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côté la pofture genée du Maître & des Valets donnent lieu de fe livrer à beaucoup de lazis. Enfin Mario laffé de fe contraindre, fe leve, & voyant Pantalon porter la main à fon poignard, il tire fon épée pour lui en impofer, & lui déclarer que quoiqu'il foit Tuteur de Camille, il n'a aucun droit de l'empêcher de l'époufer, puifque c'eft un établiffement convenable pour elle, & qu'il eft réfolu de terminer malgré lui. Pantalon répond qu'il ne lui fera pas auffi aifé d'ôter de fes mains le bien de Camille que fa perfonne; Mario replique qu'il va fe faifir de ce qui l'intéreffe le plus, & qu'il attendra les ordres de Camille fur le refte; en même tems il fort avec Camille; Arlequin & Scapin le fuivent, & le premier emméne Coraline; Pantalon n'ofe s'oppofer au départ de la pupille, non plus qu'a celui de fa Servante, & la Comédie finit.

Ce Canevas avoit été donné en 1733 fous le titre du Tuteur trompé; lorfqu'il fut remis en 1744, on y ajouta plufieurs fcènes tirées de différentes autres Pieces; & ajufté de cette maniere, il fit le plus grand plaifir: il y a encore

un Canevas Italien en trois Actes qui fut donné le 14 Septembre 1716, fous le titre (Tapeti) les Tapis. Elle est de l'ancien Théâtre Italien.

LES MARIAGES ASSORTIS. Comédie en trois actes, en vers, 10 Février 1744. (1)

DORIMON reproche à Damon,

fon fils, une maniere de vivre trop finguliere; mais ce jeune homme vertueux, en convenant avec fon pere de la juftice du reproche qu'il en effuie, lui montre que ce défaut apparent, est

une vertu réelle.

Oui, je fuis accufé de fingularité,

Car tour homme à talens eft par moi refpecté;

La plupart, il eft vrai, ne vont point. dans le monde,

On s'y pique à l'envi d'ignorance profonde;
On déclare la guerre au feul titre d'efprit,
Et l'on paraît méchant, lorfqu'on approfondit

པ་

(1) La fcène eft à Paris

Dans le monde, faut-il qu'un Savant le ré

pande?

Quels difcours découfus voulez vous qu'il en tende?

J'efpérais rencontrer dans ce monde char

mant ).

Des vertus où l'efprit seme son agrément ;
Dans ce qu'on nomme ici la bonne compa-
gnie,

J'ai cru qu'on fe formait le cœur & le génie,
Et que ce qui faifait une bonne maison,

C'était l'art d'être aimable avec de la raifon.
Je l'ai connu ce monde; ah! grands Dieux
quelle école!

C'eft de nos jeunes gens une cohorte folle,
Sans principes, fans goût, s'accrochant à des

mots,

Révoltans dans leurs airs, libres dans leurs

propos,

Dont l'efprit effrené, fans respect, fans pru

dence,

Fait rire la Folie, & rougir la Décence ;;

Fai cru que je pouvais, fans me faire aucun

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DORIM ON.

Damon, on penfe bien quand on sait se

duire,

con

Et ce grand art confiste à savoir se produire. Fréquentez ces Maifons, où, fans être fou

mis,

Dans l'éclat des honneurs, on fe fait des amis. Tous les vôtres, mon fils, plus chagrins que fauvages,

Au Dieu de la fortune ont offert des homma

ges.

Ces hommes rebutés, méprifent par dépit
Ceux dont le crime fut d'effacer leur crédit ;
Libres en apparence, ambitieux dans l'ame,
C'est l'animofité qui fronde & qui déclame
Ils haïffent les Grands par pure paffion,
Et leur milantropie eft de l'ambition.
Leur efprit dédaigneux, que leur disgrace en-
traîne,

Paraît brifer leurs fers, tandis qu'il les enchaîne ;

Ce qu'on nomme vertu, je le vois d'un autre

cil;

On ne hait l'Univers, que par efprit d'orgucil.

Ces deux portraits pour être oppofés ne se détruisent pas l'un l'autre, &

Dorimon qui voudrait que fon fils mît un peu moins de févérité dans fa philofophie, eft ravi d'apprendre de luimême, qu'il ne fent aucune répugnance pour le mariage. Ce pere a déja chargé le Chevalier fon fecond fils, de chercher un parti convenable à Damon; ce cadet aufli fuperficiel que l'aîné eft folide, arrive & apprend à fon pere qu'il a trouvé pour fon frere le Philofophe, une époufe dont il fait le portrait fuivant:

C'est une fille riche; elle n'a plus de mere, C'est toujours une avance, & fur-tout point de frere.

Elle n'a qu'une fœur qui fait choix du Cou

vent,

Le pere fera mort dans un an, même avant.

DORIMON.

T'a-t-il donné parole?

Le

CHEVALIER.

Oui, fa face eft mourante;

Cette fille a de plus une affez vieille tante, Décrépite & coquette, & dont le teint fané Cache les paflions fous un front fillonné.

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