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heur ne paffe que faiblement dans l'a me de ceux à qui nous le cominuniquons; aulieu que l'infortune touche, attendrit tout ce qui nous environne, & femble diminuer en proportion de la part qu'y prennent ceux qui nous confolent: M. de Merville, fit confidence à fon ami de fes malheurs domeftiques. Le plus cuifant de tous était de voir une époufe qu'il adorait, une fille qu'il aimait tendrement, affociées à fa mifere. Ses querelles avec les Comédiens lui avaient ôté toutes les reffources qu'il eût pu trouver dans fes talens; une Gouvernante infidelle avait abufé de fa confiance, il ne touchait plus que quelques petites rentes qu'il avait à Paris, dont le paiement était fufpendu par l'interruption des fonctions des cours de Juftice. Pour diffiper fa trif teffe, il entreprit de nouveaux voyages. Les infortunés s'imaginent que le fpectacle des malheurs qu'offre fans .ceffe la fcène du monde, adoucira les maux qu'ils éprouvent; mais lorsque la douleur s'empare d'une ame tendre les malheurs d'autrui ne font que l'aggraver encore. Il alla à Francfort, parcourut la Hollande, fe tranfporta en Provence, & revint à Lyon par Ge

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nêve, dans le deffein de s'y fixer. Il fçut que M. de Voltaire venait s'y établir. Des vers qu'il avait faits autrefois à l'inftigation de Rouffeau & de l'Abbé Desfontaines, l'avaient brouillé avec ce grand homme. M. de Merville, pénétré de regret, fit des démarches pour fe réconcilier avec lui; il lui adreffa des vers qui contenaient une rétractation, mais ils furent fans effet. Il ne fe rebuta pas, il alla voir M. de Voltaire, qui le reçut avec politeffe, mais froidement. Il femble que les levres d'un infortuné convertiffent en fiel le lait même dont il veut s'abreuver. Après tette derniere épreuve, il revint chez fon ami, pour y paffer huit à dix jours. Il partit pour Genêve, mit ordre à fes ffaires, fit un état de fes effets, & s'afura que le prix de leur vente fuffirait Dour acquitter fes dettes. Il fit un bilan qu'il mit fur fa table, écrivit plufieurs ettres, en laiffa une pour un Maiftrat de fes amis, dont il connaislait intégrité; il le chargea de l'exécution le fes volontés; laiffa fes habits, fon pée & tout ce qu'il poffédait, ne prit u'une mauvaife capote, & fortit de

maifon qu'il habitait le 23 Mai 765, en difant qu'on ne l'attendît

point le lendemain. Vers ce tems on trouva fur les bords du lac de Ge nêve, dans le territoire de Savoye un cadavre que les flots y avaient jett La difparution de M. de Merville, fituation affligeante, les mefures qu avait prifes pour que fes créancie fuffent payés, toutes ces circonftanc firent conjecturer qu'il s'était noyé. So ami qui lui connaiffait une ame trop for pour ne trouver d'autre refsource cont fon fort, que la destruction de fon être n'ajouta aucune foi au bruit public, des recherches, écrivit de tous côtés on lui marqua qu'il s'était retiré da un couvent du pays de Gex, à deu ou trois lieues de Genêve, & ce n'e que long-tems après que le Réfident France, avec qui M. de Merville ava été en relation, a conftaté fa mort. 1 conduite qu'il obferva avant de difpar tre, prouve une droiture de cœur bi rare dans ces funeftes circonftances. caufe même de fes chagrins n'eft p le trait le moins beau de fon caracte La tendreffe paternelle & l'amour lui r daient fa mifere plus infupportable. ne lifait jamais le Confentement For fans répandre un torrent de larm Cette Comédie était fa propre histoi

il faut convenir que, fi fon épouse reffemblait à Clarice, M. de Merville devait être inconfolable; mais avec une ame telle que la fienne, il n'eft pas furprenant auffi que cette Piece foit la meilleure de fes Comédies. On exprime avec bien plus de chaleur des fentimens qu'on éprouve, que les fentimens factices que l'on donne à fes Ac

teurs.

On a trouvé dans fes papiers quaatre Comédies nouvelles, & quelques Poëfies fugitives; ces ouvrages forment le troifieme volume de fes Œuvres. On a trouvé encore une critique des Euvres de M. de Voltaire ; un ouvrage intitulé l'Esprit d'Horace, & un troifieme dont le titre eft, les Veilles de Vénus. L'Editeur de fes Œuvres, de qui nous avons emprunté la plupart des Anecdotes que nous venons de rapporter, ne dit point fi c'eft une traduction du Pervigilium Veneris. Ces trois ouvrages ne font point imprimés.

Ceux qu'il a donnés fur le Théâtre Français font

Achille dans l'Ile de Scyros, Comédie héroïque en vers.& en trois

actes.

Le Confentement Forcé, Comédie en un acte en profe.

Les Époux Réunis, Comédie en trois

actes en vers.

Le Médecin de l'Efprit, Comédie en un acte en profe.

Au Théatre Italien.

Les Mafcarades Amoureufes, Comédie en un acte en vers libres. Les Amans Affortis fans le favoir, Comédie en trois actes en vers. Les Vieillards Intéreffés, Comédie en un acte en vers.

Les Dieux Traveftis, Comédie en un acte en vers.

L'Apparence Trompeufe, Comédie en un acte en profe.

Les Talens Déplacés, Comédie en un acte en vers.

Et enfin au même Théâtre, en fociété avec M. Procope Coutaux, les deux Bafiles, ou le Roman, Comédie en trois actes en vers.

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