Qu'ai-je à dire à cela? Cet homme fait fom rôle. Peut-être, s'il avait beaucoup de probité, ma parente; Ce titre eft fuffifant, pour que mon bien la tente. Mon ami me trahit par le plus lâche tour, La Marquife voyant qu'elle s'eft vainement attée de le fécourir, & que pour fon malheur elle ne faurait le rendre digne de fes foins, lui dit enfin : Soins, difcours, actions, rien ne peut vous convaincre ; Vous êtes l'ennemi que je ne faurais vaincre ; Inutiles efforts! j'en dois défespérer; Le fond de votre cœur vient de fe déclarer. Jamais la folle erreur n'en peut être bannie. Vous l'avouerai-je encore? Après m'avoir pu Ces dernieres paroles de la Marquife font fi humiliantes pour le Marquis, & il en eft fi vivement pénétré, qu'il fe jette aux pieds de fa généreufe Amante, & lui marque fon repentir par fes vers: Jufqu'au fond de mon cœur votre difcours pé netre; Il éclaire mes yeux, exprime un fentiment, Qui dans mon ame opere un fubit change ment; Il en bannit Kerreur, & ne laiffe en fa place, Que l'espoir d'obtenir votre cftime & ma grace; Ne la refufez point, je l'implore à genoux. La Marquife, touchée de fon repentir, lui pardonne, & tous deux font grace à Merlin de toutes fes friponneries, dont il promet à fon tour de fe corriger. Cette Piece eft d'Aviffe; elle n'eut qu'un fuccès médiocre, parce qu'elle n'offrait aux Spectateurs que des fitua tions communes, & la beauté du caractere de la Marquife ne put faire pardonner l'atrocité de ceux du Chevalier & de la Comteffe, 1 ARLEQUIN ET SCAPIN, Canevas Italien en quatre actes ARLE RLEQUIN & Scapin entreprenment dans cette Piece de devenir les rivaux de leurs Maîtres, & d'enlever leurs Maîtreffes; mais ayant manqué leurs coups, ils quittent la Ville, & fe.retirent dans un bois, chacun avec un fufil, dans le deffein d'y vivre de leur chaffe. Au premier coup que tire Arlequin, il voit tomber d'un arbre un livre, ou efpece de grimoire, lequel contient tous les fecrets de la magie. Ils ouvrent ce livre, & auffitôt trois Diablotins ou Génies, viennent leur offrir tout ce qu'ils demandent. Tantôt Scapin, tantôt Arlequin, munis du grimoire, font diverfes niches à leurs maîtres. Arlequin fe trouvant en prison, pendant que Scapin a le livre, il se voit prêt à être condamné à mort: Scapin revient avec le grimoire, le tire d'embarras, le fait difparaître aux yeux de Les Juges, & enlever par deux Diables, dans une chaise à Porteurs. Enfin l'of qu'ils ont reçu des Génies, leur fait prendre la réfolution de demander pardon à leurs Maîtres, & de brûler le grimoire. Quoique cette Piece Italienne ait amené beaucoup de monde, & ait fait beaucoup de plaifir, par le jeu continuel d'Arlequin & de Scapin, qui ne faifait que de débuter, je n'en aurais rendu aucun compte, à cause de la médiocrité de l'intrigue, & du peu d'intérêt qui s'y trouve, fi elle n'avait été l'époque des feux d'artifice que donnerent les Sieurs Ruggieri, qui par cette nouveauté, ramenerent en foule pendant plufieurs années au Théâtre Italien, le Public qui commençait à l'abandonner, fans autre raifon que fon inconftance ordinaire. LE COMBAT MAGIQUE. Canevas Italien en cinq actes, N fuppofe que dans une de ces Ifles régnoit un Roi jufte, intégre, aimé de fes Sujets; la Reine fon épouse, était à peu près du même caractère; ils avaient un fils unique nommé Cléatre, lequel quitte la Cour de for pere, pour ferendre dans la Cour d'un autre Souverain afin d'y difputer le prix d'un fameux tournois, dans lequel la main d'une belle Princeffe devait couronner le Vainqueur. Après le départ du Prince, un Courtifan nommé Agénor, homme intrigant, adonné à la magie, & d'une ambition démefurée, trouve le moyen de fe mettre en crédit parmi le Peuple, & de former un parti pour envahir le trône; il vient à bout de fon deffein; (1) La scène eft dans une des Illes des Mers d'Ethiopic. |