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Lamotte fut arrivé aux pieds du gr bet, y compris la prière qu'il fit à genoux, les remercimens qu'il adreffa aux Sherifs, le temps qu'il fallut pour fubftituer la corde à la cravatte, &c. il ne s'écoula que fix minutes avant qu'il fût lançé. Un chirurgien à portée de le toucher, affura qu'au bout de fept minutes il étoit mort on le laiffa cependant fufpendu cinquante fept minutes, au bout defquelles l'exécuteur fépara fa tête de fon corps, fit pour la forme, fur fa poitrine & les quatre jointures principales, de légères ineifions enfuite la tête rapprochée du tronc, fut dépofée avec lui dans une biere drapée, doublée de fatin blanc, enrichie des ornemens ordinaires, &, entr'autres, de l'infcription, par laquelle il paroît que le feur Delamotte étoit dans fa cin quantieme année.

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Le moment où après avoir été transféré de la tour de Newgate, il fallut se rendre de cette dernière prifon à Tyburn (lieu de l'exécution), fut fans doute le plus cruel; mais fur le traîneau (attelé de quatre chevaux) qui le conduifoit difficilement au milieu d'une multitude immenfe, le peuple contemploit avec admiration le triomphe du ftoïcifme & de la piété, Le fieur Delamotte, en grand deuil, avoit une aîle de fon chapeau baiffée sur ses yeux, qu'il ne détourna pas un inftant du livre où il puifoit fa fermeté. Comme il étoit parfaitement bel homme, on le regardoit avec avidité, & l'on a remarqué que les couleurs de fon vifage ne recevoient pas la moindre altération. Lorfque, du traîneau, il paffa fur le tombereau, il fit aux Sherifs, &

138 CAUSES CÉLEBRES. enfuite au peuple, des révérences pleines de grace; on peut s'en rapporter aux Anglois fur ce point, ils fe piquent de fçavoir mourir & tous difent que le fieur Delamotte eft mort en homme.

CAUSES

CURIEUSES

ET INTÉRESSANTES.

SECONDE PARTIE.

CCLVI CAUSE.

Anglois qui reclame sa femme en France.

Angloife qui prétend que celui qui fe dit fon époux, n'eft point fon mari légitime.

CETTE réclamation a donné lieu à une caufe qui vient d'être agitée au parlement de Flandre. Les

mémoires qui ont été publiés ont été lus avec intérêt.

D'un côté, c'eft une jeune étran gère qui fuit fa patrie pour fecouer le joug d'un mariage auquel elle n'a confenti qu'en cédant à la violence d'un amant emporté. Elle implore l'autorité des tribunaux françois pour l'affranchir de la tyrannie d'un raviffeur qui veut abufer du titre refpectable d'époux que les loix de toutes les nations lui refusent. De l'autre, c'eft un miniftre anglois qui réclame le pouvoir de la juftice, pour forcer fon épouse légitime à rentrer dans la maison conjugale, & à quitter une mère dont les confeils dangereux lui infpitent du mépris pour fes devoirs.

Tels font les deux points de vue de cette affaire auffi bizarre qu'intéreffante. Avant de rendre compte de la défense des parties, nous allons

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