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Je veux que tout au moins vous puissiez m'es

timer.

La Comteffe convient alors de fon amour pour Dorante, & reconnaît les erreurs de la coquetterie. Dorante enchanté, lui donne la main, & le Robin étonné de voir fon Rival l'emporter fur lui, fort après avoir rendu le portrait de la Comteffe, avec un mépris qui acheve de peindre fon impudent caractere, & la Comteffe abfolument revenue, finit la Piece par ces vers qu'elle adreffe à fon époux.

C'est à vous rendre heureux que je mettrai ma gloire,

Et par un changement qu'on aura peine à croire,

Je veux que déformais le monde foit inftruit,

Que fouvent c'est le cœur qui ramene l'esprit.

Cette charmante Comédie eft de M. L*. de V***. de l'Académie Françaife. Elle eut le plus grand fuccès, & le mieux mérité. L'intrigue en eft fimple & bien conduite; le plan en eft bien concerté, puifqu'il ne ferait pas poffi

ble d'en ôter ou déplacer une feule scène. Les caracteres en font vrais & bien foutenus, & le dénouement auffi heureux que fatisfaifant. Quant au ftyle, il ne laiffe rien à defirer, & ne gagne pas moins à la lecture qu'à la déclamation. Une Comédie qui réunit autant de parties excellentes, & qui fatisfait également le cœur & l'efprit, ne pouvait manquer de réuffir beaucoup, auffi eut. elle plus de trente représentations ( 1 ) dans la même année; nous ne devons pas oublier de dire, pour ajouter l'éloge qu'elle mérite, qu'elle eut presque autant de critiques, que d'admirateurs; mais les derniers font reftés, & les premiers ont difparus.

Les Comédiens firent la clôture de leur Théâtre le vingt-fix Mars, par la Piece dont nous venons de donner l'extrait, l'Epreuve & un magnifique feu d'Artifice, précédées du Compliment fuivant, fait & proncé par Riccoboni.

(1) A la treizieme, on ne joua que le premier acte, à caufe de l'indifpofition fubite de Mademoiselle Silvia.

Meffieurs, jamais dans notre Théâtre, celui qui a l'honneur de parler au Public le jour de la clôture, ne s'eft trouvé dans un occafion auffi favorable & auffi flatteufe qu'elle l'eft aujourd'hui pour moi.

A la fin des années précédentes, nous nous occupions à vanter notre zèle pour le Public, parce que rien ne nous affurait qu'il eût été remarqué. Nous rendions graces aux Spectateurs de leur indulgence ftérile, qui ne pouvait fatisfaire que notre zele; quelle différence aujourd'hui, Meffieurs! Je puis avec une véritable joie, me rappeller vos bontés pour nous, dans toutes les nouveautés, foit Italiennes, foit Françaises que nous vous avons préfentées; vous nous avez applaudis, c'était beaucoup; mais vous avez conftamment fuivi notre Spectacle, vous y êtes venus en foule; c'eft remplir tous nos fouhaits. C'eft nous perfuader qu'il y avait dans vos applaudiffemens quelque chofe de plus que de l'indulgence; pardonnez-nous, Meffieurs, ce petit mouvement d'amour propre, il ne fera que nous attacher davantage à nos devoirs envers le Public.

La

La derniere de nos Pieces nouvelles, eft celle qui nous a produit les plus nombreuses & les plus brillantes affemblées. Cet heureux fuccès, bien-loin d'exciter la vanité de l'Auteur, a réveillé fa modeftie; il m'avait chargé, Meffieurs, de vous faire fentir dans ce remercîment, qu'il ne comptait devoir les marques d'approbation dont vous avez honoré fon ouvrage, qu'à Votre feule complaifance; mais nous voyons trop clairement qu'en applaudiffant la Coquette fixée, vous n'avez montré de l'indulgence que pour les Acteurs, & pour l'Auteur que de la juftice. Continuez, Meffieurs; tout vous affure que nous ferons toujours les mêmes fi notre zele ne s'eft point démenti, lorsqu'il n'était pas heureux, quelles nouvelles forces ne prendrat-il pas lorfqu'il fe verra récompenfé?

:

Ce Compliment fut très-applaudi, & celui qu'Arlequin récita à l'ouverture, le 18 Avril, ne le fut pas moins. Il finiffait par ces vers, adreflés aux Officiers.

Partez, braves Français; foit que par la préfence

Louis redouble encor vos guerrieres ardeurs.

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Soit que Mars aux combats vous guide en fon abfence,

Vous reviendrez ici vainqueurs.

Rappellez-vous alors ce que je vais vous

dire ;

Paffez les Ponts quand vous voudrez pleurer; Venez nous voir danfer & folâtrer,

Quand vous voudrez vous amufer & rire.

Ce Compliment fut fuivi de la Coquette fixée, & du Diable boiteux.

Si quelques perfonnes fe plaignent que nous avons inféré dans cet ouvrage les complimens de chaque année, qui font prefque toujours les mêmes, nous les prions d'obferver, que s'ils fe reffemblent tous quant à la forme, ils font fouvent très-différens dans le fond, puifqu'ils contiennent toujours l'histoire de l'année, & que ce font des Pieces juftificatives de l'accueil ou de l'abandon que le Public a fait de ce Théâ

tre.

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