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Le Robin Damis ouvre le fecond par un monologue, dans lequel il fuppofe que la Comteffe eft devenue amoureufe de lui, & il ajoute qu'il a eu tort d'avoir fait faire la veille, à l'Opéra, fon portrait, qu'il aurait tenu d'ellemême. Pendant qu'il s'occupe à l'examiner, Dorante arrive, & appercevant Damis, il voudrait l'éviter, mais ce fat le plaifante fur le dîner faillant qu'il vient de faire tête à tête avec fon ami,

DORANTE.

Un tel plaifir

Eft toujours un récit ennuyeux à mourir,
Vous devriez plutôt nous faire part des vôtres;
Tous vos plaifirs, Meffieurs, font différens
des nôtres,

Car vous ne les goûtez qu'en nous les racon

tant,

Et les nôtres ne font fentis qu'en les goûtant.

Damis dans le cours de cette fcène, apprend à Dorante que Damon épouse dans peu la fille d'Orgon; & dans le moment que Dorante fe croit raffuré fur les fentimens de la Comteffe, Damis lui fait confidence qu'il en est aimé; Dorante refufe de le croire, & Damis pour prouver la vérité de ce

à

qu'il vient de dire, montre le portrait de la coquette, qu'il dit avoir reçu d'elle, & fé retire en recommandant le fecret à Dorante. Celui-ci demeure interdit'; peu peu il fe met en fureur il jure de vaincre la tendreffe qu'il a pour elle, & dans le tems qu'il fonge aux moyens de cacher fon trouble aux yeux de la Comteffe, il voit arriver Cidalife, il l'aborde avec émo tion, & lui parle avec douleur des égaremens de la Comteffe. Comme il dit que la feule amitié l'intéreffe pour elle, Ĉidalife lui fait entendre qu'elle croirait, à son émotion, qu'il eft conduit par l'amour. Dorante s'en défend fur le caractere de la Comteffe, & dit qu'il ne voudrait aimer qu'une perfonne capable des mêmes fentimens. Enfin il confie à Cidalife que la Comtesse a donné fon portrait à Damis, dont l'étourderie & l'indifcrétion vont la perdre dans tout Paris.

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La Comteffe aurait dû mieux placer les amours; Nous aimons malgré nous, mais nous devons

toujours

Eclairer notre amour avec la taifon même,

Montrer dans notre choix une prudence ex

trême,

Et favoir inénager par un accord fi doux,
La tendreffe d'un feul & le refpect de tous.
Sur la foi d'un Amant, lorfqu'une femme
compte,

Le tems la met en droit de fe rendre fans honte;

Et le monde éclairé, juge par le Vainqueur, -S'il l'eft par le caprice ou par le choix du cœur.

Elle promet à Dorante de parler là-deffus à la Comtefle fon amie, à qui elle fe propofe de demander un entretien particulier.

Dorante refté feul, fe promet bien auffi de ne plus fonger à cette perfide, & même de ne la jamais revoir. En ce moment peu, favorable, Carmin arrive & préfente à Dorante le portrait de Cidalife qu'il vient de finir. Dorante préoccupé, le repouffe fans l'appercevoir en lui difant:

Non, je ne veux jamais fonger à cette iugrate.

Il fort, & Carmin demeure étonné de cet évenement, il croit que c'eft l'effet de quelque rupture, & craint que fon portrait ne lui refte. Pen

dant qu'il fait quelques réflexions làdeffus, la Comteffe arrive, & lui demande qui il eft; Carmin répond qu'il eft Peintre & qu'il a le talent de faire un portrait fans la permiffion de l'original. La Comteffe refufe de le croire, il lui répond qu'elle eft elle-même dans le cas, & elle replique qu'ellé defirerait pour toute chofe au monde que ce fut par l'ordre de Dorante. Le Peintre ne laiffe pas échapper cette occafion de lui demander fi ce Dorante eft un honnête homme. La Comteffe l'en affure, & alors il lui confie que ce Dorante lui avait commandé un portrait, & qu'au lieu de le payer, lorfqu'il le lui a apporté, il a refufé de le prendre. La Comteffe demande à voir ce portrait & le reconnaît pour être celui de Cidalife; piquée de voir que Dorante ait montré par cette démarche des fentimens pour une autre, elle profite de l'occafion pour fe venger; elle prie le Peintre de lui laiffer ce portrait, puifque Dorante le refuse, & lui donne dix louis que le Peintre reçoit avec joie & s'en va.

Tandis que la Comteffe réfléchit fur une avanture dont elle croit n'être piquée que par vanité, Cidalife arrive,

l'aborde d'un air très-embarraffé. Les létours dont elle fe fert pour amener a converfation qu'elle veut avoir avec a Comteffe, confirment celle-ci dans 'erreur où le Peintre Fa jettée, & royant que Cidalife redouble de précauions, elle la met à l'aife, en lui avouant qu'elle fait que c'eft un portrait dont 1 eft queftion; mais elle eft loin d'inaginer que ce foit le fien, auffi marque t-elle beaucoup d'étonnement d'abord, mais bientôt elle ripofte à Cidalife d'une maniere plus heureuse, en lui remettant le fien. Celle-ci n'est pas moins furprise, mais de tous ces étonnemens, aucun n'égale celui de Dorante qui vient apprendre le fruit des confeils de Cidalife, & qui en reçoit des reproches. Son ami Ĉlitandre qui eft avec lui, & qui connaît la paffion véritable de Dorante pour la Comtefle, devine la méprife du Peintre, mais en ce moment on apporte à Dorante une lettre très-preffée, que la Comteffe l'engage à lire promptement. Cette lettre eft en effet de fa tante, qui lui apprend que le Régiment lui eft accordé 'il peut trouver une fomme de vingt mille écus, qu'il faut abfolument compzer dans la journée. Dorante a peu d'ef

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