La Juftice, dans le lointain, Et pour achever le deffein, Je veux mettre à quelque diftance, La Déeffe Santé, qui, la bourse à la main, Victime d'un art affaffin Paiera tous les frais de l'Inftance. L'Eleve ajoute une question qui l'embarraffe. Il demande pourquoi la Peinture & la Poëfie ont toujours repré fenté la Chicane avec une affreufe maigreur, quoique chaque jour elle fe repaifle des morceaux les plus excellens. La PEINTURE. Je le fais; mais il eft en elle, Un appétit fi grand, une faim fi cruelle, Que le vorace Eréfithon, N'a jamais été fi glouton; Chez elle Baffe-cour, Colombier, Bergerie, Tout fond dans un moment, ou l'estomac lui crie, Et ce moment fatal arrive à tout propos. On lui voit dévorer les arbres les plus gros, Ses dents fur des Palais exercent leur furie ; Et dîne d'une Métairic. La La Peinture & fon Eleve s'entretiennent encore des différens tableaux qui ont obtenu des fuffrages dans l'expofition de cette année. La fcène fuivante eft remplie par la miniature, qui après avoir effuyé les hauteurs de fa fœur aînée la Peinture. à laquelle elle répond assez bien, prend fon porte-feuille, & en tire d'abord un portrait, que la Peinture prend pour celui du Dieu Mars, & dont l'original eft un jeune Procureur. La PEINTURE. ر Pour achever l'allégorie,ɔ d'A Il fallait donc lui mettre une lance à la main. La MINIATURE. Il lui fuffit de sa plume, Pour dépouiller le genre humain. La Miniature montre encore le portrait d'une Vénus qui compte foixante printems & quatre dents dans fa bouche, & celui d'une nimphe des cours de l'Opéra, traveftie en Diane févere. Le Génie de la Mufique vient faire une alliance avec la Peinture, quiy.confent à condition qu'il lui prouvera qu'il eft Peintre comme elle. Le Génie acTome V. R Quand un Traitant de fon tableau me charge, Pour lui donner un air de satisfaction, J'attends le jour où l'on émarge L'état de répartition. Pour peindre en bonne humeur une Mère coquette, J'attends qu'elle ait à fa fillette Dérobé quelque soupirant; Pour peindre un Courtilan, je guette L'instant où la difgrace abat fon Concurrent. La PEINTURE, ajoute. Ne peignez point les Clercs à la fin du Carême, Ni les Banquiers le neuf du mois. Une Ecoliere (Terpficore) vient à fon tour visiter la Peinture, qui lui reproche que fa Maîtreffe met trop peu de variété dans fon talent, & fait danfer de même. Faune, Matelot, Enchanteur, Romain, Farmate, Grec, ne s'y diftinguent i-p L'Ecoliere excufe Terpficore; elle affure la Peinture, qu'elle n'enfeigne pas ainfi fes Eleves, & en donne la preuve en dansant une farabande, d'un air très-majestueux; la Peinture l'applaudit, & l'Ecoliere ajoute: Voulez-vous qu'en danfant je vous peigne une Agnès, Telle que ce tems-ci nous en montre les traits? Dans une figure idiote,' Qui ne fait où placer ses mains, Et fais copier à propos Tous les traits anciens & nouveaux D'une fille qui fait la sotte, Dans l'efpoir de trouver des fots. (Elle danfe la Niaife.) La PEINTURE. Jamais au Théâtre Lyrique De cette vérité la danse ne se pique. L'ÉCOLIERE. Bon! j'ai vu dans ce lieu plus d'un original, Non fans copie, ofer, dans un pas infernal, Regarder avec complaifance, Et la jambe & fes bras. Quoi! n'eft-il pas bouffon De voir en doucereufe & fade contenance La PEINTURE. Comment en pareil occurrence feriez-vous? L'ÉCOLIERE. al De cette façon. (Elle danfe la Furie.).. La PEINTURE. Plus on vous voit, plus vous êtes chérie ; Du Public juftement vous êtes les amours; Par-tout, même dans la Furie, Vous êtes une Grace, & la ferez toujours. La derniere fcène est celle de la Poëfie, qui vient auffi féliciter fa four, & lui faire part de différens portraits qu'elle a tracés. Le premier eft celui de l'Amourempi. 1 Justdī Produit par la beauté, fouvent par le caprice, Guidé par la folie, & nourri par l'efpoir, Is Enfant pour la malice, Et vieux pour le savoir, ang Sur fon goût réglant fon devoir, T Sourd à la voix de la Juftice, Tyran, flatteur, & gracieux, Naturel & plein d'artifice, |