Comme elles font d'ailleurs naître un grand appetit, Il les exhorte, il leur preferit Léandre fe plaint à Finette de ne pouvoir jamais s'entretenir avec fa fœur, que Cidalife obfede fans ceffe. Finette lui répond par un nouveau portrait qu'elle fait de cette fâcheufe, qui l'importune par plus d'une raifon. FINETTE. Elle eft vive, spirituelle. Elle a pour en faire les frais, Des reffources continuelles. C'eft un recueil vivant de toutes les nouvelles. LEANDR E. Moi j'en ferais beaucoup de cas, Sans un défaut, qui dans elle me bleffe. D'être tout où l'on ne la veut pas. Sans vous connaître elle se livre, Et vient hors de propos toujours vous acoster. S'attache-t-elle à vous, rien ne peut l'écarter; 1 Elle eft la premiere à vous suivre, Et la derniere à vous quitter. Quelques foins que l'on part qu'on aille, prenne, & quelque On la trouve toujours; on a beau l'éviter: Par fon activité qui tient de la magie, Elle eft de chaque fête & de chaque partie, Sans qu'on prenne jamais le foin de l'en prier. Léandre ordonne à Lifette d'aller prier fa fœur de tâcher de fe dérober à Cidalife pour lui venir parler en fe cret, M. de la Joie, Médecin d'une nouvelle efpece, & fur-tout grand ivrogne, vient faire lui-même l'étalage de fes qualités, d'une maniere qui a beaucoup déplu aux fuppôts de Galien. Un Médecin rassemble Et concourent à la fanté, Comme au délaffement de tous les gens ai mables. Par la même raifon qu'il fe rend favorable Aux talens d'un paffable Acteur, Il lui doit être inexorable, &c.. Les deux Arlequins, après avoir affez long-tems diffimulé jufqu'à fe louer réciproquement, en viennent enfin aux menaces & aux coups. La Critique les congédie par cette réponse décifive. Les complimens que l'un à l'autre T Un Marquis fat, fuccéde aux deux Arlequins. Il demande avec confiance à l'écho du Public, ce que la renommée publie de fes exploits dans les champs de Mars & dans ceux de l'A mour.r La CRITIQUE. D'après moi, je vais vous parler Une vertu qu'on veut trop étaler, Elle le fait timpanifer, Pour peu qu'elle foit fanfaronnes Et le Public malin fe plait à refufer L'heureux talent d'être modefte. Si de vous faire aimer vous trouvez le fecret, Dans votre cœur renfermez cette gloire ; Et fachez qu'en amour, un Vainqueur indi cret, Bien loin de triompher, avilit fa victoire, Le Marquis eft remplacé par un Mifantrope, qui s'ennuye de tout, & qui n'a qu'un dégoût affreux pour tout ce qui n'a pas la grace de la nouveauté. La CRITIQUE Je vois que votre efprit s'occupe A chercher toujours du nouveau ; Mais de ce fentiment on eft toujours la dupe.. Le nouveau n'eft pas toujours beau. Ne vaut-il pas bien mieux voir ces divins ou vrages, Qu'on a de tour tems admirés, Qui font le défespoir de ces Auteurs peu fages, Dont les pas chancelants & souvent égarés, Les contradictions que Pigmalion éprouve, font la matiere des deux derniers actes, & ce n'eft qu'à la fin du troifieme, que l'inftant de fon bonheur arrive. Agalméris, touchée de fa perféverance, & fur-tout de la foumiflion avec laquelle, il lui laiffe la liberté de difpofer de fon cœur, lui rend enfin la justice qui lui eft dûe, & lui facrifie Clitophon, qu'elle n'a d'abord aimé que par ce que rien ne s'était présenté de plus aimable à fes yeux. On convint que le fujet de cette Comédie déja tant de fois rebatu, était traité d'une maniere ingénieufe; on en admira les détails, & la vivacité du dialogue; mais l'ensemble ne fit pas un grand plaifir, & ce n'eft pas la feule Piece qui ait été goûtée par les connaiffeurs, & peu accueillie du Public. Elle fut terminée par le Vaudeville fuivant : VAUDEVILL E. Fillette, malgré les appas |