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les terres qui lui reftent, & qui n'y a rien à faire, fi l'on n'accepte fa terre avec fa fœur. Lucidor ne peut fe réfou dre à le dépouiller de fa feule reffource. D'abord Pasquin effrayé de la réfolution de fon Maître tire à part Lucidor, lui dit de fe bien garder d'accepter cette terre, que c'eft un fonds ingrat, que les frais en excédent le revenu; que l'air en eft trèsmal fain; que de plus elle a toujours porté malheur à ceux qui l'ont poffédée; qu'on y meurt fubitement, & qu'on s'y pend quelquefois; que Lifandre lui attribue tous les défaftres, & que c'eft par cette raifon, qu'il veut depuis longtems s'en défaire, fans en pouvoir venir à bout.

Lifandre perfifte dans fa réfolution, & donne fa parole d'honneur, de ne pas changer de fentimens, & fe retire, fuivi de Pafquin. Lucidor refte fort étonné de ce mêlange d'un libertinage outré, avec une façon de penser fi noble. Géronte qui furvient, n'en eft pas moins furpris, & tous deux concertent les de marier Hortenfe, aux dépens du tréfor caché, fuivant l'intention de Dorimon, mais fans que Lifan dre puiffe fe douter d'où eft venue la dot. Pour cet effet Lucidor propofe à

moyens

fon

fon ami, d'ufer d'un ftratagême, qui à la vérité ne s'accorde pas avec la gras vité de leur âge, mais qui lui paraît infaillible. Il lui apprend l'acquifition qu'il vient de faire, de l'avanturier Ar, le uin; & ajoute, qu'il n'y a qu'à le faire traveftir en Capitaine de Vaisseau, qui apportera cinquante mille écus, de

la

part de Dorimon, avec qui il aura lié amitié dans les voyages, & dont il annoncera le prochain retour. Les so mille écus feront dépofés chez un Notaire, au nom de Dorimon, pour être employés par Géronte à marier fa fille Hortenfe, quand il fe préfentera yn parti favorable. Il ajoute que cette rufe produira deux bons effets; l'un de fervir de frein au jeune homme " en lui faifant craindre le retour de fon pere, l'autre de lever l'obftacle qu'il apporte au mariage de fa four. Cet arrangement pris, Lucidor quitte Géronte pour aller travailler à l'exécution, & cel i-ci la rend plus facile en apprenant à Pasquin qui furvient, que Lucidor ne veut plus conclure, fans f avoir l'intention de Dorimon, dont ils ont appris le prochain retour, par un Capitaine de Vaisfeau de fes amis, nouvellement arrivé. Au quatrieme acte, Lifandre fe trouTome V.

L

ve avec Hortenfe & Julie, qui confentent à l'entendre,à la priere de fon amie, mais qui ne veut pas lui répondre pour ne pas défobéir à fon pere, qui lui a défendu de lui parler.

Lifandre. convient de tous les torts; promet de les réparer, & offre à Julie le facrifice de tout ce qui peut lui déplaire, dans les goûts auxquels il s'eft livré depuis quelques années. Ce facrifice paraît tardif à fa Maîtreffe, d'autant plus que fon pere prétend la marier dès le lendemain, & elle ne peut fe diffimuler, qu'il a raifon de ne vouloir pas rifquer de la voir malheureufe, avec un homme qui ne lui ferait pas plus fidele avant, qu'après le mariage. Il faut obferver que Julie adreffe toujours la parole à Hortenfe afin de ne pas manquer à celle qu'elle a donnée à fon pere. Lifandre n'épargne point les protefta tions d'une meilleure conduite pour la fléchir, & il en vient à bout: elle lui pardonne & lui parle bientôt directement fans s' en appercevoir.

Clitandre arrive, & fait de nouvelles inftances, pour obtenir Hortenfe de Lifandre Celui-ci perfifte dans fa délicateffe. Hortenfe l'approuve mais Julie prononce fans appel, en décla

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rant qu'elle n'époufera. point Lifandre s'il ne fe défifte de l'obftination, qui eft plutôt un caprice, qu'une générofité. Julie entend la voix de son pere fort & emmene Hortenfe avec elle. Cli→ tandre emmene auffi Lifandre; Pasquin fe difpofe à les fuivre, mais il est pé trifié à la vue de Dorimon, que cha cun croit encore aux Indes. Cependant il écoute ce vieillard, qui fe félicite lui-même de fon heureufe arrivée, & du plaifir qu'il fe promet de furprendre fa famille, qu'il n'a pas voulu prévenir. Enfin Pafquin recouvre l'ufage de fes jambes, & court avertir fon Maître.

Dorimon s'avance vers fa maifoni & eft furpris de voir une espece de mai rin, en prendre le chemin auffi-bien que lui; c'eft Arlequin, qui interrogé par le Vieillard, qu'il ne connaît pas lui débite, apparemment pour fe met tre en haleine, toute la fable qu'il eft chargé de débiter à Lifandre, fur fes voyages, fur fa qualité de Capitaine de Vaiffeau de la Compagnie, fur le nom da Vaiffeau qu'il commande, qui s'appelle, dit-il, le Rinocéros, ou le Monftre marin; fur fon propre nom, nom Indien qui dure un quart d'heure à prononcer, & qu'il a réduit en une

l'action, & affoiblir l'intérêt, en quoi il n'a fait que fuivre l'exemple de fon original, & de prefque tous les anciens; défaut que les modernes paraiffent avoir évité avec foinu el.

Dans cette Piece actuellement imprimée, les noms de Lifandre & d'Arlequin, font changés en ceux de Léandre & de Crispin.

Le Théâtre fut fermé cette année, le 3 Avril, par Coraline Magicienne, suivie d'un compliment dialogué entre Arlequin & cette Actrice, & il fut r'ouvert le 26 du même mois, par l'heureux Stratagême fuivi de l'Impromptu des Acteurs, Piece nouvelle en un acte, en vers libres, & précédée d'un compliment qui fut très-applaudi; mais dont nous ne donnerons que deux fables qui le terminaient.

FABLE DE CORALINE. Autrefois, dans le tems que l'on n'avait point

vu

D'Orangers dans notre Patrie,

Par le defir du gain un Jardinier ému,
En fit venir deux d'Italie.

2

L'un d'eux avec soin élevé,

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