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Chacun la fuit comme la plus facile,

Et la plus vive en même tems.

La COMETE.

"C

L'emploi, pour qui l'exerce a fes défagré

mens,

Qui font réfléchir les moins fages;

Mais les autres partis ont leurs défavantages. Médire, eft d'un Poltron qui craint fon en

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Et qui le perce par derriere;

Railler eft d'un franc étourdi,

Qui de gaieté de cœur fe fait plus d'une af

faire,

Et finit par être haï.

Critiquer, d'un Pédant, dont l'efprit méthodique,

A force de jufteffe a l'art de m'endormir;
Et lancer la fatyre, attire une réplique
Fâcheufe à prononcer, & plus dure à fentir.
Voici de quelle façon on parle de
Rameau, & de la Tragédie d'Arifto-

mene.

Le CHEVALIER, lifant fon Poëme

à la Comete.

Au théâtre Lyrique, au théâtre Français,

» Eclate en même tems une double mer

» veille,

» L'une frappe l'efprit, l'autre étonne l'oreille; » Le Cothurne, prêt à déchoir,

» Voit tout à coup, renaître son espoir, » Et l'Empire chantant a trouvé fon Cor » neille ».

La COMETE.

Son efprit créateur lui mérite ce nom;
Avec Paris je me récrie,

Quel vafte! quel fécond génie !

Il enfante en un an Zaïs, Pigmalion, Les Fêtes de l'Hymen, où fon talent fuprême

Eft après tant de vœux fecondé du Poëme;· Il met Platée au jour; & l'aimable Naïs, Dont le gofier nous charme autant qu'il nous étonne,

D'un cinquieme laurier aujourd'hui le cou

ronne,

De cette main qu'applaudiffent nos cris,

Lorfqu'au Dieu de la danfe elle livre le prix, Que depuis fi long-tems tout le public lui donne.

Le CHEVALIER.

Cette fécondité que vous admirez tant

Dans ce riche amphion, de nouveaux feux

m'anime,

Et voici comme je l'exprime.

(Il chante.)

L'Aftre de l'Opéra brille dans fon couchant,

De toute la lumiere

Que le Soleil d'été répand

Dans le midi de fa carriere.

C'est un nouveau jour qui te luit,
Triompher heureux Empire;

Sa clarté diffipe la nuit,

Et l'Envie étonnée en frémiffant l'admire.

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La COMETE.

Et l'Envie étonnée, en frémiffant l'admire!
Vous avez pillez ce vers-là,
Dans la nouvelle Tragédie ;

Aux dépens de la Comédie,

Pour le coup, Chevalier, c'eft louer l'Opéra. Le CHEVALIER.

Je dérobe, il est vrai, mais le bon goût me mêne,

Soit que je vole en mes écrits,

La Mufe des accords, ou fa fœur Melpomene, Je m'adreffe à leurs favoris,

Et c'est toujours du beau que je choisis ;

Je prends les vers d'Ariftomene,
Et la mufique de Naïs.

La COMETE.

Ariftomene eft grand en Poésie,
On ne peut pas rimer plus richement.
La VICOMTESSE.

Et fa conduite ?

Le

CHEVALIER.

Elle eft un peu kardie ;

Au milieu des écueils il fe jette fouvent,
Et difparaît aux yeux fur le flot qui l'emporte.
La COMETE.

Oui, mais pour revenir fur la Mer triomphant,

Et pour nous enrichir des tréfors qu'il apporte

La

VICOMTESSE.

C'eft, je l'avoue, un Plongeur excellent;

Mais une marche plus unie.

La COMETE.

Convient au médiocre & vulgaire talent.

Le CHEVALIER.

Cet effor qu'il fe donne? . . .

La COMETE.

Eft l'effor du Génie,

Qui ne brille jamais fi bien qu'en s'égarant.

Le CHEVALIER.

On doit s'affujettir pourtant
Aux regles de la Tragédie.

La COMETE.

Des regles il eft beau de ne jamais fortir; Mais pour aller au grand, plus beau de les franchir.

La VICOMTESSE.

Chacun doit l'admirer, puifqu'il est à la mode. La COMETE.

Il mérite de l'être, il réuffit fans fraude.

La VICOMTESSE.

Mais non pas fans bonheur, &c.

le

La derniere fcène était celle du petit Vicentini avec Mademoiselle Camille; tous deux fe difputaient fur la danfe férieufe & comique. Cette fcène n'avait rien de piquant non plus que refte de la Piece, fi ce n'eft la critique de celles que l'on jouait alors, auffi la Comete n'eut-elle qu'un médiocre fuccès & peu digne de M. de Boiffy, qui en eft l'Auteur; elle n'eut qu'une représentation.

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