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étonné d'avoir reçu dans un même moment des preuves d'amour, dix ducats & un foufflet. Béatille reparaît un inftant après, fans mante & fans mafque; & lorfqu'il va pour lui parler, il voit venir Aurore, travestie en Cavalier Caftillan, ayant un bras en écharpe, & fous le nom de Mendoce. Lorfque Lazarille eft parti, la Suivante reproche à fa Maîtreffe la vie qu'elle mene en ce lieu, toujours fuivie de Muficiens & de Danfeurs; Aurore lui répond qu'elle eft libre, & qu'elle ne veut fuivre déformais d'autres loix que celles de l'amour. Cette réponse est une raifon de plus pour la févere Béatille, qui reproche encore à fa Maîtreffe, d'avoir fitôt oublié les promeffes qu'elle a faites à D. Lope, & les fervices qu'elle en a reçus. Elle ajoute que tant de raifons ne devaient pas lui permettre de l'oublier fi facilement, pour un nouveau venu, qui peut être n'eft qu'un avanturier. Aurore lui répond que ce nouveau venu n'est autre que D. Lope, qui obligé de se cacher pour avoir tué D. Henrique, qu'on voulait la forcer d'époufer, a pris le nom de Gufman. Elle ajoute que quoiqu'ils s'aiment tous deux, D. Lope ne l'a jamais vue ; ils ne se sont

parlé qu'à travers une jaloufie. Aurore développe alors fon caractere romanefque, en difant qu'elle n'aime l'amour qu'entouré d'obftacles, & d'évenemens finguliers, & que c'est par cette raifon qu'elle s'eft traveftie pour fuivre D. Lope, & l'enlever à une certaine Ifabelle, à laquelle il offre depuis peu fes hommages; & qu'afin de parvenir à mieux connaître le fond de fon cœur, elle a recherché & obtenu fon amitié, & n'a pas moins fçu plaire à Isabelle fa Rivale, qui eft une veille coquette.

Aurore congédie Béatille, en voyant paraître Gufman, & elle remet fon bras en écharpe; celui-ci lui reproche de s'être battu fans l'avertir, mais Aurore toujours fous le nom de Mendoce, lui apprend qu'elle n'a pas eu befoin de fecond, & que fa blessure eft très-légere. Alors Gufman lui apprend à fon tour qu'il vient de recevoir fa grace parmi quelques préfens d'une affez grande valeur. Aurore à qui il en a l'obligation fans le favoir, lui demande qui il foupçonne de lui avoir rendu un fervice fi important. Gufman lui avoue fans détour, qu'il croit en être redevable à une veuve, dont il a fçu toucher le cœur ; mais il ajoute

qu'elle l'embarraffe par fa profufion, à laquelle fa fortune l'empêche de répondre ainfi qu'il defirerait; il fait entendre qu'il lui a fait cependant plufieurs préfens très-bien reçus, & qu'elle ne s'eft pas même défendue d'avoir eu part à la grace qu'il vient d'obtenir. Aurore a peine à retenir la colere que lui inspire l'impofture de fa Rivale; elle demande à Gufman une preuve de fon amitié, en lui prêtant fa main, pour la venger, puifqu'elle ne peut fe fervir de la fienne. Gufman qui croit qu'il eft queftion d'un cartel, offre de bon cœur fon fervice; mais Aurore lui apprend qu'il n'est question que d'une rupture, & elle le prie d'écrire cette lettre qu'elle lui dicte :

» J'avais perdu l'efprit lorfque pour m'a» muser,

» Je daignai vous offrir une espece d'hom

» mage;

» Le bon fens vient enfin de me défabuser.

» Votre dupe à jamais échappe de vos mains, » Vous ne méritez pas le dernier des hu

>> mains >>.

Gufman fort, & l'on imagine bien

qu'Aurore qui deftine cette lettre à fa Rivale, ne tarde pas à la lui faire remettre. Elle en charge Béatille qui ayant fur le cœur l'injure qu'elle a reçue de Lazarille, l'engage à porter ce billet, dans l'efpérance qu'il pourra lui valoir quelques coups de bâton.

Au fecond acte Lazarille fait connaître qu'il a échappé heureusement à la récompenfe que Béatille avait prévue pour lui; mais il n'en eft pas quitte; Arlequin & Scapin paraiffent & le faififfent au colet; ils lui donnent un billet pour fon Maître, & fe mettent en devoir d'acquitter fur fes épaules, la reconnaiffance d'Ifabelle; Lazarille a beau les fupplier, ils font infenfibles à fes raifons; mais ils fe laiffent toucher par dix ducats qu'il leur offre, & qu'ils acceptent. Auffitôt que Gufman paraît, Lazarille lui remet la lettre d'Ifabelle, en l'affurant qu'il en a bien payé le port. Gufman après l'avoir lue eft dans le plus grand étonnement: mais après que Lazarille à appris que c'eft Béatille qui l'en a fait le porteur, Gufman soupçonne aifément que c'eft une trahifon de Mendoce, qui fans doute a fait cet indigne ufage du billet qu'il l'a prig d'écrire. Celui-ci paraît, & n'augmente

pas médiocrement la furprise de Gufman, lorsqu'il lui apprend qu'Ifabelle, dont il est aimé, l'a chargé de fa vengeance. Le faux Mendoce joint à cette étonnante nouvelle, le billet qu'il a reçu d'Ifabelle.

GUSMAN, lit.

» Un téméraire, à qui j'avais prêté mon

» cœur,

» Outré de voir, qu'enfin vous êtes mon » vainqueur.

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» J'ai recours à votre courage ;

» Si vous m'aimez, Mendoce, il faut me le

» prouver.

» L'infolent eft Gufman; je demande fa

"

» vie ;

» Ma haine ne peut être autrement assouvie. » Pour ne vous point trop hafarder,

» En me rendant ce bon office,

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