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pris faifant l'amour à deux Payfannes. Pierrot lui témoigne fon indignation par fes geftes, & fort fort en colere; le Pedant demande pardon aux Payfans & aux Ecoliers, qui le méprifent.

Pierrot revient gravement avec plufieurs poignées de verges qu'il diftribue aux affiftans, & fe tournant fierement du côté du Pedant, lui fait figne de fe mettre en état de recevoir de chacun fix coups; le Pedant fe défefpere, fe tourmente & pleure ; Pierrot toujours grave, lui commande d'obéir, voyant qu'il n'en veut rien faire, il ordonne aux deux Payfans de le faifir, & aux Ecoliers de fouetter hardiment'; le Pedant fe fauve ; comme Pierrot eft

à fa place, les Payfans le prennent, croyant tenir le Pedant, le foulevent, & les trois Ecoliers le fouettent, il crie; mais croyant toujours tenir le Pedant, il vont leur train; les Payfans s'appercevant de leur méprise, mettent bas Pierrot, fe regardent tous cinq, fe mettent à rire; Pierrot pleure au milieu d'eux.

Les deux Payfannes reviennent en danfant; les Payfans fe joignent à

elles; ils forment un corps de ballet, dans lequel fe mêlent les Ecoliers & les Ecolieres.

Pierrot qui s'était éloigné en soupirant, & fe frottant, veut le mêler parmi eux, cependant il témoigne craindre une fcène pareille à celle qu'il vient d'effuyer; les Payfans le raffurent, & it danfe avec eux. Les Ecoliers, pour ne pas être furpris par le Pedant, dreffent un trebuchet au fond du Théâtre pendant que les autres danfent; les Payfannes font figne aux Ecoliers & aux Payfans de s'éloigner & de les laiffer feules.

Les Payfans & les Ecoliers font à peine fortis, que le Pedant ne voyant que les deux Payfannes, vient pour les furprendre; comme il eft prêt de les faifir, elles s'échappent; il court après elles ; ils traversent le Théâtre plufieurs fois; mais lorsqu'il va pour les attrapper, il fe trouve enfermé dans une cage

où il fe démene.

Pierrot vient le voir, & l'appelle à plufieurs reprises pour venir fe divertir avec les autres. Les Ecoliers, les Ecolieres, les Payfans & les Payfannes forment le divertiffement général qui finit la Pantomime.

Cette Pantomime ne fit pas moins de plaifir au Public, qu'à Verfailles, où elle avait été donnée devant le Roi, fur le Théâtre des petits appartemens; & c'eft par ordre de fa Majefté, que le programme que nous venons d'en donner fut imprimé; on ne peut nier cependant qu'elle n'eut beaucoup de reflemblance avec l'Ecole de Salerne, Pantomime donnée fur le Théâtre de l'Opéra-Comique, au mois de Juillet 1747, par le fieur Valois d'Orville.

ovi

LE PRIX DU SILENCE.

Comédie en trois actes, en vers libres, 26. Février 1.751. (1)

LEANDRE, frere de la Marquife, demande des nouvelles de fa fœur à Dubois fon Valet de chambre, qui lui répond que fa fanté va comme fon humeur, tantôt mal, tantôt bien.

A définir elle est étrange ;.
Selon que le vent est tourné,

A tous les inftans elle change;

Le matin il fait fombre, & clair l'après dîné ; Le foir l'air s'obfcurcit, & le tonnerre grondé.

Après ce portrait de la Marquife, viennent tous ceux de fes Amans, qu'elle fe plaît à défoler. Elle paraît elle-même, & fon frere lui demande s'il eft vrai qu'elle fe marie? elle répond que ce mariage n'eft qu'une fiction, qu'elle a imaginée, pour allarmer la cohue de fes Amans, & pour s'en amufer.

(1) La fcène eft à Paris, chez la Marquife.

LEANDRE.

Vous n'êtes point coquette à la rigueur,

Mais vous en avez l'air; & tout pesé, ma

fœur,

La fageffe trop étourdie,

Dont le maintien n'eft pas décent, Nuit plus dans le Public, que le vice prudent; Qui des traits de la modeftie,

Sait fe masquer adroitement;

Des dehors, non du cœur, votre gloire dépend.

La Marquife, touché de ce reproche, dévoile le fond de fon ame à son frere, & fe juftifie, en lui avouant qu'elle a été la victime de fon premier choix, que le Marquis, d'Amant très-aimable, était devenu un tyran dur, un époux odieux; qu'elle avait déguisé en Public fon chagrin, mais qu'au fond du cœur, elle n'en avait pas moins conçu d'averfion pour le mariage, & pour tous les hommes; elle ajoute :

L'éclat de ma fortune a rempli ma maison
D'une foule d'Amans que l'intérêt attire ;
De ces avares foins mon cœur n'eft point flat-

-té ;

Je n'en fais point l'honneur à ma beauté ;

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