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1742.

N°. 449.

RAPPORT DES COMMISSAIRES.

E Samedi 21 Avril 1742, Meffieurs Camus & de Fouchy font le rapport qui s'enfuit fur un Echappement de M. Pierre le Roy.

Nous avons examiné, par ordre de l'Académie, un Mémoire préfenté par M. Pierre le Roy, contenant lạ defcription de quelques changemens qu'il a faits à l'échap✦ pement des montres, pour parvenir à une plus grande régularité.

que

Pour mieux entendre en quoi confifte le changement M. le Roy propofe de faire à cette partie des montres, il fera bon de fe fouvenir que la derniere roue des montres, appellée roue de rencontre, eft d'une ftructure fort différente de celle des autres roues ; fes dents, au lieu d'être perpendiculaires à fon plan, font toutes penchées vers un même côté, & elles engrenent par en-haut & par en-bas dans des palettes attachées à l'arbre du balancier qu'elles pouffent alternativement en fens contraire. Par ce moyen le balancier n'eft jamais un feul inftant fans éprouver l'action du mouvement, parce que dès que la dent de la roue de rencontre échappe de la palette, la dent opposée 'agit fur l'autre palette.

Si la force motrice étoit toujours égale, cette conftruction ne laifferoit rien à défirer fur cet article; mais comme il eft impoffible que l'action du reffort ne foir ou quelquefois inégale en elle-même, ou tranfmife inégalement au balancier, il résulte de la maniere dont elle y eft appliquée, que quand la force motrice eft augmentée, le balancier eft obligé à circuler plus vîte, fans pouvoir néanmoins parcourir librement un plus grand espace, ce qui fait qu'il ne peut remédier à toutes les inégalités de la force motrice.

M. le Roy conftruit l'échappement d'une façon un peu

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différente de celui que nous venons de décrire. Au cylindre dont nous avons parlé, il fubftitue un petit cône tronqué, creusé à peu près comme les petits poids de marc, No. 449. coupé dans une de fes moitiés, & dont les coupes font inclinées le balancier reçoit fon mouvement de deux roues différentes de celles du fieur Baufré, en ce que les fiennes font des roues plates, & que celles de M. le Roy font des roues de champ. A la pointe des dents de ces roues, il y a un petit crochet qui fert à appuyer fur le deffus du cône tronqué. L'ufage de ce crochet & du creux du petit boisseau, eft de conferver de l'huile dans tous ces mouvemens, ce que M. le Roy juge d'une très-grande importance tant dans cet endroit, que dans tous les pivots des montres. Pour cela, aux réfervoirs d'huile qui fouvent étoient infideles, M. le Roy fubftitue un fimple trou fermé exactement par en-haut, ou plutôt qui no traverse pas entiérement la platine : l'huile une fois logée au fond de ces creux y eft retenue; le réfervoir ne manquera jamais tant que l'huile durera.

M. le Roy fait plufieurs réflexions fur la maniere de placer les pieces de la répétition, & même de la montre, & fait voir que tous ces arrangemens, qui au premier coup d'œil paroiffent affez indifférens, font cependant d'une extrême conféquence. Ces réflexions l'ont conduit à faire fes quadratures beaucoup plus baffes que les autres, ce qui lui donne le moyen de faire la cage du mouvement beaucoup plus haute dans une montre de même volume.

2°. Il a éloigné des pivots des roues du mouvement les pieces de la répétition qui pompoient l'huile de ces pivots, & les mettoient à fec: par-là la régularité de fes montres doit être beaucoup plus conftante; & toutes ces réflexions fe trouvent confirmées.

Finie en 1737 par M. le Roy au fujet d'une gageure des Anglois & des François avoient faite à Lisbonne fur la préférence de l'Horlogerie Angloife, & de la Fran

que

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çoife, & qui foutint fi bien la com paraison qu'on en fit avec une montre du célebre M. Graham, qu'il fut impoffible de décider laquelle étoit la meilleure. Če Mémoire nous a paru rempli de remarques curieuses & utiles, & la maniere qu'il emploie pour perfectionner l'échappement repos & les répétitions, d'autant meilleure, qu'elle paroît confirmée par l'expérience.

à

Les mémes Commiffaires ont lu le Rapport fuivant fur la même matiere.

NM

ous avons examiné, par ordre de l'Académie, un Mémoire présenté par M. Gourdain, contenant la defcription de quelques changemens qu'il a faits à l'échappement des montres, pour parvenir à une plus grando régularité.

Pour mieux entendre en quoi confiftent les changemens qu'il propofe de faire à cette partie des montres, il fera bon de fe fouvenir que la derniere roue des montres, appellée roue de rencontre, eft d'une structure fort différente de celle des autres roues ; fes dents, au lieu d'être perpendiculaires à fon plan, font toutes penchées d'un même côté, & elles engrenent par en-haut & par en-bas dans des palettes attachées à l'arbre du balancier, qu'elles pouffent alternativement en fens contraire par co moyen le balancier n'eft jamais un feul inftant fans effuyer l'action du mouvement, parce que dès que la dent de la roue de rencontre échappe la palette, la dent oppoféc agit fur l'autre palette.

:

Si la force motrice étoit toujours égale, cette construction ne laifferoit rien à défirer fur cet article; mais comme il eft impoffible que l'action du reffort ne foit ou quelquefois inégale en elle-même, ou transmise inégalement au balancier; il réfulte de la maniere dont elle y eft appliquée, que quand la force motrice eft augmentée, le

balancier

balancier eft obligé à circuler plus vite, fans pouvoir néanmoins parcourir un plus grand efpace, ce qui fait qu'il ne peut remédier à toutes les inégalités de la force No. 449.

motrice.

Pour remédier à cet inconvénient, le fieur Baufré, Horloger François, établi à Londres, imagina,en 1704, l'échappement qu'on nomme à repos; il fupprima les deux palettes & la roue de rencontre, & mit fur l'arbre du balancier une espece de cylindre un peu épais, interrompu dans une de fes moitiés, & qui au lieu d'être terminé dans fa coupe par le plan qui pafferoit par l'axe, l'eft au contraire par deux plans inclinés, un de chaque côté de l'axe.

Vis-à-vis de ces deux plans inclinés font deux roues fixées parallelement entre elles fur le même axe, placées de façon que les dents de l'une fe trouvent vis-à-vis de l'intervalle des dents de l'autre ; par ce moyen dès qu'une dent a gliffé fur un des plans inclinés, & chaffe le balancier l'autre dent repofe fur la bafe fupérieure du cylindre qui porte les plans inclinés, enforte que le balancier peut obéir à toute l'impulfion qu'il reçoit, & parcourir des arcs auffi grands qu'il eft néceffaire, ce qui lui donne la facilité de régler le mouvement de la montre, & de profiter de toute l'exactitude que lui peut donner le reffort fpiral qui y eft attaché.

C'est ce même échappement que M. Gourdain a entrepris de perfectionner.

Il adopte le cylindre du fieur Baufré; mais il le réduit à n'être prefque qu'un plan fans épaiffeur, & au lieu de faire deux roues plates paralleles avec des dents pointues, il n'en met qu'une feule qui fe fépare en deux à la circonférence, & dont les dents font coupées à leur extrémité en plan incliné; par cette difpofition l'action des dents fur le cylindre peut dans toute fa durée être réduite à l'égalité: car fi dans quelques momens la roue agit par un bras de levier plus court, celui de la palette eft plus court Reç. des Machines. TOME VII, S

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auffi, & à mefure que l'action de la roue diminue de force; en s'éloignant du centre, l'écartement des dents fait qu'ello No. 449 prend le cylindre en un point plus éloigné du centre, ce qui lui fait regagner la force qu'elle avoit perdue.

M. Gourdain ayant exécuté quelques pieces fuivant cette idée, remarqua qu'elles alloent fort bien en repos, mais retardoient au porter, ce qui vient de ce que certe elpece d'échappement laifle au balancier la liberté d'obéir à toutes les fecouffes qu'il reçoit, ce que ne lui permet pas l'échappement à roue de rencontre.

Pour remédier à cet inconvénient, M. Gourdain a imaginé de placer fous le coq & fur la platine, une picce taillée en courbe, qui ne fait qu'une piece avec le rateau, & que le reffort fpiral touche en d'autant plus de points, qu'il fait fa vibration plus grande, ce qui lui donne une réaction plus vive; & effectivement cette courbe appliquée à plufieurs montres de M. Gourdain, dont la premiere a été finie en 1728, a rempli parfaitement l'idée que l'Auteur s'étoit propofée, & cette invention, très ingénieuse en elle-même, & confirmée par l'expérience, mérite alfurément d'être fuivie.

En général, la maniere de remédier à plufieurs inconvéniens de l'échappement à repos, que propofe M. Gourdain dans ce Mémoire, eft très-ingénieuse, & nous la croyons d'autant meilleure, que jufqu'ici elle paroît confirmée par l'expérience,

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