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manqué de tenir, par le fuccès d'un grand nombre d'ouvrages, dont nous ne manquerons pas de parler.

Robert des Broffes, né à Bonn en Allemagne entra d'abord dans l'orchestre du Théâtre Italien, en qualité de Muficien; il débuta depuis en 1744 par le rôle de Frédéric dans Sigifmond, & celui du Pere dans Samfon; il a depuis été reçu à penfion pour les rôles de Pere dans le Comique Français, & tous les rôles rompus dans les autres genres. Cet Acteur eftimable par fes mœurs & par fes talens y joint celui de Compositeur pour la Mufique; il a fait celle d'un grand nombre de Ballets & de trois Opéra-Comiques, favoir; les Sœurs Rivales, le Bon Seigneur & les deux Coufines; on revoit toujours la premiere de ces Pieces avec un nouveau plaifir, que l'on ne doit qu'à la muLique.

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Comédie en un acte en profe
s Février 1743. (1)

LE Marquis, Amoureux de Julie, se déguife, & entre au fervice de fa Maîtrelle, fur le pied de femme de Chambre, & fous le nom de Florine; Frontin le préfente comme fon neveu à sa Maîtreffe, qui eft nouvellement arrivée de Gascogne.

Ce premier déguisement n'eft que le préparatif d'un fecond fur lequel le Marquis fonde les plus flatteufes efpérances. Il est inftruit que Julie, élẹvée par une vieille tante, a été bercée de contes de Fées, de livres de cabale & d'hiftoires de Peuples élémentaires, de forte qu'elle s'imagine être toujours entourée de Génies.

Le Marquis, donc, inftruit de ces circonftances, veut en profiter, & commence par le rôle de Soubrette, pour être bientôt à portée de jouer celui de

La fcène eft chez Julie.

Sylphe & d'Amant. Quand il parle à fa Maîtreffe comme Florine, il affecte conftamment l'accent Gafcon; mais lorfque pendant la nuit, il l'entretien comme Ziblis, qui eft fon nom de Sylphe, il reprend fa voix & sa prononciation ordinaire.

Après quelques converfations nocturnes, auffi tendres que merveilleufes, où l'amoureux Ziblis s'eft emparé de l'imagination & du coeur de fa chere Julie, il lui a promis enfin de fe rendre vifible, & Julie le preffe de lui tenir parole.

Le MARQUIS.

Eh fous quelle forme voulez-vous que je vous apparaiffe?

JULIE.

Sous la vôtre apparemment.

Le MARQUIS.

Sous la mienne, belle Julie ! Les corps des Habitans de l'air, fluides, tranfparens & diffous par la lumiere, ne peuvent tomber fous les fens, & être apperçus par les yeux des mor tels.

JULIE.

Comment donc, Ziblis... Mais en vérité ... je sais bien que je ne vous aime que pour vous cependant.

Le MARQUIS.

Quoique vous ne m'aimiez que pour moi, cependant votre imagination, n'eft-il pas vrai, ne ferait pas fatisfaite? Je vous propose donc auffi le moyen que nous avons, nous autres Sylphes, pour nous cominuniquer aux mortels, en prenant à leur gré, la figure qui leur plaît. Voulez-vous que je vous apparaiffe fous celle.... .

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JULIE.

Vous n'en prendrez aucune s'il vous plaît, & votre propofition me parait même fort étonnante; fi je vous nommais quelqu'un, n'inquieterais je pas votre amour? Ne devriez vous pas en être jaloux, & foupçonner un Kival? ...

Le MARQUIS.

Oh je vois votre délicatoffe. Eh bien il me vient une idée: je vais prendra la figure de Florine; elle ne fort

Tome V.

une fille, & la fimple confidente de votre paffion. Pour moi, elle fera moimême; oui, moi-même, belle Julie, l'Amant le plus tendre & le plus paffionné; il ne me faut que le moment de difpofer de fon ame; c'eft-à-dire, de la placer dans un autre corps, tandis qu'ici j'occuperai le fien.

Toute cette fcène fe paffe dans l'obfcurité; Julie veut retenir fon Amant, mais fans l'écouter il part, & un moment après l'appartement de Julie fe trouve éclairé.

Le Marquis paraît vêtu d'un habit léger & brillant, fous les traits de Florine, & fe jette aux genoux de Julie; elle veut retirer fa main, qu'il baise avec transport.

Le MARQUIS.

Mais, Madame, il était donc inutile que je priffe un corps; apparemment que la figure fous laquelle je vous apparais, vous déplaît.

JULIE.

Non, mon cher Ziblis, & foit qu'elle emprunte de votre ame, qui l'anime ce certain agrément que l'amour feul peut donner; foit préjugé de mes fen

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