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neur à un maréchal des logis, mais qui n'ajoutent à peu près rien à l'instruction que pourrait désirer un homme destiné à être officier général; c'est du moins ce que des gens du métier nous en ont dit, et nous ne pouvons en parler que sur parole.

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Clavicule du cheval, ou Tableau des connaissances relatives à cet animal, par M. Lafosse. Cet ouvrage, qui contient le précis de tous ceux qu'a faits l'auteur, est représenté sous la forme de deux grands tableaux de finances, gravés proprement et imprimés sur papier grand aigle. Le premier explique la structure externe et interne du cheval, auquel on a joint un tableau de la connaissance des différents âges du cheval, depuis sa naissance jusqu'à trente ans. Le second contient le détail de toutes les maladies du cheval; il est divisé en cinq colonnes. La première donne le nom de la maladie, la seconde explique ses causes, la troisième le diagnostic, la quatrième le pronostic, et la cinquième la curation. M. Lafosse est un homme fort instruit et qui peut-être aurait eu plus de réputation qu'il n'en a, s'il n'avait pas eu le malheur de se brouiller avec l'École vétérinaire.

AOUT.

On a donné, ce mercredi 14, la première représentation de Caius Marcus Coriolan, tragédie en quatre actes1, de M. Gudin de La Brenellerie, à qui nous devons déjà le Royaume mis en interdit, tragédie qui n'a jamais été représentée, mais qui a eu l'honneur d'être brûlée à Rome, sur la place de Minerve, à la grande satisfaction de l'auteur. Il a fait encore un grand poëme héroï-comique, dans le goût de l'Arioste, très-digne d'être brûlé,

1. Caius Marcus Coriolan, ou le Danger d'offenser un grand homme; Paris, Ruault, 1776, in-8°.

2. Lothaire et Valrade, ou le Royaume mis en interdit, tragédie en cinq actes et en vers; Genève, 1767, in-8”. Cette pièce, qui n'a jamais été représentée, fut brûlée en 1768, à Rome, par décret de l'Inquisition. L'auteur la fit réimprimer avec une préface; Rome, de l'imprimerie du Vatican (Genève), 1777, in-8o, et enfin Paris, 1801. Cette dernière édition fut enlevée à l'instant tout entière sans que l'auteur ait jamais su par quelle voie elle s'était écoulée. (T.)

la Conquête de Naples, ou l'Expédition de Charles VIII1; mais ce poëme, quoique fort connu par les lectures qu'il en a faites dans plusieurs maisons, n'a point paru, et probablement ne paraîtra pas encore de longtemps. La médisance l'accuse d'être occupé dans ce moment à refaire l'Esprit des lois. Son Coriolan, comme ses autres ouvrages, annonce assurément de l'esprit, des connaissances, de l'imagination, et même une sorte de verve: ce qui paraît lui manquer, c'est la faculté d'embrasser fortement l'ensemble d'un objet, faculté sans laquelle les conceptions les plus heureuses demeurent toujours imparfaites; le goût qui choisit les détails et leur donne de l'élégance, cette attention soutenue qui les achève, et plus encore cette chaleur d'âme et de tête qui, répandant la lumière et la vie sur toutes les beautés d'un ouvrage, en fait oublier tous les défauts.

Il n'y a pas de théâtre en Europe où l'on n'ait trouvé souvent le sujet de Coriolan; mais de tous les Coriolan qui ont paru sur la scène française, depuis celui d'Alexandre Hardy, en 1601, jusqu'à celui de M. Gudin inclusivement, nous n'en connaissons aucun qui ait réussi. Est-ce la faute du sujet, des poëtes qui ont osé l'entreprendre, ou des convenances trop rigoureuses de notre théâtre? C'est ce que nous n'examinerons point ici. Corneille et Racine ont travaillé sur des sujets qui, avant d'être exécutés par eux, nous eussent paru peut-être infiniment plus difficiles et plus ingrats. Il n'est point d'obstacle que le génie ne surmonte, et sa toute-puissance suffit et supplée à tout. Le caractère de Coriolan et celui de Véturie, sa mère, sont pleins de grandeur, de mouvement et d'action. L'histoire en offre peu dont la trempe soit plus forte et plus vigoureuse, dont les passions soient susceptibles d'une couleur plus brillante et plus théâtrale. La situation de ce héros, qui, banni injustement de sa patrie, ne respire plus que vengeance contre elle, et qui, au moment de la satisfaire, après avoir résisté aux soumissions les plus flatteuses pour son orgueil, se laisse enfin fléchir par les larmes d'une mère; cette situation, telle qu'elle est dans Tite-Live et dans Plutarque, présente sans doute une des plus superbes scènes qu'il soit possible

1. Voir tome VI, p. 391.

2. Celle de M. de La Harpe ne fut jouée qu'en 1784. (Premiers éditeurs.) On imprima également en 1776 un Coriolan, tragédie en cinq actes, par Balze; Avignon et Paris, in-8°. (T.)

d'imaginer. Mais comment préparer cette scène sans l'affaiblir, et comment se soutenir après? Voilà l'écueil qu'aucun de nos poëtes n'a su éviter jusqu'à présent. Ceux qui ont voulu mêler à ce sujet une action plus compliquée en ont détruit le caractère et l'intérêt; ceux qui l'ont laissé dans sa simplicité naturelle n'ont pas eu la force de le conduire jusqu'au terme de la carrière; et les uns et les autres ont toujours paru au-dessous du modèle que leur fournissait l'histoire. Ce qui donne un si grand effet au moment pathétique où Coriolan immole tous ses ressentiments et tous ses triomphes à son respect pour sa mère, c'est la suite intéressante et variée des événements qui le précèdent; mais la régularité de notre théâtre ne permet point d'accumuler tous ces événements dans une seule pièce, et l'exposition la plus adroite ne saurait les rappeler assez vivement pour produire la même impression.

Il y a dans la tragédie de Coriolan d'assez beaux vers; mais le style dominant de l'ouvrage a paru faible, inégal et plein de négligences. Un des derniers vers qu'il prononce avant d'expirer est on ne peut pas plus naturel dans sa bouche :

Et tout mortel sans doute a besoin d'indulgence.

Mais le parterre s'avise d'en faire l'application au poëte, il oublie la scène en faveur de cette platitude, et la toile tombe avec beaucoup de huées et de grands éclats de rire. Il ne sera pas difficile à l'auteur de retrancher de sa pièce le petit nombre d'endroits qui ont excité l'humeur du parterre; mais ce qui lui sera plus difficile, c'est de donner à la marche de sa pièce plus de consistance et plus d'intérêt. A force d'annoncer, de préparer, de retarder et de morceler pour ainsi dire la belle scène de Véturie et de Coriolan, il a usé absolument le plus grand ressort de son sujet. Était-il possible de faire autrement? C'est ce que j'ignore; mais ce qu'il a fait n'est sûrement pas ce qu'il fallait faire. Molé a joué le rôle de Marcius en chevalier français beaucoup plus qu'en héros romain. Me Sainval a mis de la chaleur dans celui de Véturie, mais sans trop savoir de quoi il était question. Le rôle le mieux rendu est peut-être celui de Valérius. Monvel y a déployé du moins une grande intelligence et beaucoup de sensibilité.

L'Académie royale de musique, qui, depuis trois mois, n'avait cessé de donner Alceste, ou l'Union de l'amour et des arts, a remis, ces jours passés, un ancien ballet héroïque du sieur de Bonneval, intitulé les Romans. Ce ballet, composé de trois actes, la Bergerie, la Chevalerie et la Féerie, eut une sorte de succès lorsqu'il parut la première fois en 1736, du vivant de l'auteur, qui était alors intendant des Menus, qui avait une excellente maison, beaucoup de prôneurs et toute l'Académie royale à sa disposition. Quelque brillants que soient les succès de ce genre, il est rare qu'ils survivent à l'auteur; et le sieur Cambini, qui s'est avisé de refaire la musique de ce triste poëme, vient d'en faire la malheureuse expérience. On a été obligé de retirer l'ouvrage après la troisième représentation. Les paroles qu'il avait prétendu faire revivre ont paru d'une insipidité parfaite; sa composition, dont on avait pris une idée assez avantageuse sur les morceaux qu'on avait entendus de lui au Concert spirituel et au Concert des amateurs, n'a guère mieux réussi. On a trouvé la facture facile et passablement correcte, mais faible et froide, sans idées, sans génie, et d'un goût bien moins agréable que celle du sieur Floquet. Ce pauvre M. Cambini n'est pas né sous une étoile heureuse. Il a éprouvé, avant d'arriver dans ce pays-ci, des infortunes plus fâcheuses qu'une chute à l'Opéra. S'étant embarqué à Naples avec une jeune personne dont il était éperdument amoureux, et qu'il allait épouser, il fut pris par des corsaires et mené captif en Barbarie. Ce n'est pas encore le plus cruel de ses malheurs. Attaché au mât du vaisseau, il vit cette maîtresse, qu'il avait respectée jusqu'alors avec une timidité digne de l'amant de Sophronie, il la vit violer en sa présence par ces brigands, et fut le triste témoin des premières larmes que lui fit verser le plaisir, sans doute malgré elle. Quelle situation! M. Mercier en ferait un drame des plus pathétiques, et La Fontaine en eût fait peut-être un conte fort moral sur les dangers d'un amour trop discret. L'Académie royale de musique, qui n'a rien su faire ni de la musique de notre héros, ni de son histoire, a repris, pour varier, Alceste et l'Union, en attendant l'Olympiade du sieur Sacchini, dont on a déjà fait quelques répétitions particulières.

Il était assez naturel de croire que les frères économistes seraient un peu dégoûtés de se mêler du salut du royaume;

mais ces messieurs ont trop de zèle pour se laisser dégoûter aisément, et frère Baudeau et frère Roubaud se disposaient à nous illuminer plus que jamais. Quel malheur pour le progrès de la science que le ministère ait jugé qu'après toutes les peines et toutes les fatigues que ces messieurs s'étaient données depuis quelque temps, ils avaient absolument besoin de repos, et qu'en conséquence il les ait priés de vouloir bien ne plus s'occuper, dans leurs ouvrages, des affaires de l'administration! Frère Baudeau, qui n'a point pris ce conseil en bonne part, et qui a témoigné même une résolution assez déterminée de continuer sans relâche à se sacrifier au bien public, quoi qu'il en pût arriver, a reçu l'ordre de se transporter à Riom, et d'y prendre toutes les distractions que son état pouvait exiger, pour ne pas s'exposer aux suites d'un dérangement plus funeste. Avant cette catastrophe, il a joui d'un moment de gloire assez brillant, à l'occasion du procès qui lui a été intenté par les fermiers de la Caisse de Poissy, et dans lequel il a plaidé lui-même avec beaucoup d'avantage, quoique sa partie adverse eût pour avocat le célèbre Gerbier. Cette affaire ayant fait une très-grande sensation, du moins dans le parti du produit net et dans celui de la finance, nous croyons devoir en donner ici le précis, tel qu'il nous a été communiqué par un homme fort instruit, et qui se croit aussi fort impartial.

M. l'abbé Baudeau avait composé, en 1768, un Mémoire sur les inconvénients de la Caisse de Poissy. Ce Mémoire avait été imprimé alors contre son aveu, et ce n'est qu'en rendant compte de l'édit qui abolit cette Caisse qu'il s'est permis de l'insérer dans un des derniers volumes de ses Éphémérides.

Il considère dans ce Mémoire la Caisse de Poissy sous deux points de vue: premièrement, comme une caisse de prêt; secondement, comme un impôt. Il s'efforce de démontrer que, sous les deux points de vue, cette Caisse est un mauvais établissement; comme caisse de prêt, que les bouchers étaient loin d'y trouver leur compte, puisque l'intérêt qu'on leur faisait payer était de quatre-vingt-douze pour cent, et par conséquent très-usuraire; comme impôt, qu'il augmentait d'une manière exorbitante le prix des viandes, et qu'il en diminuait par conséquent la consommation; que les fermiers de ladite Caisse ne payaient au trésor royal que huit cent mille livres, et qu'il était prouvé que les bouchers et les

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