes démarches, c'eft-à-dire, pour lui faire renoncer folemnellement à fa couronne, comme on le voit par un écrit rédigé de la main de Cécill, & portant pour titre: Projet pour effrayer

Marie

Marie Stuart, l'empêcher de répondre & d'accufer Murray.

Marie rejetta tous les faux confeils que lui fit fuggérer la perfide Elifabeth; elle ne les écouta qu'avec indignation, & fa fermeté étonna ceux qui étoient chargés de l'effrayer. Ils rapportèrent à leur Reine qu'elle ne devoit point penfer à effrayer une ame qui ne craignoit que l'infamie; ils lui confeillèrent d'alarmer l'Evêque de Rofs, ou de fe déclarer ouvertement & de foutenir par les armes l'autorité de l'ufurpateur. Ces nouvelles alarmèrent Elifabeth. Les députés de Marie lui demandèrent ce qu'elle penfoit des preuves remifes entre fes mains par les ennemis de leur Souveraine. Elle répondit encore qu'il falloit du temps pour leur examen, qui devoit déjà être fait, & duquel devoit réfulter la nullité des lettres fabriquées, & la condamnation de Muray. Le feul parti auquel on s'arrêta, fut de trainer l'affaire en longueur ; on espéra qu'en traitant avec dureté la Reine d'Ecoffe, en la laiffant en fufpens, on l'ameneroit à donner

N°. 44. 30 Odobre 1787.

par défefpoir, un confentement refufé avec tant de courage. Les députés de Marie déclarèrent encore au Confeil d'Elifabeth que leur Souveraine étoit déterminée à pourfuivre l'accufation qu'elle avoit intentée contre les fujets rebelles, & à répondre aux calomnies inventées contr'elle; ils demandèrent en fon nom, que les écrits originaux leur fuffent communiqués, ou qu'au moins on leur en donnât des copies, d'après lefquelles ils puffent former une défense, & démontrer qu'ils étoient faux & con• trouvés. Ces demandes augmentèrent T'embarras d'Elifabeth; elle remit fa réponse à trois jours. Le résultat de fes réflexions fit d'eflayer encore la propofition d'un accommodement entre Marie & les rébelles. L'Evêque de Rofs lui répondit que la Reine d'Ecoffe ne fe foumettroit jamais 'à la réfignation de la Couronne, & que cette condition ne feroit le fondement d'aucun traité. Enfin, Marie voulant fe délivrer des follicitations Elifabeth, refufa formellement toute espèce d'accommodement,

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