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An. 861.

Epift. 3.

être

de hauteur. Il faut continuellement se contraindre: paroître gay quand on eft trifte, en colere fans l'être, déguifer fon visage: au lieu qu'avec fes amis on paroit tel que l'on eft. Il faut en la place où je suis fouvent reprendre ses amis, méprifer fes parens, fâcheux à tous les pecheurs, s'attirer la haine de tous côtez. Que n'ai-je point à fouffrir en combattant la fimonie, la licence de parler dans les Eglifes, le mépris du salut pour s'appliquer aux choses vaines? Je prévoyois tout cela, & c'eft ce qui me faifoit fuir.

Mais à quoi bon l'écrire? On me fait tort, fi on le croit, de n'avoir pas pitié de moi : & fi on ne le croit pas, on me fait tort, de ne me pas croire quand je dis la verité. Mais, dit-on, vous ne deviez pas fouffrir cette violence. A qui s'en faut-il prendre, finon à ceux qui me l'ont faite? Mais on a violé les canons, qui défendent d'élever un laïque à l'épifcopat. Qui les a violez ? Celui qui a fait violence, ou celui à qui on l'a faite ? Il falloit refifter. J'ai refifté, & plus qu'il ne falloit : & fi je n'avois craint une plus cruelle tempête, j'aurois refifté jusques à la mort. Au refte l'églife de C. P. n'a point reçu jufques ici ces canons, qu'on dit avoir été violez. C'étoit le concile de Sardique & les decretales des papes Celestin, Leon & Gelase, que Nicolas avoit alleguées dans fa premiere

lettre à Photius.

Il continuë, je pourrois en demeurer là, car je ne prétens pas me juftifier. Je n'ay jamais defiré cette place, & j'y demeure malgré moi : Mais il faut juftifier nos peres Nicephore & Taraife, que l'on blâ

me à caufe de moi. On dit qu'ils ont été ordonnez évêques contre les regles, parce qu'ils ont été tirez de l'état laïque: mais ils ne connoiffoient point ces regles, & ils ont obfervé fidelement celles qui leur étoient connuës. Chacun doit garder les fiennes, & il y a plufieurs canons que les uns ont reçus, dont les autres n'ont pas même oüi parler. Ainfi les uns coupent leur barbe, il est défendu aux autres de la couper: nous ne jeûnons qu'un famedy, d'autres en jeûnent davantage. A Rome on ne trouve point de prê tre marié : nous avons apris d'ordonner prêtres ceux qui fe contentent d'un feul mariage: nous condamnons celui qui ordonne évêque un diacre fans l'ordonner prêtre, d'autres le tiennent indifferent. On n'éxige de personne d'observer la loy qu'il n'a pas reçuë, pourvû qu'il ne viole ni la foy, ni les ordonnançes generales.

An. 861.

Loin de blâmer ceux que l'on tire de l'état laïque, pour les élever à l'épifcopat : ils font dignes de grandes louanges, d'avoir fi bien vécu, qu'on les ait preferez à ceux qui étoient déja dans le facerdoce. Ce n'est ni l'habit, ni la figure des cheveux, ni la longueur du temps: ce font les mœurs, qui rendent digne de l'épifcopat. Je ne le dis pas pour, moi qui n'avois ni les mœurs, ni l'habit: je le dis pour Taraife sup liv xLiv.n. mon grand oncle, & pour Nicephore. Je le dis pour Ambroife, que les latins, je le fai, auroient honte de condamner: lui qui eft la gloire de leur païs, & qui a compofé en leur langue tant d'écrits fi utiles. Ils ne condamneront pas non plus Nectaire: s'ils ne veulent condamner avec lui le concile general, qui sup.l.xv111.m.3.

24.25.XLV. H.33.

An. 861.

Can. 17. fup.

confirma fon ordination. Et toutefois l'un & l'autre, nonfeulement n'étoit que laïque; mais n'étoit pas même baptifé, quand il fut élevé à l'épiscopat. Je ne parle point maintenant de Gregoire le pere du theologien, de Thalaffius de Cefarée, & des autres évêques à qui on n'a jamais reproché d'avoir été promus de la forte.

Je ne le dis pas pour difputer, puifque j'ai confenti, que l'on défendît en plein concile, qu'à l'avenir aucun laïque ou moine ne fût ordonné évêque, fans avoir paffé par tous les degrez. Car nous fommes toûjours prêts à lever les fujets de fcandale, quand nous le pouvons innocemment. C'eût été faire injure à nos peres d'établir pour le passé la regle que vous obfervez: mais il n'y a aucun inconvenient d'en faire une loy pour l'avenir. Et plût à Dieu que l'églife de C. P. l'eût obfervée de tout temps; j'aurois évité les embaras dont je fuis accablé. Je fuis environné d'impies, dont les uns offensent J. C. en ses images, les autres confondent en lui les natures, ou les nient, ou en introduisent une nouvelle, & chargent d'injures le quatrième concile. Nous leur faisons la guerre, & nous en avons reduits plufieurs. Mais il y a des renards qui fortent de leurs tanieres & furprennent les pouffins. Ce font les fchifmatiques, Gan. 13. 14-15. plus dangereux que les ennemis déclarez. Nous les avons reprimez par le decret du concile,auquel vous avez concouru par vos legats; & nous en avons auffi publié plufieurs autres de leur confentement. Nous aurions reçu de même toutes les regles que vous avez établies, fi l'empereur ne s'y étoit opposé : mais

nous

nous avons mieux aimé de l'avis de vos legats, nous relâcher d'une partie des canons, que de les perdre

tous.

An. 861.

Photius vient enfuite aux églifes d'Illyrie & aux Epift. 2.fup.m.11. autres fur lesquelles le pape demandoit que fa jurifdiction fût rétablie, & dit: Nous l'aurions fait, s'il avoit dépendu de nous; mais comme il s'agit de païs & de limites, c'eft une affaire d'état. Pour moy je voudrois nonfeulement rendre aux autres ce qui leur appartient, mais ceder encore une partie des anciennes dépendances de ce fiége; & j'aurois obligation à celui qui me déchargeroit d'une partie de mon fardeau. Loin de refufer ce qui appartient legitimement à un autre, principalement à un pere com me vous,& qui le demande par des perfonnes auffi eftimables que vos legats. Ils ont la vertu, la prudence & l'experience: & femblables aux difciples de J. C. ils honorent par leur conduite celui qui les a envoyez. Je leur ai expliqué la plufpart des chofes qu'il auroit fallû écrire: étant perfuadé que perfonne ne pourroit mieux vous dire la verité & ne meriteroit plus de

créance.

J'ai pensé oublier de vous repréfenter, que comme perfonne n'eft plus obligé que vous à obferver les canons, vous ne devez pas recevoir indifferemment ceux qui vont d'ici àRome fans lettres de recommandation. Nous fommes ravis que l'on aille vous baifer les pieds, pourvû que ce ne foit pas à nôtre infçu. Car plufieurs pecheurs prennent ce beau pretexte de pèlerinage, afin d'éviter la penitence qu'ils meritent, pour des adulteres, des vols, des homiTome XI.

F

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XVI.

voue les legats.

354. E.

cides & d'autres crimes;& vous rendrez inutiles leurs mauvais deffeins, en renvoyant ici ceux qui n'auront point nos lettres. Telle eft la lettre de Photius: dont le dernier article eft une précaution contre ceux, qui ne voulant point le reconnoître pour patriarche, ni abandonner Ignace, alloient à Rome implorer la protection du pape.

Par les lettres de l'empereur Michel & de Photius, Le pape defa & encore plus par les actes du concile de C. P. le pape Nicolas vit clairement, que fes legats avoient Niepop fait tout le contraire de ce qu'il leur avoit ordonné. Que fa lettre à l'empereur n'avoit point été lûë dans la premiere partie du concile, qui regardoit Ignace; & que les legats n'y avoient point montré, fuivant leurs ordres, la copie qu'ils en avoient. Que dans la feconde partie du concile touchant les images, on avoit lû quelque partie de fa lettre, mais tellement alterée, qu'il ne paroiffoit prefque pas qu'il y fût parlé d'Ignace. Le pape jugea par là de ce qu'on avoit fait avant l'arrivée de fes legats, puifque l'on avoit agi de la forte en leur prefence; & fenfiblement affligé de leur prévarication, il aflembla toute l'églife Romaine, & en la prefence de Leon Epift. 13. p.382. ambaffadeur de l'empereur, il déclara qu'il n'avoit jamais envoyé de legats pour la dépofition d'Ignace, ni pour la promotion de Photius ; & que jamais il n'avoit confenti, ni ne confentiroit à l'une ni à l'autre.

A.

XVII. Soûm flion de

La même année 861. Le pape Nicolas tint un conJean archevê- cile à Rome au fujet de Jean archevêque de Ravenne:

que de Ravenne.

Anaft in Ni contre lequel plufieurs habitans de cette ville étoient

col. p. 255.

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