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bouteilles de notre Auteur, & certainement elle lui a bien moins coûté.

J'ai, ce matin, fait préfent à Lisette
D'un beau ruban pour mettre à fa houlette;
J'irai tantôt lui donner ces fleurs ci.
Elle a déjà mon Haut-bois, ma Mufette,

Et pensez bien qu'elle a mon cœur aufsi.
Ah! qu'à l'amour, je dirais grand merci,
Si de ce don, la Belle fatisfaite,
Difait un jour, j'eftime mieux ceci,
Que tous trésors, & même une couronne,
Quand on mettrait des diamans parmi;
Car tous ces biens, c'est le fort qui les donne,

Et ce que j'ai, vient de mon ami.

M. Panard s'eft peint lui même dans les vers fuivans. Le lecteur peut y ajouter ce que la modeftie de l'Auteur lui a fait omettre. Il était dans un âge avancé, lorsqu'il a tracé ce portrait reffemblant.

Mon automne

meur,

fa fin rembrunit mon hu

Et déjà l'Aquilon, qui fur ma tête gronde,
De la neige y répand la fâcheufe couleur.
Mon corps, dont la stature a cinq pieds de
hauteur,

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Porte fous l'eftomach une maffe rotonde, une Qui de mes pas tardifs excufe la lenteur.

Peu vif dans l'entretien, craintif, distrait, rêveur;

Aimant fans m'affervir; jamais brune, ni blonde,

Peut-être pour mon bien, n'ont captivé mon

cœur.

Chanfonnier fans chanter, paffable Couplé

teur,

Jamais dans mes chanfons, on n'a rien vu d'immonde;

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Soigneux de ménager, quand il faut que je gronde,

(Car c'est en cenfurant qu'on plait au Spec

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Sur l'homme en général mon fiel se débonde.
Jamais contre quelqu'un ma mufe n'a vomi,
Rien dont la décence ait gémi ;

Et toujours dans mes vers la vérité me fonde.
D'une indolence fans feconde,

Fareffeux s'il en fut, & souvent endermi ;
Du revenu qu'il faut je n'ai pas le demi.
Plus content toutefois que ceux où l'or abonde,
Dans une paix douce & profonde,

Far la Providence affermi,

De la peur des befoins je n'ai jamais frémi,

une humeur affez douce & d'une ame affez

ronde,

Je crois n'avoir point d'ennemi;

t je puis affurer, qu'ami de tout le monde, 'ai dans l'occafion trouvé plus d'un ami.

M. Panard était tel qu'il s'eft peint. 'lus enjoué, mais auffi fimple que Laontaine, d'un caractere vrai & fans ard, fans jaloufie, & fans ambition; ardent ami, convive aimable, il conTerva fa gaieté dans toutes les fituations de fa vie. Plus fage encore dans les mœurs que dans fes vers, il n'afficha jamais cette vaine philofophie, qui ne confifte que dans les paroles & dans une conduite finguliere. Ces vers que M. Favart fon ami, a fait fur M. Pa nard, la caractérisent très-bien..

Il chanfonna le vice, & chanta la vertu.

Le Comédien le Grand, Auteur de plufieursComédies, ayant entendu chan ter un vaudeville de M. Panard, voulut en connaître l'Auteur, Il était Employé dans un petit Bureau, le Grand l'alla trouver, & lui dit, qu'il avait plus de talens que lui: c'était la modeftie qui encourageait la timidité. M. Panard en crut le Comédien, & réuffit.

Com

Extra

Il ne prit jamais aucun foin de fa for tune; un ami & une amie de M. Pa nard, lui faifaient de concert une pent fion de trois cens livres, & ce tribut colu de l'amitié lui était plus précieux, que e ne lui auraient été des penfions obtenues aux dépens de l'Etat.

Les ouvrages de cet eftimable Auteur font au Théâtre Français, en société avec l'Affichard.

L'Amant Comédien, ou les Acteurs déplacés.

Au Théâtre Italien ̧ à lui feul. Les Ennuis de Thalie, Comédie en vers libres, en un acte.

Les Vœux accomplis, Comédie en vers libres en un acte.

En fociété avec M. Sticotti, Comédien Italien.

Roland, Parodie en profe & vaudevilles, Tragédie lyrique du même

nom.

Les Fêtes fincéres, Comédie en vers & en un acte.

L'Impromptu des Acteurs, Comédie en vers libres en un acte.

Les Tableaux, Comédie en vers libres en un acte.

Outre un grand nombre d'OpéraComiques, dont nous donnerons les xtraits dans l'hiftoire de ce Théâtre, n trouve encore dans le quatrieme olume de Panard, des Œuvres anaréontiques, des Fables, des Madrigaux, des Énigmes, des Cantates, & Blufieurs autres ouvrages de fociété; nais la plupart font marqués au coin de la plus faine morale, & tous font emplis d'efprit & de délicateffe. Le dernier trait qu'il nous refte à ajouter au portrait de cet eftimable Ecrivain, font les vers de M. Favart, que l'on trouve au bas de l'eftampe qui le repréfente à la tête de fes ouvrages,

Ridiculum primus docuit cantare per urbem,
Virtutes docuit moribus ille fuis.

Utile mifcetur dulci; punctum omne refertur
Cum Veneris cytharam cafla Minerva fonat.

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