J'ai fix mois en patins danfé dans la Nor vège. Je ne me borne pas à fi petite chose, Et c'eft fort peu pour moi que l'exécution, Je connais les Ballets à fond, Et fans me vanter, j'en compofe Qui font mieux deffinés que celui de la rofe....; Dans l'Opéra jamais eft-elle de saison? Par leurs doux mouvemens, dans une Sara bande, Charmaient les yeux des Spectateurs ; Le bon goût d'aujourd'hui, d'une grace en nuyeuse, Profcrit les fades agrémens, Et nous faifons danfer tous ces vieux mouve mens, A quelque troifieme Danseuse. Un Danfeur a la noble audace, On le trouve divin, il n'eft point de défaut Que la légereté n'efface; Auffi connaiffant bien le mérite d'un faut, Nous en mettons par-tout avec un foin ex trême ; Londres me vit un jour fous un habit oblong, Quel tapage ce fut! c'était pis qu'un ton nerre. De ce Cotillon-là, les Gourmets d'Angleterre Se fouviendront long-tems. Ah! pourvu que l'on danse,, On eft für d'obtenir une entiere indulgence; Jamais on n'analyse un Divertissement, On n'y demande point ni pourquoi, ni com ment: Qu'on habille en Gaulois un Héros de la Grece, Que l'on coeffe en bichon une grande Prê treffe, Que fans fe fouvenir qu'ils étaient ennemis Tout cela dans Zaide au Public a fu plaire; J'habite maintenant, & j'ai fixé ma Cour, Sous un arbre nommé l'arbre de Cracovic. J'y fuis très bien fervie; Sous cet arbre à midi précis, Dans un grand comité, mes Juges font affis, Là, fitôt que l'un deux prononce, Un effain d'Auditeurs dans la foule s'enfonce, Là, la bouche béante, & les yeux ébaubis, Bras balans, nés en l'air, nombre de mes amis 1 Gobent avidemment tout ce qu'on leur an nonce; Là plus d'un Avocat, d'un ftile peu concis, Pour me bien débiter, s'égofille & s'enroue; Et non loin de ce pofte, on voit plus d'un Greffier, Me broder & m'amplifier, Sur un Bureau nommé la Table de Mantoue... Non, rien n'eft fi plaifant, que d'entendre parler Tant de gens affemblés fur diverse matiere! On y change à fon gré la forme des Etats ; On ordonne, on défend, on refuse, on agrée, On dépofe, on remplace, on fupprime & l'on crée; Tel projet a paffé, tel projet ne passera pas; On a pris la redoute, on tient la demi-lune, Ce Ce Poëme eft fort bon, celui-ci ne vaut fick La fin du jour arrive, & jufques à la Brunk, (1) Que je ris de bon cœur, quand je vois la marote Pour le moindre papier que de la poche on Galopent du bout du jardin ! O Et ces derniers font très-nombreux, Ce font de nos Caffés certains piliers pou dreax, Qui brouillés avec la richeffe, Et par l'oifiveté devenus malheureux 1 De cent foins différens rempliffent leur penfée, Elles vous plairont, j'en fuis fûre, Vous y verrez comme LOUIS, Chéri, craint, admiré, Roi, Soldat, Vain queur, Pere, (1) La Brune, qui louoit alors les chaifes au Palais Royal. pint l'exemple aux leçons pour apprendre à 1 fon fils Le noble métier de la guerre. Vous y. verrez, comme un grand Roi, D'Achile & de Neftor, fachant remplir Pem ploi, Vainquit à Frieberg la Saxe, la Hongrie, Dans des cœurs pleins de jaloufie, La Piece finit par un Vaudeville dont voici quelques couplets. La critique afflige un Auteur, Le fifflet eft un aiguillon: A quelque chofe Malheur eft bon. 2 7 |