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voyant enfin qu'il n'eft plus tems de diffimuler, fe jette aux pieds de fa tante & la prie de ne pas rompre un nœud fi bien afforti.

La Comteffe qui ne demandait que cet aveu, parle ainfi à sa niece :

Vous outrez la réferve, & d'un fi grand dé

faut,

J'ai voulu vous punir ou corriger plutôt.
Ma Niéce, à l'avenir foyez moins défiante,
Vous avez mal jugé du cœur de votre Tante;
Et pour vous le prouver, je veux qu'un doux
lien

Vous uniffe au Marquis, & j'y joins tout mon bien.

Lucile pénétrée de reconnaiffance, promet à fa tante de n'avoir plus de fecret pour elle, & lui dit :

Vous ferez mon confeil, mon guide, déformais;

Et vous m'ouvrez les yeux fur mon erreur extrême; (1)

De fon trop de réserve on eft dupe toujours, Et la fincérité fert mieux que les détours.

(1) Il manque en cet endroit un vers; auxquels je n'ai pas ofé fuppléer.

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Le MARQUIS, au Baron.

Mon chant a le deffus, & de ta Poésie
Je recueille le fruit, dont je te remercie.

LUCILE.

Moi, j'ai pû difpofer des vers que vous ri

mez;

Dans Ville-Dieu, Monfieur, ils font tous im

primés,

Et la plaifanterie eft le jufte falaire,
Que méritent les foins de l'Auteur Plagiaire.

La COMTESSE.

Au Pigeon, pour le coup la Colombe eft ravie !

Le BARO N.

Certaine Tourterelle, en fecret mon amie, Va m'en dédommager, & je cours la trouver. L'Hymen eft une cage, heureux de s'en fau

ver !

Il fort, & M. Duberceau, pour couronner la fete, fait danfer fes Artifi ciers, qui exécutent enfuite le feu qu'il a promis.

Cette Comédie, comme nous l'a

vons déja dit, n'eft autre chofe que les deux Nieces, que M. de Boiffy avait donné fans fuccès au Théâtre Français, & qui à l'aide d'un médiocre changement en eut davantage au Théâtre Italien, fous ce nouveau titre, puifqu'elle eut quinze représentations avant Pâques; mais il donna bientôt la revanche aux premiers, en leur tranfportant le Duc de Surcy, également tiré du Comte de Neuilly, qui n'avait été donné que trois fois au Théâ tre Italien. Voyez l'extrait de cette Piece donnée le 18 Janvier 1736.

LA COQUETTE FIXÉE. Comédie en trois actes, en vers, fuivie d'un Divertiffement, 10 Mars * 1746. (1)

DORANTE, homme de condition, apprend à Clitandre, son ami, qu'il a paffé quelques jours à la Cour pour y obtenir l'agrément d'un Régiment; que T'affaire n'eft pas encore décidée, mais qu'il en efpere un bon fuccès, & s'en repofe fur les foins d'une tante, qui follicite pour lui. Il fait enfuite le portrait de la Comteffe qu'il aime, & dont il désespere de se faire aimer.

Ses dédains font fardés par un air gracieux; Elle fait déguifer la froideur de fon ame, Autant que je voudrais lui déguiser ma flâme; Ses regards, de concert avec le sentiment, Font naître mon efpoir, pour caufer mon

tourment.

Chez elle, du même œil, elle voit, elle attire

(2) La fcène fe paffe dans la Maison de Cidalife, dont la Comteffe occupe une partic.

L'homme qui fait bâiller, & l'homme qui

fait rire;

C'est un monde formé de vingt originaux,
De naissance, d'état & d'efprit inégaux,
Qu'un chimérique efpoir force de vivre en-
femble,

Que le mépris divife, & que l'erreur raffemble.

La Comteffe qui cherche à fe les maintenir,
Par leur peu de mérite, a foin de les unir.
En fecret, à chacun, orgueilleux & crédule,
De tous en général offre le ridicule,

Etablit la concorde entre tous ces Rivaux,
Et les enchaîne entre eux par leurs propres dé-
fauts.

Clitandre dit que Cidalife, fa Maîtreffe, eft bien différente, & Dorante l'en félicite, parce qu'une prude eft plus facile à vaincre qu'une coquette. Clitandre répond à fon ami, qu'il est dans l'erreur, & oppofe au portrait qu'il vient d'entendre de la Comteffe, celui qu'il fait de Cidalife.

Mon ami, Cidalife eft bien loin d'être prude; J'ai fait de fon efprit ma principale étude ; fa fierté n'etait qu'un vrai détour.

J'ai vu que

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