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fion, lorfqu'un laquais de M. Lifimon vient prier cet ami d'aller trouver for Maître, pour une affaire de la derniere importance.

Damon refte feul & fe livre à l'i dée flatteufe de pofféder fa chere Hor tenfe, qui paraît, & par une action digne de fa générofité, elle vient mériter le bonheur qu'il lui deftinait, & lui apprend qu'elle n'eft point fille de Lifimon.

On voudrait cependant vous en faire un myf

tere;

Comment pourrai-je, hélas! défavouer mon

pere?

Par quel motif encor, Damon, pour vous tromper!

DAMON.

Que ce difcours, Hortenfe, a lieu de me frapper!

HORTENSE.

On fait bien plus, on veut que de cet artifice, Mon pere même foit le malheureux complice A ne me plus connaître, on veut le condam

ner;

De l'appeller mon pere on veut me détourner

Je mourrais de douleur, s'il allait me défendre De prononcer un nom & fi cher & fi tendre, Non, je ne le pourrais; tont viendrait me trahir,

Mon cœur me forcerait à lui défobéir.

DAMON.

Pour jetter fur fon nom la honte du filence,
Qu'a donc fait votre pere?

HORTENSE.

Il eft dans l'indigence.

La fortune autrefois cherchant à l'enrichir,
Ne lui donna des biens que pour les lui ravir.·
Ils les a tous perdus; voilà quel eft son crime.

DAMON.

Le malheur qu'on foutient, rend plus digne d'eftime.

De grace, nommez-moi ce pere infortuné ?

Il paraît; ce pere n'eft autre que Beauval, & Hortenfe fe jette à fes

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votre afpect que mon ame eft

Ah! ne prononcez pas le malheur de ma vie, Je ne voudrai jamais Damon pour mon époux, S'il faut pour l'obtenir que je renonce à vous ;

Votre feule amitié pour mon cœur a des char

mes,

Nommez-moi votre fille, & calmez mes al

larmes.

DAMON.

Ciel! qu'entens-je? Sa fille ! ô bonheur inoui! Quoi, le pere d'Hortenfe eft mon meilleur ami!

BEAUVAL, à Damon.

Comblé de vas bienfaits, j'étais dans l'impuiffance

De vous rendre certain de ma reconnaissance; Trop heureux qu'aujourd'hui l'Amour foit de moitié,

Et vienne à mon fecours pour payer l'amitié.

Dorimon ne peut refufer fon confentement à une union fi bien afsortie; & celle du Chevalier avec Angélique, qui ne l'eft pas moins, acheve de remplir le titre de la Piece, qui finit au gré de tous les Acteurs; fi ce n'est Araminte qui mérite d'être punie, pour avoir voulu, par un caprice condamnable, priver les véritables héritiers de fa fucceffion. Je ne crois pas cepenque ce motif excuse suffisamment la

conduite du Chevalier, & qu'il doive devenir Efcroc, pour apprendre à fa Tante à n'être plus folle; c'eft créer un vice pour corriger un ridicule. Au refte, cette Piece eut tout le fuccès qu'elle méritait, par la beauté des détails & des autres caracteres, & même par l'intérêt qui fe fait fentir dans plufieurs fcènes, & dont on ne peut fe défendre au dénouement. Elle eut quinze représentations avant Pâques, & plufieurs reprises également applaudies; elle eft de M. l'Abbé de V. . .

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L'APPARENCE TROMPEUSE.

Comédie en un acte en profe, 2 Mars 1744. (I)

DORIMON, Amant de Florife.

D

E toutes les especes d'amour que la nature nous infpire pour un fexe trop charmant, il n'y en a point de plus pénible, que celui que l'on fent pour une veuve; une fille coûte bien moins à conquérir. Le charme de la nouveauté, l'attrait d'un bonheur inconnu, & le penchant d'un cœur fans expérience, lui font faire la moitié du chemin ; & fi la pudeur, ou l'orgueil, ou fa petite malice, lui impofent filence fur fes fentimens, une démarche, un coup d'œil, un gefte, les trahit & les décele; avec une veuve, on n'a point ces reffources là; & il femble que par une fatalité attachée à ce que l'on poffede, elle tire de l'étendue de fes connaissances, le droit & le pouvoir d'en mépriser l'usage.

(1) La fcène eft à Paris, chez Florise.

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