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tems attendre; ils font fuivis d'une vieille tante & d'une prétendue fœur d'Angélique, dont nous apprendrons le fort au dernier acte.

Cette fcène entre les parties contractantes, eft du nombre de celles qu'on appelle remplies de jeu comique. L'équivoque continuelle qui en fait tout le prix, eft de convention entre le Chevalier & Angélique; la Vieille qui y eft jouée, fe croit aimée du Chevalier, qui n'en veut qu'à Angélique; pour Hortenfe, qui ne trempe nullement dans la fourberie du Chevalier, la bonne Araminte lui donne ce confeil:

Hortenfe, écoutez bien, & fentez cet hon

neur;

D'Angélique ma niece, il faut vous dire fœur Il faut ensevelir l'état de votre pere,

De

peur de vous tromper, ayez foin de vous taire.

Ces mesures bien prifes, & bien ob fervées, produifent une fcène trèsamufante. Lifimon › pere d'Angélique ne retrouve point en Damon l'homme fingulier qu'on lui a peint fans doute E d'une maniere ridicule, il l'en félicite.

DAMON.

Si j'ofais me charger d'un pareil perfonnage, Pour pouvoir m'approuver, je vous trouve trop fage;

Qui cherche à s'annoncer fous ce titre affecté, N'eft souvent dans le fond, qu'un efprit avorté, Qui veut en impofer, à la faveur d'un terme, Sur l'incapacité qu'en foi-même il renferme; Mais celui qui s'applique à n'avoir jamais

tort,

Qui malgré les talens, paraît fimple à l'abord,

Qui pour faire plaifir, defire des richeffes, Qui connaît l'amitié, qui paffe les faibleffes, Qui des travers publics rit en particulier, Voilà ce que j'appelle un homme fingulier.

Chaque perfonnage remplit fon caractere dans cette fcène. Les deux pe. res parlent d'intérêts, Angélique minaude, & la vieille Araminte lorgne tendrement le Chevalier, qui perfi fle fon frere, lequel eft tout occupé à admirer la douceur & les perfections de l'aimable Hortenfe qui le charme.

La fcène fuivante fe paffe entre Araminte, Angélique qui n'eft vue que du Chevalier, & celui-ci qui lui adreffe toutes les chofes tendres que la folle Ara

minte a la fottife de prendre pour elle. Damon a enfuite une converfation avec Hortenfe, qui développe leur caractere, & leurs penchans récipro

ques.

Dans la premiere fcène du troifieme acte, le Chevalier a pris foin d'obtenir le confentement de Lifimon pere d'Angélique, à qui il a expliqué fes projets.

LISIMO N.

En faisant le bonheur d'une fille que j'aime, Dans cette affaire-là, mon plaifir eft extrême, De voir qu'avec adreffe on attrape ma fœur ; Et lorfque de fon bien vous ferez poffefleur, De concert avec vous, je me mocquerai

d'elle.

Le Notaire que le Chevalier a mis dans fes intérêts, parle ainfi à Lisimon : De la donation la forme fera telle; Qu'Araminte fera fruftrée entierement, Et ne touchera rien que par votre agrément ; Je fais, graces au Ciel, mon métier de No

taire.

Araminte vient confirmer ce que le Notaire vient d'affurer à Lisimon.

ARAMINTE.

Chevalier, ayez foin de faire bien transcrir Ce qu'en votre faveur ma tendieffe m'inspire Le NOTAIRE, écrivant.

Par devant fut préfente en fon plein juge

ment.

ARAMINTE, dictant.

Jacqueline Araminte.

Le CHEVALIER.

A l'âge où fûrement

Une fille a fon bien fans être émancipée.

ARAMINTE.

Ayant de tous les tems eu du goût pour l'é

pée,

Aimant du Chevalier la perfonne & l'état. ¡¡ Ecrivez pour donner force à cet acte-là, Que fi du mariage il ne fort pas lignée, Malheur, dont, grase au Ciel, je fuis bien éloignée,

Je donne néanmoins mon bien au Chevalier, Sans qu'aucun autre puiffe en être l'héritier.

Araminte se trouve par cet acte auffi bien liée qu'on le peut-être dans un mariage de Comédie; mais celui de Damon

Damon avec Angélique, eft plus éloigné que jamais. Il a eu une conversation avec Hortense, dans laquelle il a eu lieu d'admirer plus que jamais les belles qualités de cette charmante perfonne; & ne pouvant plus résister aux fentimens qu'elle lui infpire, il lui avoue le penchant qu'elle lui a infpiré dès la premiere vue: elle s'en défend d'abord, mais Damon a lieu de voir que c'eft moins fon indifférence que fa raison, qui la fait s'oppofer au deffein qu'il a de la demander à Lifimon, de qui elle lui avoue qu'elle ne dépend pas entiérement. Quoi qu'il puiffe en arriver, il eft réfolu de rompre abfolument avec Angélique qui vient aussi dans la même intention. Quoiqu'ils ne reffentent aucun penchant l'un pour l'autre, la fimple honnêteté les jette dans un grand embarras qui redouble réciproquement par l'erreur où ils font l'un & l'autre de leurs fentimens particuliers; ce qui produit une fcène vraiment théâtrale. Enfin ils s'expliquent, & leurs fatisfactions fe déclarent à mefure que leurs fentimens fe développent. Damon fait part de fa joie à fon ami Beauval qui l'en félicite, & auquel il est prêt de confier sa nouvelle pasTome V.

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