perfonnages. Elle eft fuffifamment dé fignée par ce portrait qu'en fait la Critique elle-même. Une Actrice agréable & finement placée, D'une Piece flatteufe, où toujours la pensée La Critique finit la Piece par ces vers qu'elle adreffe au Public. A corriger les faiblesses humaines, Le Seigneur Apollon perdra toujours fon tems; Mes démarches ont été vaines, Mais quel bonheur, Meffieurs, quel doux fruit de mes peines, Si j'ai pu vous flatter pendant quelques inftans! Venez former des pas badins, Romagnefi & Riccoboni, qui ne manquaient pas de réuffir dans ces fortes de Pieces à tiroir, n'eurent pas un fuccès moins heureux dans celle-ci Elle fut très-bien reçue du Public. La clôture du Théâtre le in le dixhuit Mars par Samfon, & l'Echo du Public fuivi d'un Compliment, prononcé par le fieur Rochard, qui fut très applaudi. DEBUT DU Sr. CARLIN. Le 10 Avril l'ouverture fut faite par Arlequin Muet par Crainte, Canevas Italien, de Riccoboni pere, qui avait été donné en 1717, & dans lequel le fieur Caito Bertinazzi, connu. depuis. fous le nom de Carlin, débuta avec beaucoup de fuccès. Il était alors âgé d'environ vingt-huit ans, & le Public le trouva digne de réparer la perte qu'il avoit fait à la mort de Thomaffin qui n'était point encore remplacé. Le fieur Rochard qui était chargé de faire le Compliment de rentrée, profita de cette occafion pour difpofer les Spectateurs à bien recevoir le Débu tant, & parla ainfi: Meffieurs, ce jour qui renouvelle nos foins & nos hommages, devait étre marqué par une nouveauté que nous avions préparée; mais l'Acteur qui va avoir l'honneur de paraître devant vous, pour la premiere fois, avait trop d'intérêt & d'impatience d'apprendre fon fort, pour nous permettre de reculer fon début. « Si votre nouveauté tombe (nous a-t-il dit), j'apprendrai comme le » Public fiffle, & c'eft ce que je ne » veux point favoir; fi elle réuffit, je » faurai comme on applaudit, & ferai >> peut-être une funefte comparaifon de » fa réception à la mienne ». Pour ne donner au nouvel Acteur aucun lieu de reproche, nous nous fommes entierement conformés à fes intentions. Il fait, Meffieurs, non-feulement ce qu'il a à craindre en paraiffant devant vous, mais en y paraiffant encore après l'excellent Acteur que nous avons perdu, dont il va jouer le même rôle. Les fujets d'une fi jufte crainte, feraient balancés dans fon esprit, s'il connaisfait les reffources qu'il doit trouver dans votre indulgence; mais c'eft envain que nous avons effayé de le raffurer; il ne peut être convaincu de cette vérité, que par vous-mêmes, & nous espérons, Meffieurs, que vous voudrez bien foufcrire aux promeffes que nous lui avons faites de votre part elles font fondées fur une fi longue & fi heureuse expérience, que nous fomme auffi fûrs de vos bontés, que vous de vez l'être de notre zele & de notr profond respect. DEBUT DE VICENTINI, FILS. Joachim Vicentini, dernier fils de Thomaffin, & pour lors âgé de dix huit ans, débuta auffi par le rôle d'Ar lequin, dans Timon Mifantrope, 26 Août; mais comme les talens ne font pas toujours héréditaires, il ne fut poin reçu, & fut obligé d'aller exercer les fiens fur les Théâtres de Province. DEBUT DE MOLIN. Molin débuta auffi par le rôle d'Ar lequin, le 16 Août, dans l'Embarras des Richeffes, & ne fut pas mieux ac cueilli. 11 retourna en Province; il a depuis quitté le Théâtre, & s'eft retire à Toulouse, fa patrie. es I es LES ENFANS DE POITIERS. Poitiers, Danfeur & Compofiteur de Ballets, arrivé depuis l'année derniere de Londres, avec la Demoiselle Rolland, dont nous avons déja parlé; fit exécuter par fes enfans, le 16 Octobre un Ballet pantomime inciculé les Enfans Jardiniers. Le petit gar6çon était âgé de fept ans, & fa four de cinq. Ils firent le plus grand plaifir dans ce Ballet, ainfi que dans celui des Sabotiers, & plufieurs autres qu'ils exécuterent avec des graces & des talens incroyables, dans un âge fi peu avancé. Ils amenerent toujours une foule prodigieufe de Spectateurs au Théâtre Italien, dont la gloire commençait à 'éclipfer, & que la perte de Thomaffin & celle de Romagnefi, dont nous parlerons bientôt,avaient rendu prefque defert. Ces enfans aimables continuerent à faire l'admiration de Paris, jufqu'au mois de Février de l'année suivante qu'ils parurent pour la derniere fois à la fuite du Faucon & du Retour de Tendreffe. La recette de cette repréfentation fut entierement à leur profit. Cet ufage établi dès long tems en An |