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» Deux très-honnêtes gens, qui font à mon » fervice,

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» Ont ordre de fe joindre à vous pour vous » aider ».

Aurore fe juftifie aifément d'avoir trahi l'amour & l'amitié, fur ce que Gufman ne lui avait point confié fon intelligence avec elle; Gufman eft indigné de la fauffeté d'Ifabelle; cependant les préfens qu'il a reçus d'elle le tiennent encore dans l'incertitude fur fa trahison; mais Aurore l'en tire, ou plutôt l'y replonge davantage, en l'affurant qu'Ifabelle, loin d'avoir part à cette générofité, a plus reçu de lui qu'il n'a reçu d'elle.

Lazarille tout effoufflé, vient apprendre à fon Maître que le Corrégidor vient de mettre en lieu de fûreté les fpadaffins qu'Isabelle avait apoftés contre lui; cette noirceur indigne de plus en plus Gufman, qui regrette l'infidélité qu'il a faite à fa chere Aurore, & fon cœur trop plein épanche en ce moment fes regrets & fon amour, dans le cœur de fa Maîtreffe même, qu'il ne croit être que fon ami. Il eft facile de juger le charme qu'elle goûte dans cette

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confidence, & fur-tout lorfqu'elle voit Gufman lui faire fes adieux, pour aller, dit-il, fe jetter aux pieds d'Aurore; mais il la preffe auparavant de lui apprendre à qui il eft redevable de tant de bienfaits. En ce moment Aurore laiffe tomber fon portrait, que Gufman ramasse & admire, mais qu'il ne peut reconnaître, par ce que dans ce portrait Aurore eft revêtue des habits qui conviennent à fon fexe; Gufman la quitte enfin, après l'avoir embraffé, ce qu'elle n'a pu refuser comme une marque de fimple amitié.

Béatille revient; Aurore lui apprend le fuccès de fa rufe, & que D. Lope eft prêt à partir pour aller la chercher à Madrid, mais elle ajoute qu'elle faura différer fon départ, parce qu'elle prétend auparavant lui faire fubir une feconde épreuve, afin de favoir fi l'intérêt n'entre pour rien dans les vues de cet Amant ; elle fort avec fa Suivante, qu'e le va inftruire de fes deffeins.

Béatille, mafquée, ouvre le fecond acte avec Lazarille, qui lui apprend qu'il vient de boire à fa fanté, le vin qu'il de l'étrier. Celle-ci lui fouhaite toutes les

malencontres qui peuvent accompagner

un malheureux voyage, & finit par le donner aux diables.

Gufman vient apprendre à fon Valet, qu'au moment où il allait pour payer toutes fes dettes, avant que de partir, il les a trouvées toutes acquit tées, ce qui ne lui permet plus d'ignorer à qui il eft redevable des autres bienfaits. I ordonne à Lazarille d'aller preffer les chevaux, & lorfqu'il est refté feul, il fe livre au plaifir de revoir fa patrie, & fa chere Aurore, dont il efpère un accueil favorable: en ce moment il entend une voix qui chante ces paroles:

Aimons, aimons-nous;

Aimons-nous, tout nous y convie,
L'amour est l'ame de la vie.

Il reconnaît cette voix pour celle d'Aurore, & ces paroles qu'elle proférait; il ne doute point que ce ne foit elle, & vole à l'appartement, où il croit l'avoir entendue; mais il eft arrêté

par Béatille, qui l'empêche d'entrer: il lui fait plufieurs queftions; cette Suivante répond que fa Maîtreffe qui était fort riche autrefois, eft réduite à faire ufage du talent que la nature lui

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a donné

pour le chant; Gufman demande avec empreffement quels font les malheurs qui peuvent l'avoir réduite à cette extrémité. Béatille lui répond que c'eft la févérité d'un pere, qui l'a déshéritée pour avoir donné fon cœur à un Amant qui a eu le malheur de tuer le Rival, auquel on voulait la forcer de s'unir. Dans ce récit Gufman reconnaît facilement fon hiftoire, & preffe Béatille de le laiffer parler à fa Maîtreffe; mais elle lui répond qu'elle en a reçu une expreffe défense. Alors Gufman foupçonne qu'elle pourrait être aimée de Mendoce, & être l'original du portrait qu'elle lui a fait voir; il accuse fa deftinée qui le rend toujours le Ri

val de fon amie. Lazarille vient l'avertir que les chevaux font prêts, mais fans l'écouter, il entre pour éclaircir tous les foupçons.

Aurore arrive habillée en Dame Ef pagnole, dit à Lazarille d'aller chercher fon Maître, pour le confulter fur un ballet qu'elle va répéter. Lorfqu'il eft parti, Béatille enchante fa Maî¬ treffe en lui apprenant que fa voix a jetté le trouble dans le cœur de fön Amant. Il paraît, & la reconnaît facilement, pour celle dont Mendoce lui

a fait voir le portrait. Elle ne fait pas non plus difficulté de le reconnaître pour D. Lope, fon ancien Amant; elle lui reproche, non la perte de fes biens, qu'il a caufée, mais l'infidélité qu'il a commife, en aimant Ifabelle. D. Lope fe jette à les genoux; Aurore lui fait quelque tems acheter fon pardon, pour le punir, par ce qu'elle prétend qu'on pardonne mieux quand on ek bien vengé, quitte après d'en aimer davantage; enfin elle lui donne fa main, lui apprend qu'Aurore & Mendoce font le même; les Danfeurs de fa fuite arrivent & forment un divertiffement qui termine la Piece.

Cette Piece qui eft de la Chauffée, eft tirée d'une autre Comédie Efpagnole [1], & fut jouée dans les habits de cette Nation; ce qui étonna beaucoup, tant le coftume était mal obfervé. Elle eft vivement intriguée, & bien écrite ; mais le fond de l'avanture, & les caracteres, ayant peu de rapport à nos mœurs, elle n'eut qu'un

(1) On trouve auffi dans Gilblas, une histoire qui a beaucoup de rapport au fujet de 'cette Comédie.

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