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Ficquet avec une précision et une délicatesse infinies. Les quatre volumes se vendent quatre louis.

Contes mis en vers par le petit cousin de Rabelais. A Paris, chez Ruault. Ce petit recueil est fort joliment imprimé, assez facilement versifié, mais c'est aussi son seul mérite. La plupart des sujets sont si connus, si usés, ou si insignifiants, qu'il eût été difficile, même à La Fontaine, de les rendre intéressants; et l'anonyme n'a pas plus hérité de la grâce de ce poëte, qu'il prétend avoir pris pour modèle, que de l'originalité du bon curé dont il se vante d'être le petit cousin.

Un jeune comédien de Nantes, nommé Michu, vient de débuter à la Comédie-Italienne dans l'emploi de Clairval. La manière dont il a rendu le rôle du Magnifique et celui de Célicour dans l'Ami de la maison annonce beaucoup de talent et plus de disposition encore à en acquérir. Il n'est guère possible de voir une figure plus noble et plus intéressante, une taille plus svelte et plus légère, un caractère de physionomie plus aimable, des grâces plus simples et plus naturelles. C'est sous ces traits que l'imagination se peint les sylphes ou les céladons. Quoique fort jeune encore, il paraît avoir un grand usage du théâtre. Sa voix a peu d'étendue, mais il la ménage avec une adresse infinie et prononce très-distinctement. Le peu de défauts qu'on a remarqués dans son jeu tient aux habitudes de la province, et l'on ne doute pas qu'il n'en soit bientôt corrigé.

Après avoir vu traduire Henri IV sur la scène française, sur le théâtre de l'Opéra-Comique, même sur celui du célèbre Audinot, directeur des marionnettes ou comédiens de bois, on espérait qu'on laisserait en paix sa cendre; mais nous sommes un peu machines et quand une fois l'impulsion est donnée, nous ne savons plus nous arrêter. Un certain chevalier Du Coudray, qui n'est connu de personne, vient de faire une rapsodie qu'il appelle drame et qu'il a intitulée le Roi et son Ministre. Pour éviter le soupçon du plagiat, il a fort spirituellement imaginé de faire de Sully un vrai gobe-mouche, et de Henri IV une manière de San

1. Par d'Aquin de Château-Lyon. Un titre gravé orné d'un fleuron, et une belle figure d'Eisen gravée par de Launay.

2. Louis Michu, né à Reims le 4 juin 1754, obtint de brillants succès d'acteur et de chanteur, et prit plus tard la direction du théâtre de Rouen; il se noya volontairement dans cette ville, en 1802, pour échapper, dit-on, à une accusation de non-conformisme.

cho Pança qui ne parle que par dictons et par proverbes, qui se met dans des fureurs infernales quand on lui dit du mal de son ministre, qui se calme tout à coup et sans raison, etc. Cette tournure neuve ne rend pas la production de M. Du Coudray plus piquante. Si quelque chose pouvait jeter du ridicule sur le héros de la France, si quelque chose pouvait éteindre l'enthousiasme que son seul nom inspire, ce seraient assurément les plates et impertinentes saillies de ces messieurs. ***

Epitre sur la manie des jardins anglais, par M. de Chabanon. De la correction, quelques vers heureux, un ton aimable. On cite surtout avec plaisir la description de ces ruines modernes dont nous prétendons aujourd'hui embellir nos jardins.

Tout cet amas de modernes ruines,

Simulacres hideux dont votre art s'applaudit,

Qu'est-ce qu'un monstre informe, un enfant décrépit?
Il naît sans grâce et sans jeunesse,

Du temps il n'a rien hérité;'

Il ne sait rien. et n'a de la vieillesse
Que son masque difforme et sa caducité.

S'il était permis de répondre à de si jolis vers, on pourrait observer que puisque la décoration des monuments antiques nous plaît au théâtre, il n'est pas impossible qu'elle nous plaise aussi dans un jardin, pourvu qu'elle soit assez bien conçue, assez bien exécutée pour exciter une sorte d'illusion et pour nous rappeler au moins l'image des temps et des lieux où notre imagination aime à se transporter. De tels monuments, quelque modernes qu'ils puissent être, ont une vérité poétique qui suffit pour nous intéresser et quelquefois pour nous instruire. L'épître sur l'anglomanie est suivie d'une autre épître où l'auteur fait une espèce de réparation assez plaisante aux goûts de son siècle. S'il y parle un peu trop de lui-même, il faut bien lui pardonner en faveur de ce mot charmant :

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Il est permis d'errer à qui n'a point d'asile :

Au défaut d'un talent, j'en veux essayer mille.

- Temple de Mémoire, ou Visions d'un solitaire1. Beaucoup de noms célèbres enfilés les uns après les autres tantôt en vers,

1. Par Cl. Marie Giraud.

tantôt en prose, et rien de plus. Ce solitaire a beau rêver, il n'arrivera jamais au Temple de Mémoire et ne l'a pas même vu en songe.

FÉVRIER.

Jamais opéra-comique n'avait fait autant de bruit que la Fausse Magie avant de paraître. On en parlait depuis deux ans comme du chef-d'œuvre de MM. Marmontel et Grétry. Le poëte avouait que le fond n'en était pas très-neuf, mais il se flattait de l'avoir rendu infiniment intéressant par tous les détails dont il l'avait embelli. Il disait franchement qu'aucun de ses ouvrages ne lui avait coûté plus de soins et plus de peines. Sûr du succès, sa seule frayeur était qu'on ne trouvât la pièce trop gaie, et qu'elle ne fit mourir de rire la moitié des spectateurs. Il n'a été que trop bien rassuré sur cette crainte par la première représentation donnée le mercredi 1er du mois. Malgré tous les charmes d'une musique enchanteresse qui seule aurait dû, ce semble, faire réussir le poëme le plus faible, l'ensemble du spectacle a été fort mal reçu. On a critiqué, on a eu de l'impatience et de l'humeur, on a même hué, et surtout on s'est obstiné à ne point rire.

Nous ne prétendons pas juger entre le parterre et M. Marmontel. Peut-être un simple extrait suffirait-il pour prouver qu'une comédie de ce genre ne devait pas être jugée avec tant de rigueur.

CHANSON

PAR M. PORCIEN, PEINTRE 1.

Air Monsieur le prévôt des marchands.

Vante l'âge d'or qui voudra;

Bien fou qui le regrettera.

1. Nous avons vu (tome I, p. 186) qu'on attribuait à Porcien ou à Watelet une estampe satirique dirigée contre La Font de Saint-Yenne; le nom de cet artiste ne figure pas dans les livrets des Salons du XVIIIe siècle. L'Almanach des artistes de 1776 nous apprend cependant qu'il était agréé de l'Académie royale; il demeurait alors rue Neuve-Saint-Gilles au Marais.

Vivre de glands comme les bêtes
Et végéter au fond des bois,

Quoi que nous chantent les poëtes,
Ne vaut pas nos mœurs et nos lois.

Je respecte nos bons aïeux,
Mais leur siècle ne vaut pas mieux.
Ces preux chevaliers que l'on prise
Toujours battants et pourfendants,
Malgré leur antique franchise,
N'étaient pas de trop bonnes gens.

Les Clovis et les Childebert,
Les Clotaire, les Dagobert,
Valaient-ils notre Louis Seize?
Qui le soutiendra mentira.
Pour mon compte je suis fort aise
De vivre au siècle où nous voilà.

On voyait dans chaque château
De père en fils un tyranneau
Toujours occupés à détruire.
Leur morgue il fallait encenser.
Ces seigneurs ne savaient pas lire,
Mais ils savaient boire et jurer.

Lance en arrêt sur un chemin,
Le guerrier était assassin.

Mauvais sujets et méchants maîtres,
Puis demandant à Dieu pardon,

Ils donnaient leurs terres aux prêtres

Pour avoir l'absolution.

Sur des vitraux montés en plomb
On voyait un grand écusson;
Et cette postéromanie,
Guerroyant et troublant l'État,
Ressemblait fort au vin de Brie:
Plus il est vieux, plus il est plat.

Avec un chevalier loyal

Une dame était à cheval,

Teint brûlé, derrière en compote,
Et filant de tristes amours,
Constante, bégueule et dévote,
Dans son château flanqué de tours.

J'honore la fidélité,

Mais j'aime aussi la propreté.
Toutes ces grandes héroïnes
Interrogées au boudoir,

Par nos agréables coquines
Seraient confondues sans espoir.

Mes amis, jouissons en paix
Du temps présent, et désormais
Ne vantons pas tant les chimères
Du bon prétendu temps jadis.
L'avenir passe nos lumières,
Le présent est le paradis.

SONETTO.

Regnai nel tempo più tremendo e rio.
Le grandi ire de' re vinsi e placai.
Amoroso all' estraneo, del popol mio
Fui più padre che prence in tanti guai.

Nemico d'interesse, umile e pio,

Tutto me stesso al povero donai,

Nulla a me, nulla ai miei; sol del mio Dio,
Della chiesa e di Roma il ben cercai.

Portogallo, Avignone e Benevento
Per me tornando alla concordia usata,
Mostra s' io vissi alle bell' opre intento.

Eppur morii di morte empia e spietata!
E Roma applaude al doloroso evento!
O mercede inumana! O Roma ingrata !

L'auteur de ce sonnet est inconnu. Les uns l'attribuent à M. l'abbé Métastase, les autres à M. l'abbé Galiani. Il est digne de l'un et de l'autre. En voici la traduction :

« Je régnais dans un temps de terreur et de crime. Je sus vaincre et calmer la colère des rois. Ami de l'étranger, je fus, au milieu de tant de troubles, le père plutôt que le souverain de mon peuple. Sans intérêt personnel, humble et pieux, je me donnai tout entier aux pauvres. Sans m'occuper de moi, sans m'occuper des miens, je n'eus en vue que l'avantage de Dieu

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