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tance, il cherche à fe juftifier, mais d'abord inutilement. On entend tirer du château, & battre de la caiffe ; Tonton apprend à fon ingrat que c'eft Brettifer qui vient lui déclarer fon 'amour, & qu'elle ne va pas manquer d'y répondre. Colin la menace à fon tour de découvrir à ce Seigneur toute leur intelligence, & de préfenter fon cœur au-devant de l'épée de Brettifer. Tonton allarmée, veut l'obliger à fe retirer.

COLIN.

AIR: Ma Fanchon ne pleurez pas.
J'obéirai, fi je vois

Finir ta rigueur extrême.

TONTON.

He bien! mon cher, éloigne toi,
Je crains; c'eft prouver que je taime,
Que cela foit dit en deux mots,
Apprends à fortir à propos.

Brettifer vient annoncer fa flâme au fon du tambour, & prétend que fon amour ne doit pas faire moins de bruit, que les charmes qui l'ont fait naître. Tonton lui reproche qu'il n'a jamais fait que voltiger de belles en belles;

Brettifer en convient, mais il ajoute que le triomphe de Tonton en fera plus beau.

TONTON.

VAUDEVILLE.
De Momus, Fabulifte.

Un Papillon vole de rofe en rofe,"

Et rend hommage à toutes à la fois.
De laffitude enfin il se repose

Sur quelque fleur; eft-ce là faire un choix ?
Coquets, fixez ma Fable, eft-elle obfcure
Lure, lure, lure, &c.

BRETTIFFER.

AIR: L'a-t-il levé la Gorgerette.
Prenez un peu plus d'affurance,
Aux difcours d'un fidel Amant.
Pour vous prouver clairement
Quelle doit être ma constance,
Vous allez dans le moment
Avoir un Divertissement.

TONTON, fur le ton du dernier

vers.

La belle preuve affurément !

Des Meuniers, des Meûnieres, des Gardes-chaffes & des Bucherons forment

une entrée, à la fin de laquelle Bret

tifer chante..!

Que le Cor au loin dans la plaine,

Porte le fon

D'un fi beau nom;

(Avec le cœur & le Cor.)

Tontaine, Tontaine, Tonton.

Après plufieurs couplets, répétés alternativement par le chœur, on joue la tempête de l'Opéra, & la fête eft interrompue par la Dune, qui paraît armé d'un croc dans un batteau accompagné de deux Batteliers. Il reproche à fon frere de venir lui enlever fa Maîtreffe, qu'il n'eft pas difpofé à lui abandonner ainfi :

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BRETTIFER.

AIR: Paris eft en grand deuil.
Modérez-vous, Cadet,

Tonton eft mieux mon fait;

Je ris de votre audace.

J'emmene mon Balet,

Je laiffe mon Valet,

Vous parler à ma place.

Brettifer fort avec les Danfeurs &

les Danfeufes.

H

La DUN E.

AIR: Les Trembleurs.

Si fon humeur est altiere,

La mienne n'eft pas moins fiere;
J'ai pouvoir fur la Riviere,
Je puis lui jouer d'un tour;
Si je perce une barriere,
Qui retient l'eau prifonniere,
Toute fa gentilhommiere
Sera noyée en un jour. (1)

Lacouture confeille à la Dune, d'aller plutôt confulter une vieille Sorciere, qui lui dira fa bonne aventure. La Dune confent à fuivre ce confeil; il fort, & le Théâtre change, il repréfente l'intérieur d'une carriere; dans le fond, fur un monceau de pierres, eft la figure d'un gros chat; Arlequin paraît en Bohëmienne, entourée d'aveugles des Quinze-Vingts, en robbe, on joue le commencement de l'air ó Deftin.

(1) Il faudrait que l'inondation fût forte, puifque le Château de Brettifer, eft fur le haut d'une Coline.

La BOHEMIENNE.

AIR: De l'Opéra.

O Deftin! quelle prudence

Peut s'opposer à tes rats?

AIR: Tout roule aujourd'hui dans le monde.

Sans mérite un Faquin s'avance,
Tu fais un Docteur d'un Midas ;
Tu mets Jasmin dans l'opulence,
Par des refforts qu'on ne fait pas.
Tels brilleraient à l'Audience,
Que tu fais marcher aux Combats,
Et tels femblent nés pour la danse,
Qui portent de graves rabats.

.

Colin vient pour la confulter, mais elle ne veut rien lui dire, parce qu'il n'a pas de quoi la payer; elle lui dit de s'en aller, & il lui répond qu'il doit refter en ces lieux pour y foupirer fon douloureux martyre, elle prend le parti de fe retirer elle-même, lorsque Îa Dune, qui arrive, l'en empêche, & dit que c'eft plutôt à lui à quitter la fcène; il fort, & la Bohemienne après avoir reçu de l'argent & fait fa conjuration, répond:

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