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La Mufique de cette Piéce & le choix des airs ont paru très-agréables; mais on a trouvé trop d'uniformité dans les fcènes, & pas affez de variété dans les fituations; ce qui vient fans doute de la difficulté qu'il y a d'introduire un fi petit nombre d'interlocuteurs. Au refte, cette Piece n'eft pas fans mérite, puifque l'on ne faurait difconvenir qu'il n'y ait des fcènes très-naturelles, & des détails très-bien écrits. Elle eft de M. de Laval, & elle eut douze représentations.

Le 22 Mars, les Comédiens firent la clôture de leur théâtre par la Piece précédente, & l'ouverture le 14 Avril fuivant, par la Nouvelle Ecole des Femmes, & la premiere représentation de la Rentrée des Théâtres, précédée du compliment fuivant, qui fut prononcé par le Sieur le Jeune.

Il paraît enfin, ce jour que nous avons fouhaité avec tant d'impatience! Etre privés de votre préfence, Meffieurs, c'eft languir hors de notre élément.

Mais, au moins, pouvons-nous nous flatter que pendant ces temps de dé

fœuvrement, on ne nous reprochera point d'avoir négligé, ni perdu de vue l'intérêt de vos plaifirs. Pénétrés des malheurs de l'année derniere, nous nous fommes appliqués, par de nouveaux efforts, à les réparer, s'il eft poffible, pendant le cours de celle-ci. Au refte, le mauvais fuccès des Pieces que nous vous donnâmes, ne fut qu'une fâcheufe deftinée que tous les autres Spectacles partagerent avec nous; & nous ne nous en fommes reffentis plus particulierement, que par l'épuifement de nos piéces de fond, incapables de ramener & d'entretenir l'affluence à notre Théâtre. Il femblait même, que les Auteurs, désespérant d'y acquérir aucune gloire, nous euffent entiérement abandonnés.

Mais cette année commence fous des

fignes plus heureux; les Mufes reviennent à nous quelques nouveautés raniment nos espérances; l'émulation se réveille parmi nos jeunes Auteurs. Eh! notre fort peut-il être encore bien douteux, lorfqu'il ne dépend plus que de vos bontés? Vous avez toujours pris plaifir à les répandre fur nous; c'est par elles que nous nous fommes foutenus

jufqu'ici; & ce n'eft que par elles que nous espérons de nous relever. Puiffions-nous donc, Meffieurs, contribuer, cette année, avec plus de gloire & de fuccès, à vos amusemens qui, j'ofe dire, fe renouvelleraient fans cefle à notre Théâtre, fi le mérite des Pieces que nous vous donnons iépondaient toujours à l'empreffement que nous avons de vous plaire. (1)

(1) Il fallait ajouter, & nos taiens pour les rendre.

LA RENTRÉE DES THÉATRES.

Comédie en un acte, en vers,
14 Avril 1760. (1)

LE Bon-Sens & l'Invention, Déesse du génie, que l'Esprit avait profcrite du Parnaffe Français, font étonnés de s'y revoir. L'état malheureux de l'Empire d'Apollon, afflige beaucoup le BonSens; l'Invention le confole, & lui dit, que l'Efprit fe trouvant forcé de les rappeller auprès de lui, il y a tout à efpérer de leur réunion. L'Efprit paraît, fon clinquant éblouit le Bon - Sens lui-même; & l'Efprit eft ravi de le voir auffi pris pour dupe. Il avoue naturellement, qu'il eft à bout, & qu'il s'eft retourné de toutes les façons. Mais il ajoûte qu'en nuifant beaucoup, il n'a pas laiffé de rendre quelques fervices.

L'Invention lui demande des nouvelles de Thalie.

(1) La fcène eft fur le Parnafle Français, & fe paffe dans le Palais de l'Efprit. L'Auteur n'a point forti de l'unité du lieu.

D

L'ESPRIT.

Apparemment que vos dons éclatans
Pour l'avenir l'ont affez enrichie;

A ne rien faire elle paffe fon tems.
Le sublime d'ailleurs l'a prefone anéantie,

A

Et le goût sérieux ne permet plus qu'on rie. On la laiffe, par grace, ébaucher les talens,

&c.

Le BON-SENS.

Ainfi la Tragédie a toutes vos faveurs?

L'ESPRIT.

Elle triomphe encor, en dépit des Cenfeurs. Elle fe fent pourtant beaucoup de fon vieil âge,

Les ans ont bien changé fes traits & fon lan

gage;

Mais ce n'eft plus fon tems de jouer de mal

heur,

Et le Public pour elle eft plein de politeffe. S'avife-t-on d'abord de profcrire une Piece? Le lendemain, fans faute, on demande l'Au

teur.

A le fêter chacun s'empreffe,

Puis, on le laifle avec honneur,

Sous un laurier fans féve enterrer fa lane

gueur.

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