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la paix dans mon royaume contre les payens : j'irai
moi-même à Rome me porter pour accufateur, &
avec tant de témoins irreprochables, qu'il paroîtra
que j'ai eu raifon de l'accufer. Enfin je vous prie, de
ne me plus envoyer, à moi, ni aux évêques de mon
royaume, de telles lettres, que vous nous avez en-
voyées jusques ici : afin que nous puiffions toûjours
rendre, comme nous defirons, à vos lettres & à vos
legats l'honneur & le refpect qui leur convient.
Cette réponse étoit dans un cahier feellé, accom- p.706.
pagné d'une petite lettre d'envoi.

Les évêques du concile de Douzi répondirent au pape à peu-prés fur le même ton. Nous avons trouvé, difent-ils, dans vos lettres des chofes que nous avons fait relire plufieurs fois, doutant fi nous les avions bien entendues ; & par le recit de nôtre confrere Actard, nous avons compris, que la grandeur de vos occupations ne vous a pas permis de lire tout au long les actes de nôtre concile, ni même de donner l'attention neceffaire à nôtre lettre. Nous prenons donc la liberté de vous reprefenter, qu'avant que de condamner Hincmar, nous avons fait lire dans nôtre concile le canon de Sardique, touchant les pellations au faint fiége. La lettre des évêques eft imparfaite en cet endroit, feulement il paroît, qu'ils vouloient prouver, que l'appel d'Hincmar ne devoit pas être jugé à Rome : mais en France, par des juges delegués, fuivant le concile de Sardique.

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L'archevêque Actard retourna àRome porter ces réponses, & en rapporta une lettre du pape au roy Charles, bien differente des precedentes, dont il Aaa iij

Tom. 8. cone pa

1539.

XXIII
Reponse douce
du pape.
Ep.34.

An. 872. excufe la dureté, & s'étend fur les louanges du roy. Nous avons apris, dit-il, de plufieurs perfonnes vertueufes, & principalement de nôtre confrere Actard, que vous êtes le plus grand amateur & protecteur des églises, qui foit au monde : enforte qu'il n'y a dans vôtre royaume, ni évêque, ni monaftere, que vous n'ayez enrichi de vos biens ; & que vous fouhaiteriez ardemment d'honorer le fiége de faint Pierre, de repandre vos liberalitez fur fon vicaire & fon clergé, & de les défendre de tous leurs ennemis. Et enfuite: Tenez fecrette cette lettre, & n'en faites part qu'à vos plus fideles ferviteurs: nous vous affurons & vous promettons, que fi vous furvivez à nôtre empereur & nous auffi : quand on nous donneroit plufieurs boiffeaux d'or, nous ne reconnoîtrons jamais d'autre empereur Romain que vous; & dés à prefent, ce cas arrivant, le clergé, le peuple & la nobleffe de Rome vous defire pour chef, roy, patrice, empereur & défenfeur de l'églife. Quant à Hincmar de Laon, le pape déclare, qu'il › ne veut prendre connoiffance de fon appel, que vant les canons: & promet aprés qu'il sera venu à Rome, d'en renvoyer le jugement fur les lieux. C'est XXIV. la derniere lettre que nous ayons du pape Adrien, qui évêque de Na- mourut vers la fin de cette année 872.

.

Saint Athanafe

ples.

Vita auct. Petro

Caff

fui

La même année mourut auffi faint Athanafe évêque de Naples. Cette ville étoit deflors une des plus confiderables d'Italie, par la pieté de fes habitans & la multitude des églises & des monafteres: on y celebroit l'office divin en Grec & en Latin, & il y avoit quelquefois deux évêques, pour les deux na

tions. Athanafe étoit frere de Gregoire gouverneur de la ville, & en fut ordonné évêque en 850. n'étant âgé que de dix-huit ans : tant les canons étoient alors mal obfervez. Gregoire étant mort, eut pour succeffeur fon fils Sergius, homme leger & intereffé & tout-à-fait different du pere. L'évêque fon oncle le reprenoit souvent, & lui donnoit des avis falutaires, que la femme de Sergius ne pouvoit fouffrir; & lui difoit, que s'il vouloit être le maître dans Naples, non seulement il devoit ne point deferer aux remontrances de l'évêque : mais l'éloigner de la ville, ou même le faire perir.

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Sergius perfuadé par sa femme, fit cacher chez lui des gens armés; & ayant mandé l'évêque Athanafe, fous pretexte de tenir un confeil, le fit arrêter, dépouiller de fes habits facerdotaux & mettre dans une étroite prifon. Toute la ville en fut émuë; & vint le redemander à Sergius. Les Grecs & les Latins, les prêtres & les moines vinrent au palais, & Antoine abbé venerable par fon âge & par fterité de fa vie, fe mit à la tête du clergé, fe faisant foûtenir à caufe de fa foibleffe. Il fit de grands reproches à Sergius, & le menaça de fa perte & de celle de toute la ville, s'il ne lui rendoit fon pasteur. Sergius demanda du tems pour deliberer ; & les renvoya jusques à trois fois. Enfin, voyant que le clergé menaçoit de dépouiller tous les autels, & de le fraper lui-même d'un anatheme perpetuel : il rendit l'évêque au bout de huit jours & feignit de lui demander pardon:mais il retint fes freres, qu'il avoit aussi arrêtés.

Enfuite voyant la joye du peuple, pour la liberté

de l'évêque; il fe repentit de l'avoir delivré, & le fit obferver par des efpions, qui ne permettoient à perfonne d'en approcher. Athanafe ayant envain prié fon neveu de le traiter autrement, feella de fon feau le trefor de l'églife, & y mit une infcription en ces mots: Anatheme à qui fera ouvrir cette porte en mon absence, ou fans mon ordre ; & fe retira dans l'isle du Sauveur, diftante de Naples de demie lieuë, ou douze stades. Sergius lui fit dire : S'il veut vivre en repos, qu'il prene l'habit monaftique, qu'il me laiffe difpofer de l'églife, & renvoye les clercs qu'il a emmenés. Athanafe répondit: Je ne quitterai point volontairement l'époufe que Dieu m'a donnée, & n'abandonnerai point ceux qui m'ont fuivi par charité. Tout ce que je demande à Sergius, c'eft qu'il me laiffe en lieu fûr, jusques-à-ce que Dieu lui touche le cœur.

Sergius ayant reçu cette réponse, assembla des troupes de Napolitains & de Sarrafins, & affiegea pendant neuf jours l'ifle où étoit Athanafe. Ce que l'empereur Louis ayant appris, il y envoya Marin gouverneur d'Amalfi, avec vingt barques: qui mirent enfuite les troupes de Sergius ; & on amena l'évêque Athanafe à Benevent, où étoit l'empereur, qui le traita avec grand honneur. Sergius au desespoir qu'il lui eût échapé, força le trefor de l'église & en diffipa toutes les richeffes: il fit fuftiger des prêtres & les traîner nuds par les rues; & il donna les églifes à des laïques, qui en achetoient la garde à prix d'argent. La ville de Naples étoit dans une extrême confternation.

Le pape Adrien en étant averti écrivit une lettre

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à Sergius, & une autre au clergé & au peuple de Na- An. 872. ples: leur ordonnant fous peine d'anatheme de recevoir leur évêque. Ils n'en tinrent compte; c'est pourquoi Anaftafe bibliothecaire, & l'abbé Cefaire vinrent à Naples de la part du pape & de l'empereur, & prononcerent l'anatheme. Cependant le saint évêque alloit de côté & d'autre errant & affligé ; & la femme de Sergius, qui ne ceffoit de perfecuter ce prelat, envoya des gens pour l'empoifonner à Rome. Dieu le garentit de ce peril, & il fe retira à Surrente. Un jour comme il y étoit avec l'évêque Eftiene fon frere il commença à pleurer amerement. Eftiene lui en ayant demandé le fujet, il repondit: Voilà la malheureufe ville de Naples frappée d'anatheme de la part du pape & de la mienne, fi nous mourions l'un & l'autre, comme il peut arriver, que deviendroit-elle ? J'irai à Rome & je prierai le pape de la délivrer de cette excommunication : il le fit, & le pape Adrien envoya un évêque nommé Dominique lever la cenfure. Enfuite comme Athanafe alloit avec l'empereur Louis pour être retabli dans fon siege, il mourut dans l'oratoire de S. Quirice à fix milles du mont Caffin, le quinz iéme de Juillet, indiction cinquième, qui est l'an 872. Il fut vingt-deux ans évêque, & la perfecution qu'il foufrit dura vingt-un mois. L'église Martyr. R. 15. honore fa memoire le jour de fa mort.

Cependant l'empereur Loüis pourfuivoit à main armée Adalgife duc de Benevent. Dés l'année 171. ce duc avoit appellé contre lui les Grecs & fait revolter la partie meridionale de l'Italie. Loüis foûmit les rébelles & revint victorieux à Benevent, dont le duc Tome XI.,

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XXV. Mort d'Adrien.

1. Jean VIII.

Pape.

Ann.Bertin.871.

Metens. 872.

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