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Arifte, à qui l'amour tourne la tête, faifit avidement ce projet qu'il trouve merveilleux.

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Pour faire votre cour à la belle Júlie,
Vous voulez débutter, Monfieur, par l'incen-

die!

Es pour préfent de nôce, offrant à fes beaux

yeux

Les débris confumés du bien de fes ayeux,
En faire à votre gloire élever un trophée !
.Et fi Julie était dans la flâme étouffée ?

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Ce mot fuffit pour faire fentir à Ariste combien ce projet était ridicule. Il en imagine un beaucoup plus fimple, & beaucoup plus raisonnable; c'est de demander une retraite dans ce château, fous prétexte que l'un des deux a été bleffé.

Valentin ne fe prête d'abord qu'avec. peine à ce dernier expédient, mais voyant approcher Arlequin, Concierge

du Château, il confent à contrefaire le bleffé, & fe. couche fur le gazon, après avoir enveloppé fon bras de l'écharpe de fon Maître.

Arlequin à la vue des deux Soldats, qu'il prend pour des voleurs, ne fe croit pas trop en fûreté. Ils ont beau vouloir exciter fa pitié, il eft inexorable; mais une bourfe qu'on laisse tomber à fes pieds, le rend plus compâtiffant. Il leur promet de les fervir, & leur apprend qu'il n'y a dans ce Château qu'une vieille tante & une aimable niece, fille du Com. te Damis, qui eft abfent depuis deux ans. Il leur confeille enfuite de commencer par cajoler la tante, & d'être fur-tout très-réfervés avec la niece, devant laquelle un feul regard pourrait les trahir...

Ils lui promettent d'obferver exactement la loi qu'il leur prefcrit, & Arlequin les quitte pour aller prévenir la

tante.

Le Valet d'Arifte veut abandonner une entreprise dans laquelle il prévoit trop de difficultés ; & juftifie ainfi le titre de la Piece.

VALENTIN..

Convenez que je fuis un homme universel....

Si je puis me tirer de tout ceci fans peine, Me voilà de Valet, Apprentif Capitaine ; Malade & bien bleffé, d'homme fain, vigou

reux,

Je dois faire le fou quand je fuis des plu: fages.

Suis-je à la fois chargé d'affez de perfonnages ?

Madame Duremont arrive avecJulie, & Arlequin. La vue de deux Soldats effarouche d'abord la tante ; elle veut leur refufer l'azile qu'ils lui demandent, mais Valentin lui jette des regards qui l'attendriffent. Julie de fon côté, reconnaît dans Arifte, cet aimable inconnu qu'elle a vu à la Comédie, & qui n'a déja fait que trop d'impreffion fur fon jeune cœur. Arifte ne la voit pas plutôt, qu'il oublie les confeils d'Arlequin, & lui parle d'une maniere à donner des foupçons à la vieille furveillante; Valentin tâche de l'excufer ainfi :: Son efprit fe dérange en de certains momens, Cela lui vient d'un excès de tendreffe,

De la perte qu'il fit jadis d'une Maîtresse;
Il en penfa d'abord mourir de désespoir,
Il croit depuis ce tems lui parler & la voir ::
Sitôt qu'il fe rencontre auprès de quelque Belle,
Cette idée à préfent chez lui fe renouvelle,

Madame Duremont ne ferait pas fi crédule, fi elle était moins fenfible: Valentin qu'elle prend pour un homme bien au - deffus de ce qu'il paraît, l'occupe toute entiere. Elle le lui fait connaître par fes difcours, dont il ferait très flatté, s'ils ne renfermaient en même tems un ordre qui lui paraît cruel ; c'est qu'elle le condamne à une longue diete, de peur que les alimens trop folides, ne nuifent à fa blessure. Nouvel embarras pour Valentin, qui ne s'accom mode point de l'abftinence.

Julie ouvre le fecond acte en cherchant un portrait que Madame Duremont a perdu, & que Valentin a trouvé; mais cette perte eft ce qui la touche le moins, Arifte l'occupe plus agréable

ment.

JULIE, feule.

Mais quand je l'examine & que j'y veux réver, Cet air me frappe au point que j'y crois re

trouver

Les traits d'un inconnu, dont à la Comédie
Le regard affidu, mais plein de modeftie,
Mit un trouble en mes fens dont mon cœur
fut furpris,

Ceft lui-même, & fes yeux m'en ont affez ap

ris,

Pour connaître le but de fa métamorphofe. :: Hélas! à quel danger fa pourfuite m'expofe!

Rofette que Valentin a fans doute 'difpofée en fa faveur, lui promet de lui donner à manger & à boire à l'infçu de Madame Duremont, & le délivrer ainfi de l'embarras préfent de la diete; mais il tombe bientôt dans un autre. Des Chirurgiens qui viennent de la part de cette vieille amoureuse, veulent abfolument le panfer; Arifte fon Maître le tire heureusement de ce nouvel embarras au moyen de quelques piftoles. Cet. Amant rencontre à la fin Julie, & lui parle de fon amour; elle veut fuir, il l'arrête & fe jette à fes genoux..

ARISTE.

Vous voyez un Amant foumis à vos genoux, Qui croit pouvoir, Madame, afpirer jusqu'à

vous;

Que fa délicateffe, empêchait de paraître, Mais que l'amour plus fort veut vous faire connaître,

Si vous lui permettez enfin de s'exprimer,
Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il ofe vous air

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