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manens; mais, avant la fameuse éruption qui détruisit Pompéi, le volcan ne donnait aucun signe d'activité, et l'on sait que la ville fut ensevelie sous une pluie de cendres. Les volcans de l'Auvergne sont entièrement éteints, et quelques émanations d'acide carbonique trahissent seules aujourd'hui, dans cette partie de la France, l'activité souterraine qui autrefois amenait au jour ces immenses coulées de lave qu'on peut. suivre jusqu'à quatre ou cinq lieues des cratères. Si jamais les volcans d'Auvergne devaient se réveiller, les premières explosions seraient sans doute annoncées par de violens tremblemens de terre; les cratères nouveaux rejetteraient, avec une immense quantité de vapeurs et de gaz, des débris solides et des cendres qui retomberaient en pluie sur une partie peut-être considérable de la France.

Quelques-unes des éruptions dont l'histoire et la tradition nous transmettent le souvenir ont exercé les plus terribles ravages; pourtant il faut avouer que la volcanicité, considérée comme une des fonctions de notre globe, ne joue aujourd'hui qu'un rôle assez insignifiant. Au moins est-il permis de dire que la volcanicité terrestre est bien faible, quand on la compare à celle de la lune. La surface de notre satellite est toute semée de volcans dont les cratères ont d'effrayantes dimensions. A ce sujet, je rappellerai que, suivant l'opinion adoptée par tous les astronomes, il n'y a point d'eau à la surface de la lune et qu'elle n'a point d'atmosphère. Comment les adversaires de la théorie plutonienne des volcans expliqueront-ils que les seules régions dépourvues d'air et d'eau que nous connaissions soient précisément les plus riches en montagnes ignivomes? Ceux qui cherchent à rendre compte des phénomènes volcaniques, dans la large acception que leur donne M. de Humboldt, par la réaction d'un noyau fluide intérieur contre une mince enveloppe solide, n'ont aucun lieu de s'étonner de la volcanicité lunaire. L'analogie les oblige même à supposer que des forces pareilles à celles dont nous observons nous-mêmes les effets sur la terre doivent agir sur tous les corps célestes qui se refroidissent par d'insensibles gradations, en poursuivant leur course éternelle à travers l'espace.

AUGUSTE LAUgel.

TOME XIII.

24

LA

QUESTION RELIGIEUSE

EN SUÈDE

ET LES PUBLICISTES ALLEMANDS

!

I. Die Zeichen der Zeit, von Christian Carl Josias Bunsen; 2e édition, 2 vol., Leipzig 1856.
II. In Scandinavien. Nordlichter, von Eduard Boas, 4 vol., Leipzig 1845. III. Schweden sonst
und jetzt, von Ludwig Clarus, 2 vol., Mayence 1844. IV. Schweden im Jahre 1843, VOR
Theodor Mügge, 2 vol., Hanovre 1844. - V. Gothaisches geschichtliches Jahrbuch 1856, von Dr

Aurelio Buddeus, vol., Gotha 1857.

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I.

Il y a deux ans, un des esprits les plus distingués de l'Allemagne, un homme d'état qui est en même temps un érudit et un théologien, M. le chevalier de Bunsen, publiait sous ce titre : les Signes du Temps, un manifeste en faveur de la liberté religieuse. Ce livre produisit en Allemagne et en Europe une impression qu'on n'a pas oubliée. L'auteur y attaque l'intolérance partout où elle règne. Les protestans fanatiques ne sont pas plus à l'abri de ses coups que les catholiques ultramontains. Ce qui donne une valeur particulière à cette plaidoirie, c'est qu'elle ne s'appuie pas seulement sur les argumens ordinaires de l'esprit philosophique; M. de Bunsen est un chrétien fervent, et c'est au nom de la foi qu'il demande pour toutes les âmes le libre exercice de la vie spirituelle. Si le chef des piétistes berlinois, M. Jules Stahl, ose soutenir que l'intolérance est la loi essentielle du christianisme, M. de Bunsen s'indigne, et, renversant toute l'argumentation du sophiste, il montre en face de l'impérieux esprit de propagande propre à certaines écoles un esprit de liberté morale qui, selon lui, est vraiment l'âme

et la vie de l'Évangile. Si l'évêque de Mayence, à propos de l'anniversaire séculaire de l'introduction du christianisme dans les pays germaniques, jette l'injure à l'Allemagne des trois derniers siècles, M. de Bunsen relève le défi et proclame, au nom de la loi du Christ, la mission religieuse de sa race. D'un bout de l'Europe à l'autre, il dénonce, comme les symptômes d'une période néfaste, tous les actes de persécution ecclésiastique qui ont affligé dans ces derniers temps les âmes libérales et chrétiennes. C'est un moine de Bohême, Jean-Evangelista Borczynski, qui est jeté en prison et traité avec la dernière rigueur pour être passé de l'église romaine à l'église évangélique; c'est un prêtre de Prague, Joachim Zazule, enfermé dans un cachot depuis plus de vingt ans et soumis au traitement des fous, parce qu'il a commis le même crime que Borczynski; c'est le Florentin Domenico Cecchetti, c'est le Napolitain Madiaï, victimes d'une église jalouse assistée de la police. Tous ces faits et d'autres encore, signalés par M. de Bunsen avec la précision et l'impartialité d'un juge, sont pour lui l'objet d'une étude approfondie sur une des maladies morales de notre époque. Il est surtout saisi d'une amère tristesse, quand il voit cette fièvre de persécution, cette soif d'absolutisme dans le sein même de l'église qui s'enorgueillit d'avoir fondé la liberté religieuse. Les plus belles pages de M. de Bunsen sont celles où il met en pièces les prétentions de M. Stahl et de ses amis au gouvernement des consciences. Il n'y a qu'une lacune dans ce livre, c'est en vérité un étrange oubli. M. de Bunsen attaque l'intolérance en Allemagne, en France, en Espagne, dans le grand-duché de Toscane, dans le royaume de Naples; il ne dit rien de la Suède!

Comment expliquer ce silence? Je sais bien que, dans l'introduction de son livre, l'auteur mentionne la Suède parmi les états de l'Europe où l'esprit d'intolérance s'est réveillé; mais quand il trace le tableau de ces tentatives illibérales en Europe, quand il attaque les abus de l'autorité ecclésiastique à Prague, à Florence et à Naples, quand il discute si vivement le sermon de l'archevêque de Mayence pour la fête de saint Boniface, quand il réfute avec tant de soin un discours prononcé par l'évêque de Strasbourg dans la cathédrale de Spire, comment se fait-il que des événemens partiels, des symptômes isolés, un discours, un sermon, lui fassent oublier un signe du temps bien autrement grave, je veux dire l'intolérance altière et opiniâtre du protestantisme suédois?

Ce reproche, car il y a un reproche dans l'étonnement que j'éprouve, ne s'adresse pas seulement à l'illustre auteur des Signes du Temps; tous les publicistes allemands l'ont encouru comme lui. Ils semblent avoir oublié les devoirs que l'Allemagne avait à remplir, comme foyer de culture intellectuelle, dans l'Europe du Nord. On a remarqué avec raison que depuis un demi-siècle l'esprit allemand n'avait pas été sans exercer une action profonde sur l'Angleterre et sur l'Amérique anglo-saxonne. Pourquoi donc le même esprit, qui a si bien fait son chemin à Londres et à New-York, n'a-t-il

pas su pénétrer à Stockholm? Est-ce insouciance de la part de l'Allemagne? ou faut-il croire que la société scandinave ait repoussé sur ce point l'influence germanique? Il est malheureusement hors de doute que les communications intellectuelles entre l'Allemagne et la Suède, si fécondes il y a cinquante ans, ont à peu près cessé aujourd'hui. Des ressentimens politiques ont interrompu ces relations des deux pays. Les plaintes, fondées ou non, des habitans allemands du Slesvig et du Holstein contre le gouvernement danois ont excité chez tous les peuples de la confédération germanique des colères dont on se ferait difficilement une idée. Il n'y a pas de question, depuis quinze ans, qui ait ému plus vivement nos voisins; l'Allemagne se croit outragée dans son honneur national, dans sa mission civilisatrice, et elle fait éclater par des milliers de voix des protestations passionnées. Au milieu même des émotions de 1848, en face de la démagogie et de tous les dangers de l'intérieur, cette question du Slesvig-Holstein, comme on l'appelait, produisit une sorte de fièvre dans le parlement de Francfort; l'émeute du 18 septembre et les crimes qu'elle amena n'ont pas eu d'autre prétexte. L'agitation dure encore; les publicistes les plus autorisés l'entretiennent par leurs écrits, et les gouvernemens eux-mêmes, entraînés par l'opinion, ont dû engager avec le cabinet de Copenhague des négociations qui, mal conduites, pourraient troubler la paix générale. On comprend que les Danois, peuple brave et fier, aient relevé énergiquement ce défi. Quand les Allemands en ont appelé aux armes, quand la Prusse, en 1848 et en 1849, a cru devoir porter secours aux insurgés du Slesvig, le Danemark a montré qu'une lutte inégale ne l'effrayait pas; à Bau, à Duppel, à Nybel, à Istedt, à Frederikstadt, il a prouvé sa force et mérité l'estime de l'Europe. Les souvenirs de cette guerre, les prétentions envahissantes de l'esprit germanique, tous ces faits, que je n'ai pas à exposer ici (1), devaient rendre l'Allemagne de plus en plus suspecte aux pays scandinaves. On est loin des jours où l'éclat des lettres allemandes, avec Klopstock et Lessing, Goethe et Schiller, Kant, Fichte, Schelling, Hegel, transportait d'enthousiasme le Danemark et la Suède. On proclamait alors, à Copenhague et à Stockholm, la grande fraternité des peuples germaniques; on se rappelait la souche commune, et tous les fils des Goths étaient fiers de parler des langues sœurs; maintenant tout cela est oublié, on se souvient seulement que, sans remonter aux origines premières de la race, il y a une fraternité plus distincte, plus vivante, celle qui unit entre eux les peuples spécialement scandinaves, danois, suédois et norvégien. Toutes les tentatives faites dans ces derniers temps pour resserrer les liens de cette parenté nationale sont une réponse aux projets d'usurpation des Slesvig-Holsteinois; en face du germanisme, le scandinavisme s'est levé.

(1) Voyez, sur les différentes phases de la question, les études publiées ici même par M. Alexandre Thomas (15 septembre 1846), par M. H. Desprez (1er octobre 1848, 15 mai 1849, 15 juin 1850), et plus récemment par M. Geffroy dans les derniers volumes de l'Annuaire des Deux Mondes.

Ces causes politiques ne sont pas les seules qui aient nui aux rapports de l'Allemagne et de la Suède; il faut signaler aussi des causes morales. Si l'Allemagne cherche à envahir le Danemark, si les habitans du duché de Holstein, attachés par les traités à la confédération germanique, veulent attirer à eux les Allemands du Slesvig sujets de la monarchie danoise, l'Allemagne, d'un autre côté, a trop renoncé vis-à-vis des Scandinaves aux conquêtes légitimes, aux conquêtes de l'intelligence et de la civilisation. J'ai parlé de l'insouciance de l'Allemagne dans ses rapports littéraires avec la Suède; cette insouciance a été aussi grande et aussi fatale que son ardeur d'envahissement dans le domaine politique. On ne peut interroger l'histoire littéraire des trente dernières années sur le rôle que les lettres allemandes ont joué chez les peuples scandinaves, sans être très frappé de cette situation. Les Allemands, qui étudient tout, étudient assurément le Danemark et la Suède ils connaissent le mouvement de l'esprit public dans ces deux pays, ils suivent leurs travaux littéraires, ils les traduisent, ils les classent avec ordre; mais ils ne se préoccupent pas d'exercer une action sur ces esprits qui naguère encore relevaient de leur influence. Ils sont attentifs à toutes les grandes questions où l'Europe est engagée, à toutes les crises qui la tourmentent; celles qui s'agitent à Stockholm, à Upsal, à Christiania, semblent ne pas les toucher. Un seul exemple suffira: l'église luthérienne de Suède compromet le protestantisme aux yeux du monde, et l'Allemagne, qui aurait dû être la première à lui adresser de solennelles remontrances, l'Allemagne, pendant vingt ans, a laissé grandir ce scandale sans songer à le flétrir.

:

J'ai consulté les principaux écrivains qui ont essayé de faire connaître au public allemand la situation du monde scandinave; presque tous se taisent sur la question religieuse. Mme la comtesse Hahn-Hahn a visité la Suède, et elle a raconté son voyage dans un livre qui a fait un certain bruit. De quoi s'occupe la comtesse Hahn-Hahn? D'elle-même d'abord, et puis du temps qu'il fait. De maussades épigrammes contre la nature et le climat de la Suède, contre le brouillard et la neige, contre la ville et la campagne, une prétentieuse ironie, un dédain superficiel des hommes et des choses, nulle étude, nulle attention sérieuse, tel est ce livre. Voici, en revanche, un écrivain spirituel et savant, M. Édouard Boas, qui publie ses souvenirs de voyage sous ce titre : En Scandinavie. M. Boas est un observateur sympathique; ses descriptions de la nature du Nord, ses tableaux de la vie populaire et de la vie des salons, ses études sur les littérateurs et les artistes, révèlent un vif sentiment de la poésie; mais ne lui demandez pas de renseignemens sur l'état de l'église de Suède. Est-il vrai que le clergé luthérien y exerce un despotisme absolu sur les âmes? Est-il vrai qu'une loi impitoyable y opprime la conscience religieuse? Comment expliquer ces contradictions inouies chez une nation protestante? Autant de questions qui semblent fort indifférentes à M. Boas. A part quelques mots sur le pompeux costume des prêtres

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