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pérance de trouver une pareille fom me, il voudrait avant de quitter la Comteffe, l'éclaircir de la méprife du Peintre; mais Clitandre l'emmenant malgré lui, pour chercher le prix de fon Régiment, la Comteffe plus attachée à Dorante, qu'elle ne le croit, fait des réflexions fur fa fituation, & craint qu'il ne manque fon avancement, faute de l'argent néceffaire. Lifette lui représente qu'elle n'eft nullement en état de lui faire cette avance, mais la Comteffe lui répond qu'elle vient d'imaginer un moyen de rendre un fervice à fon ami, & trompée sur les véritables motifs de fa générofité, elle fort, en difant que bien infenfible à l'amour, elle ne faurait manquer au devoir de l'amitié.

Tandis que Cidalife réfléchit fur la méprife du Peintre, dont elle a été inftruite par Clitandre, pendant l'entr'acte, & qu'elle ne peut plus fe diffimuler de l'amour qu'elle reffent pour Dorante, ce dernier arrive, au désefpoir de n'avoir pû venir à bout de trouver la fomme néceffaire pour payer fon Régiment; l'idée de voir manquer fes avancemens, & le chagrin quel !ui donne la Comteffe, lui font prendre

parti, non-feulement de quitter le ervice, mais encore de s'éloigner de aris, & d'aller vivre dans fes terres. 1 communique cette réfolution à Citalife, qu'il prie de lui conserver son imitié, & de lui écrire quelquefois ; l l'affure qu'en arrivant chez lui, il va fe marier. Cidalife lui demande fur quel objet est tombé fon choix. Dorante répond qu'il n'a rien encore décidé, qu'il ne veut qu'une perfonne qui lui convienne, & fur-tout qui foit raisonnable. Il prie Cidalife de lui en indiquer une de ce caractere, & promet de l'accepter de fa main enfin peu à peu il parvient par lui propofer de l'époufer ellemême; Cidalife ne s'en défend point, & Dorante fonge déja à prendre des mefures pour conclure ce mariage dès le lendemain. Damis qui eft furvenu, & a entendu la fin de leur converfation, les plaifante l'un & l'autre fur une réfolution auffi précipitée; Cidalife lui permet de répandre dans Paris une nouvelle qu'elle fera la premiere à publier, & fort avec Dorante.

Le premier foin de Damis eft d'aller informer la Comteffe de ce que le hafard lui vient de faire découvrir; la Comteffe en eft outrée, & dans ce mo

ment voit arriver Clitandre, tout joyeux d'avoir trouvé vingt mille écus, dont fon ami a befoin. Elle lui apprend d'abord le prochain mariage de Dorante avec Cidalife, & elle est toute étonnée de voir qu'il n'eft pas vivement piqué de cette aventure. Clitandre prétend au contraire que c'est un service qu'il lui a rendu, puifqu'il n'avait pû fe faire aimer de Cidalife; il ajoute :

Je dois lui rendre graces; oui, la chofe eft certaine,

Je vais moins le chercher pour vanter mon bienfait,

Que pour me réjouir du plaifir qu'il me fait.

La Comteffe demeurée feule ne faurait plus cacher fa douleur, elle convient avec elle-même que les fentimens qu'elle prenait pour de l'amitié, étaient ceux d'une véritable tendreffe. Elle eft au défefpoir de perdre Dorante, elle l'envoye chercher, & bientôt il paraît; la Comteffe lui parle de fon mariage; Dorante lui dit qu'il venait pour lui en faire part. La Comteffe cache fon dépit le plus qu'il lui eft poffible, enfin il éclate, & elle défend à Dorante de jamais revenir chez elle. Dorante répond avec

liteffe, & fe détermine à fortir. La mteffe le rappelle. Elle voudrait le Etourner de ce mariage, mais il paît déterminé à le conclure, quelque hofe qu'elle lui puiffe dire. Elle va jufu'à lui propofer un autre parti que Doante refuse dans la crainte, dit-il, que ette amie de la Comteffe ne veuille vivre comme elle dans le grand monle, pour qui il a beaucoup d'éloigne

nent.

Je ne veux point avoir une Maison bruyante,
Où Paris en détail s'amene & fe préfente;
Où l'on trouve Officiers, Magistrats, beaux
efprits,

Toute efpece, en un mot, excepté des amis;
Une Maison enfin, où loin de s'en voir maître,'
Le mari fubjugué, n'a pas droit de paraître.

Si le foir par hafard, lorsqu'il vient de ren

trer,

Chez fa femme un moment il ofe fe montrer,
On demande tout bas quel homme ce peut

être ?

S'il fe trouve quelqu'un qui le fasse connaître,
On fe leve, & Madame avec un air tranfi,
Dit me vous levez pas, Meffieurs, c'est mon

mari,

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Il s'en ira bien-tôt, car jamais il ne soupe. Alors le férieux gagne toute la Troupe; Tous d'un ennui marqué femblent envelop pés,

Le filence eft rompu par quelques mots coupés.

L'homme, qui voit le froid que fa préfence infpire,

Et qui juge ailément qu'on veut qu'il se retire, S'efquive, ouvre la porte en déplorant fon fort,

Et l'on voit la gaieté qui rentre quand il fort.

La Comteffe lui demande fi elle s'eft jamais conduite ainfi avec fon

mari.

t

DORANT E.

Mais je fai, lui vivant, que l'on vous a cru

veuve.

Certain Marquis, dit-on, féduit par l'appa

rence;

Mais ennuyé pourtant de n'être pas heureux, Vous propofa l'Hymen pour couronner fes

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feux.

Votre réponse fut un grand éclat de rire,

Après quoi gravement vous daignâtes lui dire,

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