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Les évêques fuivirent l'expedient proposé par An. 866. Hincmar dans fon troifiéme memoire, pour recevoir Vulfade & les autres clercs depofez. Car ils ne vouloient pas choquer le pape, & ne pouvoient refuser au roy la rehabilitation de Vulfade, pour le mettre dans le fiege de Bourges. C'eft pourquoi He- N.6.p.830. rard archevêque de Tours declara au nom du concile : que perfonne ne devoit accufer les évêques de legereté ni de foibleffe, comme s'ils infirmoient la sentence donnée au même lieu, pour la même cause & confirmée par les papes: mais que la laissant en fon entier, ils ufoient d'indulgence envers les perfonnes, preferant en cette occafion, la mifericorde à la justice.

Il ajoûta: Le roy Charles, nôtre maître, nous prie de benir fon épouse en qualité de reine, comme d'autres l'ont été par le pape & par nos predeceffeurs. C'étoit Hermentrude le que roy Charles avoit épousée vingt-quatre ans auparavant, dés l'an 842. & en avoit eu plufieurs enfans. C'est pourquoi Ann. Bertin.842 l'archevêque ajoûte: Et afin que vous ne vous en étonniez pas, nous vous en dirons la raison. Dieu a donné au roy plufieurs enfans, dont il a offert quelques-uns à Dieu, il en a perdu quelques-uns en bas âge, d'autres font tombez dans les accidens que nous voyons avec douleur. C'est pourquoi il defire que fon épouse reçoive la benediction épiscopale, afin d'en avoir des enfans utiles à l'église & à l'état. La ceremonie s'en fit dans l'églife de faint Medard, Ap. la reine Hermentrude y fut couronnée, & on prononça fur elle l'oraifon que l'on dit encore fur la

Hincm tom.

I p. 752. & cap.

. p. 318.

An. 866.

N. 7 p.832.

S cr. I. c. 9

N. 8. p.837.

Sp. XLVIII.n.
43.

femme à la fin de la meffe des époufailles.

Le concile écrivit au pape une lettre fynodale, dattée du vingt-cinquième d'Août 866. où les évêques lui rendent compte de ce qui s'y étoit paffé: declarant qu'ils font d'avis, que les clercs dont eft queftion, foient rétablis par indulgence : à l'exemSup. liv x1.n.15. ple de celle dont ufa le concile de Nicée envers ceux Theodor.... que Melece avoit ordonnez; & foûmettant le tout au jugement du pape. A cette lettre, le concile en joignit une pour le plaindre des Bretons, qui depuis plus de vingt ans, ne vouloient point reconnoître la métropole de Tours, ni venir aux conciles nationaux de Gaule; ce qui, joint à leur ferocité naturelle, produifoit chez eux un entier relachement de la difcipline. Ils ufurpoient les biens des églifes voifines, particulierement de celles de Nantes: dont l'évêque Actard fe trouvoit par leur violence & par celle des Normans, dépouillé de tout fon diocéfe. De plus, les Bretons refufoient toûjours de rétablir Salacon de f & Subfanne de Vennes, qui vivoient encore. Les évêques du concile prient donc le d'écrire au duc de Bretagne, pour le faire rentrer dans fon devoir, & dans l'obeïffance qu'il doit au roy Charles, fous peine de cenfures ecclefiaftiques; & lui recommandent l'évêque Actard, qu'ils envoyoient à Rome inftruire le pape plus amplement de

St Malo

XLVII.

Rome.

vive voix.

roy

pape

De Soiffons le roy Charles fe rendit à Attigni, Egilon envoyé á où fe trouva fon neveu le Lothaire. Ils y firent A. Bertin. 866. revenir Thietberge, quoiqu'elle eût eu permiffion d'aller à Rome. Čar elle étoit fi maltraitée & fi peu

en feureté auprés de Lothaire, qu'elle avoit refolu ́ An. 866. de demander elle-même la diffolution de fon mariage: & ce fut apparemment alors qu'elle en écrivit Nic. epift. 48. au pape. De cette entrevûë d'Attigni, les deux rois envoyerent au pape une ambaffade commune, Egilon archevêque de Sens fut chargé de la part de Charles ; & de la part de Lothaire, Adon archevêque de Vienne & Gautier fecretaire du même roy : chargez des ordres fecrets de leurs maîtres.

dont

Egilon étoit auffi porteur de la lettre fynodale du concile de Soiffons; & de celle d'Hincmar au pape, Ople 22 tom.8 contenant ses raisons, pour ne pas rétablir Vulfade de fon autorité particuliere. Il y joignit une inftru- Opufc. 23. conc. ction pour Egilon, où il dit : Je vous parle en confiance comme à un autre moi-même. Je vous envoye

par
articles le fommaire de tout ce que le pape nous
a écrit fur cette matiere; & il fera neceffaire que vous
reteniez bien ces articles : afin que fir ceux que vous
favez, veulent embroüiller la chofe à leur ordinaire,
vous puiffiez leur répondre la verité. Je n'ai pas cru
que vous eufficz befoin des écrits que j'ai presentés
au concile; & j'ai craint qu'ils ne fiffent paroître à Ro-
me quelque dispute entre nous au fujet de Vulfade:
ce qui pourroit retarder les deffeins du roy. Ce que
vous devez bien retenir, c'eft qu'Ebbon a été regu-
lierement depofé & irregulierement rétabli : que ces
clercs ont été depofez, non par moi, mais par un
concile de cinq provinces: que le pape nous écrit de
ne point caffer ce qui a été reglé, s'il ne se trouve
contraire aux canons; enfin que le concile voyant
dans ces mêmes lettres la bonne volonté du pape

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p. 1903.

An. 866. pour ces clercs, a trouvé l'exemple du concile de Nicée pour autorifer cette indulgence: d'autant plus que tous les évêques qui ont affifté à la dépofition d'Ebbon font morts, excepté Rothade seul: enforte qu'il n'y a plus de contradiction à craindre. Je voudrois fort, fi cela ne vous faifoit point de peine que vous fiffiez au pape une relation exacte de tout ce qui regarde la depofition d'Ebbon & le jugement des clercs: mais je ne fuis point d'avis, que vous vous chargiez d'aucun écrit, que de ceux dont nous fommes convenus avec le roy & les évêques. Vous devez dire au pape, fi vous y trouvez lieu, que plufieurs disent déja: Sice qu'on fit alors ne fut pas folide, ce qu'on fait à préfent ne le fera pas davantage. Il n'y a plus rien de ferme dans ce qu'ordonnent les évêques ou le faint fiége. On ne se mettra plus en peine de nos excommunications, les prêtres depofez ne quitteront point leurs fonctions: parce que nos jugemens & ceux du faint fiége fuivent la volonté du roy & les mouvemens de nos paffions. Et vous devez faire fouvenir le pape comment Gonthier a traité fon excommunication. Sans Vulfade on auroit bien pû refufer la reftitution de ces clercs, qui ne font que neuf, lui compris. Et ensuite: Ayez foin de lire les lettres que le pape fera expedier sur cette affaire, avant qu'on les envoye ici : de peur que les fcripteurs n'y commettent quelque fraude, comme on les accufe de faire. N'oubliez pas d'apporter les geftes des papes depuis le commencement de Sergius, jufques à cette année : car nous avons ceux des autres papes. Ces geftes devoient être des jour.

Sup.n. 33.

naux ou annales de ce qui s'étoit paffé sous chaque An. 866. pontificat.

Fin de Gothef

n.49.

p. 200.

Le courrier d'Hincmar pour Egilon étoit fur XLVIII. le point de partir, quand il apprit que Gombert calc moine de Hautvilliers en étoit forti fecrettement avec des livres, des habits, des chevaux & tout ce qu'il avoit pû emporter. On difoit qu'il alloit en Italie, porter au pape un appel de Gothescalc enfermé Sp liv. XLVIII. dans le même monaftere: avec lequel il avoit conferé fecrettement, lui avoit rendu des lettres & en avoit reçu de lui. Hincmar ayant appris cette nouvelle, écrivit aufsi-tôt à Egilon une lettre, qu'il le opufc.14.tom.. prie de tenir fecrette, & où il dit, parlant de Gombert: Il voit que le pape écoute les mauvais rapports qu'on lui a fait de moi ; & qu'il a écrit au roy Charles, qu'il ne peut pas toûjours me proteger. Je ne fai pas en quoi le pape pretend m'avoir foûtenu : s'il s'agit de Gothescalc, j'en ai rendu compte au legat Arlene ; & j'en ai écrit au pape, pour favoir s'il vouloit que je le lui envoyasse, ou que je le donnasse en garde à quelque autre. Que s'il veut l'entretenir lui-même, il faut que le roy l'envoye, car je n'ai pas affez de gens pour lui donner une escorte. Et enfuite: On dit que Gothescalc a beaucoup de partifans, tels qu'a été l'évêque Prudence, comme témoignent les écrits, particulierement les annales de nos rois, où il dit l'an 859. Le pape Nicolas confirme par fa décision la doctrine catholique, touchant la grace de Dieu, le libre arbitre, la verité des deux predeftinations, & le fang de J. C. repandu pour tous les fideles. Hincmar ajoûte : Ces annales font entre les

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