*』, & CL LES VALETS MAITRES. Comédie en deux actes, en vers libres, fuivie de deux Divertissemens, 20 Février 1748. (1) CORALINE ORALINE en habit de Danseuse, paraît avec Arlequin, habillé en Huffard. Tous deux débarraffés de leurs P Maîtres & de leurs Maîtreffes, prétendent fe bien divertir, & faire les honneurs de la maifon à leurs amis, qui ne tardent pas d'arriver. Lafleur, Coureur du Marquis, & Scapin, Heducque de la Baronne, entrent en ce moment, & font bientôt fuivis de Colombine & de Lifette, qui font auffi Maîtreffes, par l'abfence des leurs. Arlequin propofe de fe mettre à table; Coraline & Lafleur veulent commencer par la danfe, malgré le proverbe; Colombine par un concert, mais après quelques objections; l'avis de Lifette réunit tous les autres ; ils conviennent d'ouvrir la fête par une (1) La scène eft à la Campagne, dans une Salle de la Maifon du Chevalier. Comédie qui fera fuivie d'un fouper, & le fouper d'un grand bal; la diffculté eft qu'ils n'ont point de piece prête; Arlequin imagine d'en compofer une & de la jouer à l'impromptu. Lafleur perfectionne cette idée, il y ajoute qu'il faut que la parodie de leurs Maiores & de leurs Maîtreffes, foit le fujet de la piece, & qu'il ne fera pas difficile à des Valets de copier les propos & les travers de gens qui ne fe gênent point devant eux, dont ils connaiffent à fond le caractere & les aventures: Lifette le charge du rôle de la Préfidente, qui eft une précieufe; Co raline de celui de la Comteffe, qui eft une petite Maîtreffe, & moi, je vais, dir Colombine: " Contrefaire la voix de ma Joueufe antique, quant, De vouloir plaire avec un vifage gothique; Dans le befoin le plus preffant, Refufant tout au Domestique, Prodiguant tout à fon Amant, T Car l'amour eft, chez elle é al à l'avarice; Ce n'eft point par une vertu Que dans fon cœur un vice eft combattu, C'est toujours par un autre vice. S Arlequin prétend briller dans le rôle T du Chevalier & le venger, en le jouant, d'un Maître qui le roffe fans le payer, & qui, grace à fa mauvaise conduite, ne peut fubfifter qu'aux dépens de la Baronne. Tout ce qu'il craint un moment après, c'eft de lui prêter des graces naturelles qu'il n'a pas. La FLEUR. Je vais de mon côté rendre le perfonnage réur, 7 Dans tout fon ridicule & toute la fadeur. Il est pincé dans sa frisure, Et compofé dans tous les mots; Son entretien reffemble à sa coëffure Nouvel être du jour, & créé par la mode, Font leur modele & leur pagode. ARLEQUIN. Toujours preffé, toujours en mouvement, 49 Le Chevalier eft fon contraste; C'eft l'oifif par état, & l'affairé par fafte; I Si vous le rencontrez, il vous parle en cou rant; Trente affaires toujours le tiennent en cer velle ; Il vous quitte, & pourquoi ? C'est pour aller fouvent, Jouer chez lui de la vielle. Lifette eft perfuadée que leurs Maîtres feraient leurs profits de cette Comédie. La FLEUR. Il vaut mieux qu'ils foient loin; dans leur humeur cauftique, Ils pourraient nous trouver de fort mauvais plaifants, Prendre la Piece à contre fens, Et par vingt coups de canne en faire la critique. Scapin n'a d'autre emploi que celui d'aller & de venir, & d'annoncer les furvenans, & tous les autres Acteurs fortent pour s'habiller, ce qui ne demande que peu tems, parce qu'ils font tous voifins. La Piece commence au fecond a£e. Lafleur fous le nom & les habits da S Tome V. Marquis, & Arlequin fous ceux du Chevalier, ouvrent la fcène. Le MARQUIS, courant après le le Théâtre. Un inftant, Chevalier, que je te parle ; arrête. Hé! quoi toujours en l'air? toujours courant, volant; Rien n'eft plus désaftreux, rien n'eft plus dé folant. Le CHEVALIER, toujours cou rant. Que veux-tu ? J'ai, Marquis, mille foins dans la tête. Il fe plaint qu'il eft obfédé par la Préfidente, la Comteffe & la Baronne, & que trop de mérite expofe à bien des perfécutions; le faux Marquis lui promet de fe charger d'une où deux de ces Dames, pour l'en débarraffer, & lui faire plaifir, s'il veut les lui céder. Le Chevalier s'en défend, fur ce que toutes trois lui font néceffaires ; la Comteffe l'amufe par fa coquetterie & fon extravagance: la fadeur & le ton précieux de la Préfidente, ne l'empê |