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Et fi nous nous repréfentons comme hors de l'état d'agir, nous nous fervons du Verbe AVOIR.

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D'un autre côté, l'objet qui éprouve l'effet d'une action, l'éprouve actuel lement, ou l'a éprouvée: c'eft ici où l'on peut dire qu'il n'y a point d'intermédiaire fenfible & dont on puiffe tenir compte par une formule particuliere. Car tout objet qui eft parvenu au point où on vouloit le porter, & qui n'éprouve plus l'effet de quelque action parce qu'on l'a mis dans l'état où l'on vouloit qu'il fût, peut fe rendre par un paffif passé.

Ainfi tandis qu'une perfonne eft aimée, elle peut dire on m'aime quand elle ceffe d'être aimée, elle peut dire on m'a aimée.

Quand on peint une perfonne, elle peut dire on me peint: quand on l'a peinte, elle peut dire on m'a peinte.

Ici les Langues renferment une équivoque; car en rendant ces deux phrafes par le paffif, on peut les rendre dans un certain fens par la même formule, par la formule je fuis peinte. En effet, fi on envifage peinte comme un état qu'on éprouve actuellement, je fuis peinte eft relatif à on me peint : & fi l'on confidere ce mot peinte comme repréfentant une qualité qu'on a acquife par l'effet d'une action étrangere, on peut dire encore je fuis peinte, c'est-à-dire j'exifte en Tableau; expreffion où l'on fait abftraction totale de l'idée d'action: mais cette équivoque n'a aucune fuite fâcheufe, parce que le fens la redresse, qu'elle n'a pas lieu dans les autres cas, & qu'on peut la corriger par le paffé, relativement au dernier sens, en disant j'ai été au lieu de je fuis.

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Les Latins auroient deux façons d'exprimer cette formule je fuis fait, fuivant qu'elle feroit analogue à ces expreffions on me fait & on m'a fait; on me fait le rendroit par F10; on m'a fait, par FACTUS SUM.

Legor fignifiera on me lit, ou je fuis lu.

Sum ledus, je fuis lu, ou on m'a lu.

Ces participes préfens deviendront des participes paffés en fe joignant tous les deux au participe paffé du Verbe Être, ayant été: ainfi,'

Ayant été faifant, fera le participe passé actif.
Ayant été fait, fera le participe paffè paffif.

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Ces formules font longues & monotones: on les abrégera donc, & on trouvera même moyen de les varier, comme nous allons le voir.

§. 6.

Comment le Participe paffé actif s'ellipfe.

Nous verrons bien-tôt que toutes les formules compofées primitivement d'un participe actif, s'ellipfent, & nous en indiquerons les motifs.

Ce qui eft très-certain, c'est que le participe paffé actif joint au Verbe je fuis, comme dans cette phrafe, je fuis ayant été faifant, s'ellipfe en celleci, j'ai fait: tandis que fon correfpondant je fuis ayant été fait, s'ellipfe en celle-ci, j'ai été fait.

Voilà donc deux phrafes elliptiques, l'une active, l'autre paffive, énoncées par le participe préfent paffif FAIT,comme fi ces deux phrases étoient paffives, & au préfent.

Le fecond de ces FAIT eft incontestablement le participe paffif & au paffé, à cause de j'ai été, qui eft un paffé.

Mais le premier de ces FAIT, j'ai fait, qu'eft-il ? Eft-il un participe ou n'en eft il pas un? S'il en eft un, de quelle cfpéce eft-il eft-il actif 2 eft-il passif? est-il tout cela à la fois ? S'il n'en eft pas un, dans quelle claffe de mots faudra-t-il le ranger : C'eft-là la grande difficulté à réfoudre.

§. 7.

De l'Adjectif-verbal joint au Verbe j'ai.

Afin d'être en état de décider de quelle nature eft cette formule, j'ai fait, & de pouvoir affigner une place entre les Parties du Difcours à cet adjectifverbal qui accompagne le Verbe avoir, nous devons commencer par analyser les idées que renferme une pareille formule.

Lorsqu'après le Verbe j'ai, nous mettons un adjectif-verbal comme lu, écrit, fait, &c. nous donnons à connoître toutes ces chofes :

1°. Qu'il existe un Objet dans un tel état.
2°. Qu'il n'exifte dans cet état que depuis peu,

3°. Qu'il vient d'y être mis par moi qui parle.

Idées effentielles qu'il ne faut point perdre de vue fi l'on veut avoir une idée nette & diflincte de ces formules, qui paroiffent fe retuler à toute analyfe.

Ainfi de quelque maniere qu'on tourne ces formules, foit qu'on regarde j'ai comme défignant la poffeffion, foit qu'on l'envisage comme défignant un fimple état d'existence, l'adjectif-verbal fera toujours un paffif, parce qu'il défignera conftamment une chofe qui a été faite par le fujet de la phrase.

Si, par exemple, on veut que j'ai, fignifie je poffède, j'ai lu fignifiera néceffairement je poffede lu, c'eft-à-dire je poffede cela lu par moi.

J'ai écrit, c'est-à-dire je poffède une chofe écrite par

moi.

J'ai báti, c'est-à-dire je poffède une chose bâtie moi.

par

Si l'on aime mieux rendre j'ai par l'idée d'exiftence, il fignifiera qu'on exifte avec la qualité d'avoir fait telle action.

J'ai écrit, c'est-à-dire, je viens de faire que telle chofe a été écrite par

moi.

J'ai bati, c'est-à dire, je viens de faire que telle chofe a été bâtie par

moi.

De quelque maniere qu'on analyfe ces phrafes, on aura toujours les mêmes 'résultats.

Ainfi, tandis que cet adjectif-verbal eft un participe présent passif avec le Verbe ETRE, comme dans je fuis écrit, je fuis bati, il est un participe paffé paffif elliptique avec le Verbe avoir, comme dans j'ai écrit.

Mais comment un participe paffif a-t-il pris la place d'un participe actif?

car

1

car la phrafe à abréger étoit compofée du participe paffé actif, comme dans je fuis ayant été écrivant, je fuis ayant été bâtissant.

Rien de plus fimple: on ne peut avoir été faifant, qu'une chose n'ait été faite ainsi, dire qu'une chose a été faite par foi, ou qu'on a été faisant une chofe, c'est toujours la même idée mais fi cela étoit different quant au fens, il ne l'étoit point relativement à la briéveté fi néceffaire pour le Difcours auffi a-t-on préferé ici, fans balancer, la formule elliptique à

l'autre.

:

On y parvint encore fort ailément. Je fuis ayant fut changé comme tout Participe femblable, en j'ai; car j'ai n'eft autre chose que je fuis ayant. On eut alors cette formule : j'ai été faifant.

Cette formule étoit encore trop longue on fubftitua fait, Participe paffé paffif, au Participe pallé actif, & on eut, j'ai fait, qui difoit la même chofe, & qui avoit outre cela l'avantage d'être infiniment moins monotone; ayant d'ailleurs tout le piquant de l'ellipse & l'agréable d'un juste mêlange de l'Actif avec le Paffif.

Si maintenant on veut apeller le mot qui conftitue cette formule elliptique, Nom, Gérondif, Supin ou Participe, peu importe; ce qui importoit, c'étoit de l'analyser, d'en donner une idée nette, claire, déterminée, de fixer l'analogie qui régnoit entre ces diverses formules.

C'est au Lecteur à voir si nous avons réuffi; la chofe eft fûre s'il a faifi nos vues, & fi elles le fatisfont.

S. 8.

Pourquoi ce Participe elliptique ne fe décline pas toujours.

Tout Participe fe décline quand il eft dans fon état naturel, puifqu'il est de l'effence du Participe d'être Adjectif, ce qui le fait apeller Adjectif-verbal; & que tout Adjectif fe décline.

C'est ainsi qu'on dit, je suis AIMĖ, & je fuis AIMÉE, tout comme on dit, je fuis bon, & je fuis bonne.

Mais de ce qu'ils ne fe déclinent pas dans certaines occafions, il ne s'enfuit pas qu'alors ils ne font plus participes, & qu'ils font une efpéce de mots differens: mais feulement qu'ils ne font pas dans le cas d'être déclinés, parce qu'ils ne font unis à aucun Nom, condition fans laquelle ils ne font point fufceptibles de genre. C'eft ainfi que bon n'en eft pas moins un Adjectif, quoiqu'il ne fe raporte à aucun Nom, & qu'on ne puiffe pas dire qu'il eft au Gram. Univ.

E c

genre mafculin, dans cette phrafe, il eft bon de faire cela: car il, n'eft point confidéré ici comme Nom; & s'il y en avoit un, ce feroit plutôt celui de chofe qui eft féminin; & que les Latins rendoient par le Neutre, qui n'eft autre chole que l'Adjectif indépendamment d'aucun genre.

Nous avons déja vû, que le participe actif en ant ne fe décline point,

lorfqu'il eft employé comme circonftantiel, quoiqu'il ne cesse pas d'être par

ticipe, mais parce qu'il eft confidéré comme n'étant pas qualificatif dans ce moment, comme ne fe raportant pas au Nom qui fait le fujet du Ta

bleau.

Il en eft de même pour le participe elliptique précedé du Verbe j'ai: car il eft fi fort détaché de tout Nom, qu'il eft impoffible qu'on lui affigne un genre, mafculin ni féminin: en effet, en difant, j'ai écrit, j'ai lu, indiquet-on un Nom avec lequel puffent s'accorder écrit, lu?

Auffi, dès qu'on nomme un objet auquel ils peuvent fe raporter, auffitót on les fait accorder entr'eux pour le genre. Ainti on dira: les lettres que je vous ai ÉCRITES, les perfonnes que vous avez CONSULTÉES, les robes que je vous ai ENVOYÉES, parce qu'on voit manifeftement que ce qu'on a ecrit, ce font les lettres dont on parle : que ces perfonnes font celles qui ont été confultées ; & ces robes, celles qui ont été envoyées.

C'eft par la même raifon que l'on dit, comme dans la Chanfon, je l'ai PERDUE, ma bien-aimée ; je vous l'ai RENVOYÉE, cette lettre que vous m'aviez DEMANDÉE ; parce qu'on voit dans toutes ces phrafes le nom auquel fe raporte le Participe.

Et fi nous difons, j'ai ECRIT ces lettres, & non, j'ai ECRITES ces lettres, ce n'eft point parce qu'écrit n'est pas un Participe, mais parce que lorsqu'on le prononce il n'y a encore aucun nom avec lequel on puifle le faire accorder; c'est comme fi l'on difcit fimplement j'ai écrit: car alors il eft impoffible de mettre écrit au feminin plutôt qu'au mafculin, ou au mafculin plutôt qu'au féminin. Ainfi on le laiffe tel qu'il eft en lui-même.

Cependant, dira-t-on, vous ajoutez tout de fuite un nom féminin: cela eft vrai, mais ce nom n'eft plus confidéré comme le mot auquel fe raporte l'Adjectif-verbal déja prononcé : celui-ci s'cft incorporé avec j'ai, d'une maniere fi étroite, qu'ils femblent ne préfenter qu'un feul mot; ce qui eft fi vrai qu'il n'eft aucun Grammairien qui ne faffe regarder j'ai écrit comme un tems du Verbe écrire.

.. Cette formule fi embarraffante tient donc uniquement à l'illufion qu'on fe fait en la prononçant, & à l'égalité qu'on met entre ces phrases, j'aiaimé,

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