Car tout ce que je fais, e'eft que je ne fai rien. Il ajoute en pleurant : O mon pere & ma mere! Pourquoi ne m'avoir rien appris ? Une fanfare annonce que l'épreuve des Talens va commencer. Les étrangers arrivent, & Valere chante le mier: Amour, fois-moi favorable, Que l'on adore Deux beaux yeux, Par tout on eft victorieux, Mille dons précieux. Deux beaux yeux, La voix s'anime, & fe ranime encore ; Il fuffit, pour former des fons mélodieux, pre Que l'on adore Deux beaux yeux. Léonore fait la feconde épreuve en récitant un conte ingénieux, mais qui tiendroit ici trop de place. Le fieur Laveau, fous le nom de Damon, fe préfente à fon tour, & après avoir demandé de l'indulgence, il joue fur la flûte & fur le hautbois plufieurs morceaux, dont le premier caractérise parfaitement la crainte & l'efpérance. Il fut généralement applaudi. Les autres épreuves fe fuccedent, & celle d'Arlequin eft la derniere. ARLEQUI N. Je viens de raffembler mon art & ma fcience; Je fuis furpris de ma propre abondance, clis, Il ne me manque enfin que la parole. La Fée ne peut s'empêcher de rire, & dit : Que répondre Allons donc; en ces derniers inftans Qu'on ne me parle plus de fupplice; L'efprit & la gaité, valent bien les talens, Cette Comédie ingénieufement imaginée pour faire briller chaque A&teur dans fon genre, eft de Fagan, quin’auroit pas été moins bien reçu dans l'Ifle des Talens, que fa Piece le fut du Public. Elle eut dix repréfentations qui furent toutes également applaudies. LES PETITS MAITRES. Comédie en trois actes en vers, LA Comteffe, parente du Marquis, chez qui la plus grande partie de l'action théâtrale fe paffe, ouvre la fcène avec un Chevalier, faux ami du Marquis, chez lequel ils arrivent de grand matin pour tramer fa perte. ... Le CHEVALIER. Maîtres & Valets, tout dort dans ce logis; Notre Marquis fommeille au fein de l'indo lence, Ou bercé des regrets de fa mauvaise chance, (1) La fcène eft dans la Maison du Marquis. La Comteffe apprend au Chevalier que le Marquis a fait une groffe perte au jeu, & qu'elle en a inftruit ses parens, par un bon motif. Le Chevalier loue fon bon cœur & vante le fervice qu'ils vont lui rendre tous deux, en le faifant interdire. Ils font très-furpris de voir la Marquife fi matin chez le Marquis; le Chevalier fe propofe de lui parler, & dit à la Comteffe de cacher fa furprise. La Marquife, qui fe défie également de la Comteffe & du Chevalier, plaint avec eux le fort déplorable, où la paffion du jeu a jetté le Marquis. Ils s'exhortent les uns les autres à remuer tous leurs amis; le Chevalier & la Comteffe quittent la Marquife pour aller agir de leur côté, après l'avoir invitée à en faire autant. La Marquife étant reftée feule, fait connaître fes véritables fentimens dans ce Monologue. Je ne m'en tiendrai point à des propos fté riles, J'efpere lui donner des fecours plus utiles; Voilà nos gens de Cour, grand tapage, grand bruit, Fy |