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All. 863.

761.Nic.epift.32.

Tandis que les legats Rodoalde & Jean étoient à Soiffons, le peuple vint leur demander à grands cris la liberté de l'évêque Rothade toûjours pri fonnier, & fon rétablissement : quoiqu'Erchanrad évêque de Châlons, joignant les coups aux menaces, leur defendît de la part duroy & de l'archevêTom. s. conc. p. que de crier ainfi. Ce fut apparemment ce qui obligea les évêques de plufieurs provinces du royaume de Charles, à tenir prés de Senlis un concile, d'où ils écrivirent au pape, le priant de confirmer la déposition de Rothade, dont ils lui envoyerent les actes. Ils demandoient auffi la confirmation des privileges de leurs églifes; & foûtenoient que Rhothade n'avoit pas dû appeller à Rome,au prejudice des loix imperiales, qui le défendoient : & parce que fa cause étoit mauvaise dans le fonds. Enfin ils prioient le pape de prendre de meilleurs fentimens au fujet des femmes de Lothaire: fuppofant que fes legats, qu'ils favoient être favorables à Valdrade, n'agiffoient que fuivant les ordres;& ils lui demandoient la convocation d'un nouveau concile de toutes les provinces, pour cette affaire. Odon évêque de Beauvais fut chargé de cette lettre & d'autres d'Hincmar en particulier & du roy Charles pour le pape.

Tom. 8. cont. p.

702.

a

Cependant les évêques du royaume de Lothaire où Hincmar n'étoit pas aimé, écrivirent aux évêques du royaume de Louis en faveur de Rothade. La lettre porte en tête les noms des cinq archevêques, Teutgaud de Treves, Gonthier de Cologne, Arduic de Befançon, Roland d'Arles & Tadon de Milan, Ils exhortent les évêques de Germanie à se joindre

L

à eux, pour ôter le fcandale, que caufe la divifion
entre ces deux prelats: l'un venerable par sa dignité
& fa science, l'autre par fon grand âge; & de s'in-
former exactement de l'affaire, pour ne condam-
ner temerairement ni l'un, ni l'autre. Toutefois ils
ne difent rien pour Hincmar, & rapportent au
long les plaintes de Rothade & les canons qui fem-
blent le favorifer.

le

Avant qu'Odon de Beauvais fut arrivé à Rome,

An. 863

pape Nicolas étoit déja inftruit de l'affaire de Rothade, & en avoit ainfi écrit à Hincmar: Nous avons Epift.29. apris par le rapport de plufieurs perfonnes fideles, qu'à vôtre pourfuite nôtre frere Rothade, nonobftant fon appel au faint fiége, a été deposé absent & enfermé dans un monaftere. C'eft pourquoi nous voulons,qu'il vienne à Rome inceffamment,avec ses accufateurs & le prêtre qui a été le fujet de fa depofition; & fi dans un mois aprés la reception de cette lettre, vous ne rétabliffés Rothade, fi vous ne venez à Rome avec lui, ou un deputé de vôtre part: nous vous défendons de celebrer la ineffe, à vous & à tous les évêques qui ont eu part à fa depofition: jufques à ce que le prefent ordre foit executé. Le pape écrivit en même tems au roy Charles, le priant de Ep.g1. donner à Rothade la liberté de venir à Rome.

Mais aprés que l'évêque Odon fut arrivé, le pape mieux inftruit de l'affaire, écrivit plus fortement. Premierement il répondit à la lettre fynodique du concile deSenlis, refufant abfolument d'approuver la condamnation de Rothade. Nous ne pouvons, ditil, juger fans connoiffance de caufe. Odon n'a point

Ep. 32.

voulu fe rendre accufateur contre lui; & quand il An. 863. l'auroit fait, il n'y auroit perfonne pour le défendre. Nous trouvons fort mauvais que vous l'ayez depofé & enfermé au prejudice de fon appel au S.. fiége, comme il paroît par vos propres actes. Vous dites, que fuivant les loix des empereurs, Rothade n'étoit point recevable en fon appel : mais quand les loix font contraires aux canons, ils doivent l'emporter. Or les appellations au faint fiége font établies par le concile de Sardique ; & il fuffit que l'appellant pretende avoir bonne caufe, quand ilne l'auroit pas en effet. Le pape se plaint enfuite de ce qu'on a ordonné un évêque en la place de Rothade, & ajoûte les mêmes menaces, qu'il avoit faites à Hincmar; puis il dit : Si vous continuez dans la defobeïffance, nous releverons Rothade de vôtre condamnation, & vous condamnerons vous-mêmes. en plein concile. Nous défendrons jusques à la mort,. les privileges de nôtre fiége; & vous y avez vousinême interêt. Car que favez-vous s'il n'arrivera pas demain à quelqu'un de vous, ce qui arrive aujourd'hui à Rothade? & en ce cas à qui aurez-vous re

P.417.

cours?

Il s'excufe enfuite fur l'affaire de Baudouin : puis. venant à celle de Lothaire, il dit : Vous pourrez voir ce que nous en avons jugé, par les lettres & les inftructions dont nous avons chargé Rodoalde & Jean nos legats. Vous y verrez que nous n'avons rien plus à cœur, que de faire abfolument ceffer ce fcandale. Enforte que fi Lothaire n'obeït pas à cette fois, nous le retrancherons del'église. Et pour de

fabufer les fimples, il eft bon que vous fassiez part An. 863. à tous vos confreres de ce que nous penfons fur ce fujet, & que vous en inftruifiez le peuple publiquement dans vos églises. Quant au concile que vous proposez, nous ne pouvons en deliberer, qu'aprés que nos legats feront revenus, & nous auront rapporté ce qu'ils ont fait.

Le pape écrivit auffi par Odon à Hincmar, mê- Epist. 28. lant fes reproches de marques d'eftime, & le renvoyant à la lettre precedente. Vous deviez, dit-il, ayant examiné tant de fois Rothade, honorer la memoire de faint Pierre, en nous écrivant; & attendre nôtre jugement, quand même Rothade n'eût pas appellé. Et enfuite: Vous nous demandez la confirmation des privileges de vôtre églife, & vous voulez affoiblir les nôtres, autant qu'il eft en vous. En effet, cette même année 863. Hincmar obtint du pape, la confirmation des prerogatives de fa metropole,& du concile de Soiffons, tenu le vingt-quatriéme d'Avril 853. où fon ordination fut jugée ca- 488. Sup. liv. nonique.

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Tom.8. conc.p.

XLIX. 2. 8.

Le roy Charles & les évêques de 'fon conseil, avoient été choquez de la lettre du pape en faveur de Baudouin, rendue par les legats à Soiffons. Ils croyoient que le pape n'avoit pas dû l'abfoudre de leur excommunication, & trouvoient qu'il parloit au roy en termes trop imperieux. Le pape s'en excufa par la lettre dont il chargea Odon pour le Epist 30. roy. Nous n'avons point, dit-il, délié Baudoüin de l'anatheme, & ne l'avons point reçu à nôtre communion. Nous avons detefté fon crime, & pris part à

vôtre jufte douleur : mais comme il s'étoit mis fou An. 863. la protection de faint Pierre, nous n'avons pû lui refuser nôtre interceffion: ufant toutefois de prieres & non de commandemens. Il lui marque ce qu'il écrit aux évêques touchant Rothade, le priant & même lui enjoignant de l'envoyer à Rome, & ajoû tant encore des excufes des termes un peu durs dont il avoit usé dans les lettres precedentes.

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le

Odon fut auffi chargé par le pape d'une lettre pour Rothade, où il le confole & l'exhorte à venir à Rome, fi-tôt qu'il en aura la liberté. Si on ne vous permet pas, ajoûte-t-il, ayez foin de nous le mander, & ne ceffés de recourir au faint fiège. Cette lettre eft dattée du vingt-huitiéme d'Avril indiction onzième, qui eft l'an 863. par où l'on peut juger, que les autres dont Odon fut chargé, font de méme datte. Il demeura deux mois à Rome & étoit de Nic.p. 41. tom. retour en France le vingt-troifiéme de Juillet, puifs.conc.p.796.C. que Hincmar reçut ce jour là les lettres du pape.

XXVIII.

Concile de Mers

thaire.

Cependant les legats Rodoalde & Jean fe rendifavorable à Lo. rent à Mets,& y tinrent le concile de la my Juin, la même année 863. il ne s'y trouva aucun évêque de Germanie ni de Neuftrie; c'est-à-dire, des royaumes de Louis & de Charles; mais feulement du Ann. Fuld. 863. royaume de Lothaire ; & ils s'y trouverent tous, exMerino cepté Hungaire d'Utrect retenu par maladie. Tout Nicol.epift. 18. y paffa fuivant la volonté du roy. Les legats gagnés

Bertin. 863.

par fes liberalitez, ne montrerent point les lettres du pape, & ne fuivirent point fes inftructions. Lothaire leur dit, qu'il n'avoit fait qu'executer le juge ment des évêques de fon royaume, aflemblez en un

concile

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