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M. PRUDENT.

C'eft encore, Monfieur, un fléau de la Guerre;

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M. BRUYANT, avec enthousiasme.

Rien, quoi que vous difiez, n'égale les combats;

J'aime à les lire dans l'hiftoire. Là, de Céfar j'accompagne les pas; Je me transforme en lui, je jouis de fa gloire; Tout cede à l'effort de mon bras,

A ma voix la victoire vole,

Et je fuis triomphant quand je parle aux Soldats.

La JOIE, à M. Prudent.

Ah! nous fommes perdus; coupez-lui la parole.

S'il harangue l'armée, il ne finira pas..

M. BRUYANT.

Compagnons, fuivez-moi; marchons contre Pompée, ilk van 20

Ce fer que j'ai tiré, va lui.

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M.

M. PRUDENT.

Dans le fourreau,

Monfieur, remettez votre épée,

Vous êtes un Céfar nouveau.

Dans votre Cabinet, & loin de la mêlée, Vous y voyez de loin toujours la guerre en

beau;

Si comme moi, de près vous l'aviez com

templée,

Dégoutante de fang, horrible, échevélée, Votre âme s'en ferait tout un autre tableau.

La JOI E.

Oh! d'une horrible peur elle ferait troublée. M. BRUYANT.

Non, vrai, d'honneur; je fuis intrépide.

M. PRUDENT.

Au Barreau.

La JOI E. .

Ce n'eft pas fon champ de bataille, C'est au Palais Royal que fa valeur travaille ; C'eft-là qu'il prend des murs, qu'il live des

affauts,

Et qu'il y fait monter notre Cavalerie

L'autre jour, il faut que j'en rie,

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Monfieur, d'un bras vainqueur, y plantait nos drapeaux,

Quand un coup de Canon parti de la Bastille, Déconcerte le Siege, où fon courage brille, Et fait pâlir notre Héros.

M. BRUYANT.

Jugez notre Procès pour trancher tout pro

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Il l'eft déjà, Monfieur.

M. BRUYANT.

Comment donc, je vous prie?

La JOI E.

Mais aujourd'hui qu'on le publie, La Paix a gain de caufe, & la Guerre a perdu. Mon Arrêt est celui que LOUIS a rendu, Et qui prouve pour nous fa tendreffe infinie.

M. PRUDENT.

Ce jour eft le plus beau, le plus doux de ma

vie;

C'est pour la Paix que j'ai tant combattu, Je n'ai plus de regret à ce bras qu'il m'en coûte,

Il est trop bien payé, puifqu'elle en eft le prix;

Et pour la rendre à mon pays,

Je verferais mon fang jufqu'à la moindre

goute.

M. BRUYANT.

Par cet Arrêt je me vois confondu ; Mais je ne me tiens pas encore pour battu. Je fens, dans ce moment ma fureur qui re

double.

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Jiral fouffler demain la difcorde au Palais,
Et pour mieux me venger de vous & de la
Paix,

Aux Spectacles, ce foir, je cours porter le

trouble.

Malheur aux Pieces qu'on jouera.

Pour commencer, d'abord je vais à l'Opéra,
Voir la belle Platée, & fon Peuple aquatique.
On entendra, Madame, une belle Mafique.
M. PRUDENT.

Tout beau, je fuis fon zélé Serviteur;
Et, qui plus eft, le défenfeur
De la tranquillité publique.

M. BRUYANT.

Je puis pour mon argent, exercer ma critiquel

M. PRUDENT.

Pour elle encore un coup,

confpect

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montrez-vous cire

A fon pere, fur-tout, portez plus de respect.

M. BRUYANT.

Mon efprit en cela..

M. PRUDENT.

Se brouille.

Ce fameux Maître en géré-fol,

Fait mieux croaffer la Grenouille,

Que les autres ne font chanter le Roffie gnol.

M. BRUYANT.

Je cours donc aux Français, leur école eft pu blique;

J'y vais moralifer un peu,

Et faluer Madame Enrique.

M. PRUDENT.

Non, arrêtez; je fuis partifan de leur jeu.

M. BRUYANT.

Votre amitié défend tout le monde, morbleu,
Et de tous les côtés me ferme le paffage ;
Mais il faut, fur quelqu'ua, que j'exerce ma

rage.

Rien ne me retient plus ; & puifqu'il eft ainsi, La foudre va tomber fur ce théâtre-ci,

Il mérite la préférence.

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