portait le nom; Panard qui fe chargeait volontiers de cette befogne, ayant un jour oublié d'en faire un pour Riccoboni fils, cet Acteur s'en vengea par l'impromptu fuivant, qu'il fit fur le champ dans le foyer. Autrefois de vos chanfonnettes, Gratis. Le 8 Février, on donna un Divertiffement à l'occafion du mariage de Monfeigneur le Dauphin. Cette Piece n'eut que le fuccès que devait naturellement lui procurer un événement à laquelle toute la France prenait part. Le 10 du même mois, les mêmes Comédiens donnerent, gratis, pour la méme occafion, la Sylphide, la Veuve Coquette & la Folle raifonnable. Ils firent la clôture de leur Théâtre la 18 du même mois, par le Prince de Salerne, mêlé de trois divertiffemens, & fuivi d'un compliment dialogué entre Arlequin & Scapin, & Coraline. Le premier feint de venir annoncer comme à l'ordinaire, & Scapin du bord de la couliffe, lui crie qu'il faut un Compliment pour la clôture. Arlequin lui dit de s'en charger, mais celui-ci s'excufe fur ce qu'il ne fait pas le Français, & que c'est l'ufage des amoureux de se charger de ce devoir. Coraline furvient, dit qu'elle fe reffouvient de quelques vers, qu'elle va débiter comme elle pourra; Scapin promet de parler en mauvaise profe, & Arlequin en Vaudeville. SCAPIN. Nous avons donné cette année une quantité de nouveautés; très-peu ont réuffi. CORALINE. L'Italien pour nous fertile en bagatelles, Et nous avons donné pour varier nos jeux (1) L'Inconftant ramené qui n'eut qu'une repréfentation, & le Prince de Surêne, Parodie du Duc de Surcy, qui n'eut pas beaucoup plus de fuccès. ARLEQUIN. Mon premier devoir eft de faire rire. tre. SCAPIN. Attends que nous foyons au Théâ ARLEQUIN. Je n'en faurais faire trop de répéti tions. Scapin annonce la nouveauté qu'ils projettent de donner le lendemain. ARLEQUIN. AIR Des Fraifes. Nous aurons grand foin de ne Et nous agirons pour que Nos Auteurs nous donnent de L'ouvrage, l'ouvrage, l'ouvrage. CORALINE. Tout jufqu'à notre Artificier, Charmé le Public à fes feux foit pro que pice, Pour les faire durer, fon art n'oublira rien; Et vous verrez qu'il n'eft tel qu'un Italien, ARLEQUIN. AIR: Folies d'Espagne. Pour foutenir un ouvrage débile, AIR: Motbleu vive un Flatteur. Vous chez qui l'agrément Qui du grand mobile Avez le maniment, Venez, Meffieurs de la Finance, Et nous nous effercerons On chanta encore beaucoup d'autres couplets adreffés aux Dames, aux Militaires, & aux gens de Robe, mais qui rendraient cet extrait trop long. Ce Compliment fut fuivi de l'Epreuve, & de la Comédie héroïque, la Vie eft fonge. L'AMOUR CASTILLAN. Comédie en trois actes, en vers libres, fuivie d'un Divertissement, 11 Avril 1747. (1) AZARILLE, Valet de D. Lope, s'étonne de la maniere dent on fait l'amour à Seville, fans voir & fans être vû. Béatille, Suivante d'Aurore, dont il s'eft fait aimer, arrive mafquée & couverte d'une mante, & lui remet de la part de fa Maîtreffe, une corbeille pour fon Maître, & dix ducats pour lui. Lazarille s'écrie que l'amour eft pour eux un pérou. Il preffe enfuite la Soubrette de fe découvrir, mais elle s'en défend, & dit à part qu'elle veut connaître s'il l'aime en effet. Elle lui parle d'elle-même, comme par un mouvement de jaloufie, elle lui reproche le penchant qu'il a pour Béatille. Lazarille s'en défend, l'affure quil détefte cette prude; il veut lui arracher fon mafque, elle lui donne un foufflet & le quitte. Lazarille est tout (1) La scène eft à Séville, dans un Hôtel, |