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La MARQUISE

Arrêtez, vous êtes à fes pieds,

Pour fa honte fouvent, & jamais pour fa gloire.

Il l'affure que cette gloire n'a rien à craindre de l'hommage refpectueux d'un Amant tel que lui; qu'il eft fidele, vrai, difcret; fincere... & modefte, interrompt la Marquife malignement; elle lui fait entendre, qu'elle a la même opinion de fa conftance, que de fes autres vertus. Il fe plaint de ce doute injurieux, & dit qu'il eft bien mal payé de fon exil. Elle lui répond, qu'il y paffait les jours avec Hortenfe. Il fe juft fie, en lui difant qu'Hortenfe en aime un autre. Elle lui demande avec vivacité le nom de cet Amant ; il lui réplique que c'eft un fecret qui n'eft pas le fien. Če refus redouble la curiofité de la Marquife, qui donne le choix à Lifidor, ou de fui en faire promptement la confidence, ou d'éviter fa vue pour jamais. Lifidor, que l'intérêt de Léandre oblige de le taire, fe récrie contre l'injuftice de fa fœur, & lui reproche qu'elle le traite plus mal que fes rivaux. La Marquife répond:

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Vous êtes plus coupable, ils ne font que des fots,

Et c'eft affez contre eux de la plaisanterie ;
Un travers éclatant diffipe mon ennui,
Il exerce mon ironie,

Je ris d'un ridicule, & je vis avec lui;

Mais un vice mafqué, qui veut tromper au

trui,

Me donne de l'humeur, & je le congédie.

Elle le renvoye en conféquence; je vous donne, dit-elle, encore une heure par grace, pour vous détermi

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Comment rompre aujourd'hui ta chaîne,
Et défarmer l'injufte haine,

Sans trahir l'auftere amitié?

Le troifieme acte commence par une fcène entre la Marquife & Dubois, devant qui elle fe félicite d'avoir trouvé le moyen de fe débarraffer de ses Amans indifcrets. Lifidor revient lui demander encore quelque délai fur la réponse qu'il doit lui faire; elle lui réplique qu'il ne l'intéreffe plus, & le prie de l'en

tretenir d'autre chofe; elle l'accufe de n'avoir pas mieux gardé que fes rivaux, le fecret du billet, & lui apprend que Marton le fait par cœur. Il en rejette la faute fur Arlequin, mais elle le rend refponfable de l'imprudence de fon Valet. Il paffe condamnation, & veut se jetter à fes pieds.

La MARQUISE

Oh! point de pathétique.

LISIDOR.

Prononcez mon Arrêt,

La MARQUISE.

Il est tout prononcé.

Elle le condamne à perdre la parole comme fes rivaux. Il y foufcrit & lui représente que l'intérêt de fon sexe l'engage de même à la difcrétion. Ce difcours la pique, & elle accepte le parti, Dubois doit être leur interprête; Arlequin arrive & apprend à fon Maître que l'on va juger fon procès, qu'il eft de rien moins que de cent mille livres, Lifidor demande à la Marquife, par fignes, la permiffion de lui écrire ; elle y confent. Il écrit ; elle prend la lettre,

& la donne à Dubois, qui la lit tout

haut.

DUBOIS, lit.

Mon intérêt n'est rien, mon amour vous l'immole ;

Mais au défaut de la parole,

Il m'infpire lui-même un moyen qui me rit, C'eft de converser par écrit;

Les entretiens font tout; pour animer les nôtres,

Nos gens nous prêteront leurs voix.

Marquife, mes billets feront lus par Dubois, Arlequin me fera la lecture des vôtres,

Et nous nous parlerons fa

loix.

enfraindre nos

La Marquife fait réponse; Dubois la prend, & la donne à Arlequin.

(Il lit en imitant le bouffon.)

J'adopte votre idée; on peut en confidence, Par cet ingénieux moyen,

S'avouer tout, Monfieur, fans rompre le fi

lence.

Pour profiter des droits d'un fi doux entre

tien,

Dites-moi le fecret d'Hortenfe,

Et mon cœur vous dira le fien,

Au milieu d'une converfation fi nouvelle, Rofmon vient l'interrompre ; comme il ne s'était pas trouvé à la fcène qui s'était paffée au fecond acte, il n'avait pu être puni comme les autres; il annonce à la Marquife, qu'Hortenle eft mariée en fecret. A cette nouvelle elle paraît agitée. Dubois, fon fidele interprête, qui devine fon trouble, dit à Rofimon, que Madame voudrait favoir quel eft celui qu'Hortenfe vient d'époufer. Refimon répond:

Qu'elle interroge Lifidor;

Chez Hortenfe on dit qu'il préfide;

Il eft fon ame en tout,

pui.

fon confeil, fon ap

La MARQUISE

Ah! c'est lui-même! le perfide!

LISIDOR.

Douce injure! transport charmant !
Vous avez parlé la premiere,
Et je triomphe heureufement.

Cet amant fidele lui déclare qu'il n'est pas l'époux d'Hortenfe. Qui l'est donc, s'écrie-t-elle ? C'eft moi, ma fœur, lui dit Léandre, qui entre trans

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