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1683. Racine, de Moliere, de..... Bon! répond Arleq. voilà quelque chofe de beau, je fuis devenu moi-même Auteur; c'est moi qui ai fait toutes les Comédies de Plaute & de Terence, &qui ai auffi inventé le fecret de faire voler douze perfonnes à la fois fans cordes, fil d'archal, ni contrepoids!... La Sc. de l'Incendie entre Arlequin & Colombine eft peu de chofe pour le Dialogue, mais il y a beaucoup de jeu de Théatre. La Parodie de Berenice en 5. Sc. qui fe trouve encadrée dans cette Piéce, on ne fçait trop pourquoi, avoit le mérite de la nouveauté, puifque ce genre Comi-Critique n'avoit pas encore paru. C'eft dans la derniere Scène, qu'Arlequin pestant contre le Fripier qui lui a loué l'habit avec lequel il repréfentoit Titus, finit par ces 4. vers,

Ah! qu'on eft malheureux d'avoir des Créanciers ¡
Si l'Empire Romain avoit eu des Fripiers
Contre lui déchaînés & plus Juifs que le Diable,
Il n'auroit pas été fi ferme & fi durable.

On pourroit foupçonner une Critique de la foibleffe de Titus dans ces paroles:

Pour Titus Empereur, je pleure, je soupire,
Mais Titus Arlequin me fait crever de rire.
Et dans cet autre vers d'Arlequin dépouillé:

J'étois un Empereur & je ne fuis plus rien.

La Sc. du Plaidoyé entre le Juge Pillardin, 16831 La Ruine Procureur, un Clerc & le Docteur, quoique dans le ftyle Praticien, eft très-plaifante. Les citations latines dont cette Scène eft burlesquement ornée n'en fait pas le moindre amusement.

Les Auteurs de l'Hift. du Th. Franç. ne feront point fans doute fcandalifés de l'obfervation que je prends la liberté de faire ici fur leur fentiment au fujet de la Parodie de Berenice, dont il eft parlé ci-deffus. Ils ne font mention que de 2. Sc. parodiées, quoiqu'il s'en trouve bien réellement 5. dans la C. d'Arl. Prothée, & préjugent que l'Extrait qu'ils en donnent T. XI. p. 103. fera peutêtre revenir de la prévention qui s'eft perpétuée jufqu'à préfent dans l'efprit de beaucoup de Perfonnes, parce que, difent-ils, ces Scè nes font pitoyables, & qu'il ne peut y avoir eu que la nouveauté du genre qui ait pû leur donner de la réputation. On laiffe au Lecteur à décider fi l'opinion des S. P.... eft conforme à celle du Public. Sans cet Effai, nous n'aurions peut-être pas eu des Parodies auffi agréables & auffi fpitituelles que celles qui ont paru depuis.

12. ARLEQUIN EMPEREUR DANS LA 1684, LUNE. L'Auteur de la Bibl. des Th. mar

que, vraisemblablement d'après le Merc. Gal

1684. que cette Piéce fit grand bruit, que tout Paris y accourut, que la Salle de l'H. de Bourgogne fe trouva trop petite, & qu'Ifabelle & Colombine, deux nouvelles Actrices, y jouérent des Sc. toutes Françoises. L'Auteur des Rech. fur les Th. ne fait qu'annoncer le Titre & le jour de la premiere Repréfentation. Voici ce qui fe trouve dans le Merc. de Mars 1684. Je ne vous dis rien d'une » Comédie nouvelle de la Troupe Italienne,

intitulée, Arlequin Empereur dans le Mon» de de la Lune, qui pendant 15. jours qu'on

دو

l'a jouée fans interruption fur la fin du Ca» rême, a fait ici un fracas qui va au-delà de » tout ce qu'on peut s'imaginer; tout Paris ≫y a accouru, & à chaque Représentation. » le lieu s'eft toujours trouvé trop petit. L'incomparable Arlequin s'eft fait admirer à fon ordinaire, auffi bien que les deux » Actrices nouvelles, Ifabelle & Colombine qui jouent dans cette Piéce des Sc. françoises pleines d'une fatire agréable & trèsfinement trouvée. » Baile en fait mention c'est une

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que

dans fes Œuvres diverfes, & dit
Satire de l'Op. d'Amadis, mais je ne fçai fi
l'obfervation de ce célébre Ecrivain eft bien
jufte, on ne connoît pas trop les rapports de
cette Piéce avec l'Opera dont il parle; on en
voit beaucoup plus avec le Systême de la
Pluralité des Mondes habités, rendu fi fa-

meux

meux par le charmant Ouvrage de l'un des 1684 plus beaux Efprits de notre fiècle. Gherardy ne rapporte que 8. Sc. de cette Comédie. Celle de la Protafe eft entre le Docteur & Pierrot, qui difputent fur le Syftême, fi la Lune eft un Monde réel ou idéal. Cet Examen eft interrompu par l'embarras du Docteur, fur les différens Caracteres de fa Fille, de fa Niéce & de leurs Servantes; Ifabelle ne s'attachant qu'à la Poëfie, attire dans fa Maison tous les Poëtes; Eularia a toujours des Muguets à fes trouffes; & les Servantes imitant l'humeur de leurs Maîtref fes, font devenues auffi folles qu'elles; il a deffein, pour s'en débaraffer, de les marier, toutes à la fois. Arleq. caché derriere le Docteur, le contrarie perpétuellement, & celui-ci croyant que c'eft Pierrot, lui donne un foufflet, &c... Sc. du Defefpoir. Arleq. vient feul fe lamenter fur ce qu'il a entendu dire au Docteur qu'il veut marier Colombine à un Fermier. Le Jeu de Théatre, abfolulument néceffaire pour faire valoir de pareilles Scènes, donne plus que le Monologue même, l'expreffionaux divers mouvemens de défefpoir auquel Arlequin s'abandonne La Sc. d'Ifabelle & de Colombine eft entierement fur le ton des Précieufes Ridicules, qui peut-être en a donné l'idée ; Colombine le combat avec beaucoup de raifon; elle voudroit que fa Maî

B

1684. treffe épousât un Financier plûtôt qu'un Poëte, qui n'a ordinairement nulle reffource; cette Scène est très-comique. Arlequin, qui pourroit dans toutes les Piéces être appellé Prothée, paroît enfuite dans une petite voiture, qu'on nomme Soufflet. Un Commis lui demande d'où vient ce Soufflet? Arlequin répond équivoquement qu'il n'a donné ni reçû de Soufflet. Un Commiffaire qui furvient, veut fans raifon verbalifer & fe faire payer de fon transport. Arleq. change d'habillement, le Soufflet devient Charette, & tout reprend fa forme à la volonté d'Arlequin, qui voyant arriver le Docteur fe préfente à lui pour le Fermier de Domfront; le Dialogue eft dans le ftyle d'une Farce, cependant le grand Jeu de Théatre a pû rendre cette Scène paffable. La Sc. de l'Ambaffade & du Voyage d'Arlequin dans l'Empire de la Lune eft plaifante quoique longue. Arlequin cherche & trouve l'occafion d'attraper le Docteur, s'annonçant à lui pour l'Ambaffadeur extraordinaire envoyé par l'Empereur du Monde de la Lune pour demander Ifabelle en Mariage. Le Docteur charmé de l'amour du Prince pour fa fille fait plufieurs préfens à Arlequin, qui feint que c'eft l'Empereur qui l'ordonne. On pourroit trouver quelque reffemblance entre cette Sc. & celle du Bourg. Gentilhomme, où le Grand Ture

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