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nétement, & lui difant ther Arlequin. Il répete deux ou trois fois cette politefle & fort; mais Arlequin n'a pas beaucoup de tems pour s'en applaudir, car il rentre dans l'inftant, & vient comme par réflexion reprocher à fon nouveau valet fa groffiereté de ne pas ôter fon chapeau à fon Mai tre qui lui marque tant d'amitié, & qui le falue le premier il ne peut comprendre qu'un homme qui doit avoir appris à vivre en voyageant tombe dans une pareille faute, Arlequin s'excufe fur un gros rhume, mais Mario lui répond que le peu de tems qu'il faut pour ôter fon chapeau & le remettre, ne peut lui faire courit aucun rifque, & en même tems il le lui ôre lui-nrême ; la bourfe tombe; Mario s'en faifit; & feint une grande colere; il fait les plus vifs reproches à Arlequin, & malgré sa résistance, il lui faifit le bras, difant qu'il veut percer de fon épée la main qui a fait un coup fi hardi; mais au lieu de la percer, il remet dedans la bourfe qu'il vient de ramaffer, & affure Arlequin qu'il en a beaucoup d'autres pareilles pour le payer de chaque fervice qu'il fui rendra; en même tems il le quitte tout de bon, & le laifle tranfporté de

joie. Scapin revient fur la fcène, Arlequin lui fait part de fa bonne fortune, & lui propofe de lui vendre la part qui lui refte de la maifon dont il lui a donné la moitié, parce qu'il aime à loger à fon aife, & qu'il eft bien aife d'être en droit de le prier de chercher un autre logement; Scapin a bien de la peine à lui faire comprendre que fon intention, en partageant fa maifon avec lui, a été de lui donner un afile, & non le droit de le mettre lui-même à la porte. Ils fortent ensemble. Le Théâtre change & représente le cabinet de Pantalon, où on le voit qui appelle Coraline fa Servante, & qui défend qu'on le vienne troubler. Il fe met à une table à compter de l'argent, (*) dont Arlequin qui s'eft déja introduit chez lui, & jufques dans cette chambre, on ne fçait comment, fe faifit à mesure. D'abord il croit fe tromper dans fon comp

(1) Cette fcène & les fuivantes, jusqu'au moment où Pantalon se prépare à fortir, ont été ajoutées quand on a repris le Tuteur trompé, fous le titre du Tuteur; elles font piifes du Canevas Italien, intitulé: Amour extravagant, ou les Filles amoureufes du Diable. On en fait ufage dans plufieurs Pantomimes à la Foire.

te, puis il appelle Coraline, croyant que c'est elle qui veut l'inquiéter par plaifanterie; elle arrive, lui prouve qu'elle n'eft point entrée dans le cabinet depuis qu'il l'a renvoyée, & fe retire. Pantalon fe prend de tous fes mécomptes à la force d'une imagination préoccupée; il fe remet à calculer, & furprend enfin la main d'Arlequin. Il fe tourne, voit une face noire à côté de la fienne, & s'écrie avec frayeur que c'eft le diable; le tremblement qui doit le faifir, & les autres fymptômes d'effroi donnent beau jeu au talent de l'Acteur chargé de ce rôle. Coraline accourt à fes cris, & ne trouvant plus perfonne avec lui, parce qu'Arlequin s'eft caché pendant le faififfement de Pantalon, elle fe mocque de lui, & le raffure avec bien de la peine. Il ne veut pas même continuer le calcul qu'il avait entrepris, & dit à Coraline qu'il eft obligé de fortir pour une affaire preffée, mais il lui parle, avant que de s'en aller, de l'inquiétude où il eft toutes les fois qu'il eft obligé de s'abfenter du logis; il lui confie fes vues fur Camille, & les motifs qui les ont fait naître ; il lui recommande, en lui promettant une bonne récompense, de faire une garde

affidue, & lui défend de laiffer entrer perfonne qu'il ne foit revenu ; elle promet d'obéir, & Pantalon fort de chez lui. Le Théâtre change encore, & repréfente l'appartement de Camille, où elle s'entretient avec Coraline, de la févérité de fon Tuteur, dont la foubrette gagnée par les promeffes qu'il lui a faites, excufe le procédé. Mario, Scapin & Arlequin, qui vient apparemment d'introduire les deux premiers entrent pendant cette converfation. D'abord Coraline, les, querelle avec Beaucoup de volubilité, en hauffant la voix de plus en plus ; mais au milieu d'une tirade fort vive, la vue d'Arlequin qui lui eft nouvelle, fait fur elle une telle impreffion, qu'elle en perd la parole, & ne fait plus que bégayer quelques mots, avec la joie peinte fur le vifage. Enfin après avoir écouté tour ce qu'Arlequin lui dit du pouvoir de l'amour, que Pantalon a grand tort de vouloir borner, en captivant Camille comme il fait, & dont lui-même qui lui parle n'a pu fe défendre, à la premiere vue de Coraline, elle recouvre l'ufage de la parole pour déclamer fans ménagement contre la tyrannie de fon Matue, & pour engager la jeune Maîtreffe

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à s'en affranchir. Mario s'entretient avec Camille; Arlequin & Scapin fe difputent à qui fer la converfation avec Coraline mais elle préfére Arlequin, qu'elle appelle un joli brunet, au grand regret de Scapin qui en eft depuis longtems amoureux. Son nouvèl Amant lui apprend qu'il eft un des bons partis de la Ville; qu'il poffede une bourfe pleine d'or, fans compter toutes celles qu'on lui a promifes, & la moitié d'une maifon; il attefte Scapin de la réalité de cette derniere poffeffion; pendant ce détail & les lazzis de jaloufte de Scapin, Pantalon frappe à la porte; Mario & les deux Valets effarouchés fe cachent fous un tapis, auquel les femmes font prendre la forme d'un canapé; (*) elles difent à Pantalon, après l'avoir fait entrer, que c'eft un meuble nouveau dont Camille vient de faire emplette. Pantalon s'affeoit deffus, & à chaque mouvement qu'il fait, le canapé prend une nouvelle fituation; à cette incommodité fe joignent les malices que qui fait Arlequin, auquel d'un autre

(1) Cette fcène eft prife de la Comédie Italienne, intitulée: le Mariage entre les vivans & les morts.

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