Sortant un jour de Saint Bonnet, Cette Piece, qui eft des mêmes Auteurs que la derniere, eut moins de fuccès; elle eut huit représentations, dans lefquelles on applaudit plufieurs détails bien écrits, où l'on reconnaissait les talens de Meffieurs Panard & Sticotti. LA FILLE, LA FEMME, ET LA VEUVE. Parodie des Fêtes de Thalie. ACASTE, Capitaine de Vaisseau, aime depuis long-tems Léonor; fatigué des dédains foutenus de cette beauté cruelle, il entreprend un voyage, fur mer, dans l'efpoir d'éteindre, par l'abfence, un feu qui le tyrannife; il aborde à Alger, où il délivre Cléon, pere de Léonor, fans le connaître ; il revient à Marseille, & comme l'éloignement n'a fervi qu'à redoubler son ardeur, fon premier foin en arrivant, eft d'aller voir Léonor; c'est dans ce deffein qu'il ouvre la Scène avec Cléon qui lui demande le nom de fa Maîtreffe; Acafte refuse de le fatisfaire, & l'envoye préparer la fête qu'il deftine à Léonor. Cléon fort en chantant ce couplet, qui prouve que l'efclavage ne lui a point fait oublier les chagrins de l'Hymenée. Des fers vous m'avez fu tirer, Mais que fert de m'en délivrer, Pour me rendre à ma femme? CLEON. On me croit mort. ACASTE. Que craignez-vous. CLEON. Vous badinez, je pense; Acafte eft reçu de Léonor avec encore plus de froideur, qu'avant fon voyage; & Bélife, mere de Léonor, croyant fon époux mort depuis dix ans qu'il eft abfent, confeille à Acafte de quitter fa fille, & de former de plus doux nœuds. Enfin après quelques façons, elle fe propofe elle-même, pour le confoler des rigueurs de Léonor. Acafte accepte le parti pour faire dépit à Léonor qui fort outrée. Bélife preffe Acafte de conclure; il paraît fort diftrait; Cléon arrive, fuivi des Matelots, pour le divertis sement, & reconnaissant sa femme, il lui parle ainfi : CLEON. Perfide! eft-ce ainfi qu'on me traite ? Mon époux!.. battons la retraite. CLEON, à Acaste. J'ai fait le rôle d'un Nigaut, Vous épargniez bien des fottifes. Ce couplet contient la critique de l'acte. Il finit par cet autre, où Cléon donne fa fille à Acafte en reconnaisfance de fa liberté qu'il lui doit. Ajoutons une réflexion à la critique fenfible des deux jeunes Auteurs; comment Cléon, chargé du détail d'une fête, ignore-t-il à qui il l'a prépare jufqu'au moment de fon exécution. Le deuxieme acte eft rempli par Ifabelle, veuve coquette, aimée par un Officier, & par un Financier qu'elle amufe fans vouloir prendre des liens plus férieux. Elle ouvre la fcène par l'éloge du veuvage: fa Suivante lui chante a Jamais Beauté n'eut tant de gloire ; A Faut-il que le veuvage ait pour vous tant d'appas, Et qu'un fecond Hymen ne vous en offre pas? Ce dégoût eft fi grand, que j'ai peine à le croire. Vous trompez un jeune Officier ; Eft-il, eft-il de plus aimable emplette? Vous êtes fourde aux vœux d'un Financier, Que de duvaus perdus, (bis.) ah ! que je les Xwegbregrettepp of C ان Le Financier donne à la veuve une fête où Arlequin habillé en Vendeufe de petit mêtier, chante une ronde, à laquelle tous les Acteurs avouent modefteftement devoir la plus grande partie du fuccès, de leur Piece; cette ronde fe débite très-bien à la Comédie Italienne. Voici le fujet de la troifieme entrée, qui s'intitule la Femme. Dorante, époux de Caliste, vit, dans un bal de nuit, un Mafque, & en de-, |