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» vous offrons l'un & l'autre de bon » cœur ; morgué! acceptez les de mê>> me. Boutez en même tems votre main blanche dans la mienne, quoi» qu'alle foit plus noire: & qui fautera » d'aife? Ce fera Mathurin.

Pamela lui demande à qui s'adreffe ce billet, & quel eft le nom qu'il faut mettre, & Mathurin lui répond que c'eft à Mademoiselle Paméla. Elle eft fort étonnée de ce détour de Mathurin, mais fa douceur ordinaire l'empêche de fe fâcher de la déclaration, & quelqu'un qui furvient, lui fauve l'embarras de la réponse.

C'eft un Chevalier gafcon amené dit il, par le bruit de fa haute vertu. Paméla s'excufe de l'écouter, fur ce qu'elle n'a pas coutume de s'entretenir avec les hommes tête à tête.

Les

Le CHEVALIER.

Ne craignez rien de mon transport,
Me prenez-vous pour un Milord?

gens de mon pays ont l'abord plus hon

nête,

Des faveurs du Beau Sexe ils font Friands, d'ac

cord;

Mais lorfqu'ils en font la conquête,

C'est toujours poliment & du ton qui con

vient:

Un Anglais les arrache, un Français les ob

tient.

PAMEL A.

Plus vos manieres font aimables,
Plus nous devons vous éviter,
Et plus pour nous vous êtes redoutables;
Nouveau motif de vous quitter.

Le Chevalier Gascon soutient à Pa

mela:

Que

pour

bien éprouver la vertu d'une fille, Il faut abfolument le creufet de Paris.

:

Nérine, Concierge du Château, qui arrive, eft du même avis, & foutient que ce n'eft pas un grand effort de vertu que de réfifter à un Amant brufque & groffier tandis qu'ils plaident cette caufe, le Marquis arrive, eft reconnu par fon ami le Chevalier. Pamela eft au défefpoir d'avoir été la dupe du ftratagême du Marquis, dans la crainte que fa gloire n'en foit ternie.

Le MARQUIS.

C'est un fecret.

PAMELA.

Il eft à la difcréties

D'un Gentilhomme d'Avignon,
Il va par- tout publier mon histoire.

Le CHEVALIER.

C'est l'épreuve qu'il vous fallait, On n'en peut trop parler pour votre gloire, Et la voilà dans le creufet.

Pamela continue à fe défefpérer, & dit que rien ne peut laver cette tache qu'une fuite foudaine, elle continue ainfi :

J'aime mieux n'être rien, errer dans l'indigence,

Avoir contre moi l'apparence,

Et vivre fage dans le fond;

J'aime mieux être en butte aux traits de la ma

lice,

En faifant mon devoir; fouffrir plus d'un

affront,

Et fans le mériter; fubir le fort du vice, Qu'acheter lâchement, comme tant d'autres

font,

Une fortune illégitime,

Par un déréglement d'un beau fard revêtus

Et fous un faux dehors, jouir, au fein du

crime,

De tout l'éclat de la vertu.

Elle fort, & fa douleur lui prête de nouveaux charmes aux yeux du Marquis. Quant au Chevalier dont le caractere eft de fe divertir de tout, il s'apprête à rire aux dépens de ce qui pourrait arriver. Nérine,qui de fon côté a fes raifons fans doute, pour ne pas trop compter fur la vertu, finit l'Acte par ces Vers:

On eft fage aujourd'hui, l'on ne l'eft

main,

pas

de

Notre vertu va droit dans la journée, Selon le tems qu'il fait & felon le chemin, Elle tombe l'après dînée,

Et fe releve le matin.

Nérine ouvre le fecond Acte avec le Marquis, à qui elle s'efforce de faire prendre des espérances plus heureuses, au moyen des fecours qu'elle lui promet; & voyant venir Paméla, elle fe retire en confidente difcrete.

Le Marquis cherche à s'excufer fur. la violence de fon amour, & apprend à Pamela qu'il y a long-tems que cette

paffion eft entrée dans fon cœur, qu'il f'éprouva dès le moment qu'il la vit au Conté de Betfort, chez M. Jeukes fon Maître, qu'il la fuivit dans le Comté de Lincoln, & que le bon M. Williams, trompé par l'apparence, l'avait engagé de fa part, à le fuivre en France. Paméla eft fort étonnée de ce qu'elle apprend, & n'en eft que plus embarraffée par la reconnaiffance qu'elle doit au Marquis pour un amour fi délicat, & pour des procédés fi généreux. Elle perfifte cependant à partir, lorfque Né

par une

rine vient la déterminer à refter rufe qui ne pouvait manquer de faire fon effet. Cette adroite intrigante verfe dans le cœur de Paméla le poison de la jaloufie, en lui apprenant que le Marquis doit fe marier le lendemain à une femme de qualité des environs, & que cette Dame a pris une fi haute idée de fa vertu,qu'elle defire la garder avec elle malgré l'inclination qu'elle n'ignore, pas que fon mari a eue pour elle.

Paméla outrée de la perfidie du Marquis, fe réfout à écouter les propofitions de Mathurin. Elle fort pleine de dépit, pour aller écrire la réponfe que ce Jardinier lui a demandée, & qu'elle kui jette un inftant après par la fenêtre,

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