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étoient à l'ufage des tentes,pour couvrir les fpectateurs. Ces pieux & ces poutres ainfi plantés, devoient être affurés & garnis de gardefous de charpente, afin d'empêcher que ceux qui étoient placés fur l'attique, comme les femmes, ne tombaffent pas de l'Amphitheatre d'un côté en dehors, ni en dedans, fur les premiers fieges de l'autre.

La largeur du pourtour de l'attique eft de quatre pieds & demi, fans y comprendre la faillie en dedans, qui eft d'environ quatre pouces, non plus que celle des corbeaux, qui portent les mortoifes rondes en dehors, qui ont environ dix à douze pouces de diametre, & les pierres en faillie environ feize pouces, qui ont deux pieds deux pouces de large, fur deux pieds deux pouces de haut. Toutes ces pierres font cramponnées les unes aux autres, avec crampons recourbés, & celles audeffous qui forment le reftant de l'ouvrage, avec crampons à queue d'aronde. Ces derniers crampons font de dix pouces de long, de trois à quatre de large à leur queue, d'un & demi à deux à leur milieu dans l'endroit du joint, & d'environ douze à feize lignes d'épais. Sans doute qu'ils avoient été fcellés en plomb, car je n'ai trouvé que leur trace.

Dans le profil de cet ouvrage, où il eft en partie démoli, contre la petite Capucine, où il paroît que l'on avoit mis une cloche pour fonner le tocfin,du temps que les Comtes faifoient fervir l'Amphitheatre de Fortereffe, on voit en plein la cifelure des joints montans. des pierres, qui portent près à près les unes contre les. autres; de manière que le reftant des le reftant des paremens interieurs des pierres étant ou piqués, ou abbattus, ou démaigris, les pierres ne portent les unes contre les autres, à peu près que comme fait le couvercle d'un coffre contre les bords des montans de fes autres côtés. Il n'err eft pas de même des joints d'affifes, qui m'ont paru partout bien dresses, & taillés uniment, & de niveau.

Des Carrieres.

§. IV.

Les Carrieres d'où l'on a tiré toutes ces grandes pierres, qui ont fervi à la bâtiffe des Arénes, & des autres Edifices de la Ville de Nifmes, font celles de l'Echo, qui font éloignées de la Ville de Nifmes d'un grand quart de lieuë, & celles de la Caumette; ces dernieres font les plus remarquables, & font diftantes de Nifmes de près de deux lieuës. On y voit encore la trace des Carriers. Elles font toutes découvertes & coupées à plomb. On voit dans leur profil la quantité de bancs, & leurs differentes hauteurs, propres à former des affifes plus ou moins hautes. Les lits ont deux pieds d'épais, ou environ, tant du plus que du moins. La pierre eft blanche quand on la taille, & affez molle au fortir de la Carriere; mais elle durcit enfuite à l'air, & devient grife. On voit à ces Carrieres de la Caumette une grande quantité de décombres, qui forment une espece de montagne, autour de laquelle il y a deux enfoncemens qui marquent les routes d'entrée & de fortie par où les voitures paffoient pour aller charger les materiaux, & pour les en fortir, & qui viennent aboutir au grand chemin qui va de la Caumette à Nifmes. Ce chemin a une montée affez rude depuis les Carrieres jufqu'à la hauteur des Guariques, qui eft d'environ de fept à huit cens toifes de long, dans lequel efpace fans doute il falloit redoubler les voitures pour y amener les pierres: mais enfuite le chemin trouve une pente prefque infenfible jufqu'à Nifmes, fans jamais monter, en faifant paffer les voitures par le Cadareau, qui pouvoit être alors le grand chemin de ces voitures, & où il ne paffe de l'eau que rarement, & lors des grands orages. J'ai été expreffément verifier fur les lieux, fi la

chofe étoit poffible, & je l'ai trouvée tout à fait vraifemblable. Les pierres que l'on tiroit des Carrieres de l'Echo, ne fuivoient point d'autre route.

Des Taureaux.

§. V. FIGURE 4.

Sur une des quatre grandes Portes d'entrée de l'Amphitheatre, on trouve deux Taureaux en faillie & en relief, depuis près des épaules, avec le col, la tête, les cornes & les pieds de devant. Ils foûtiennent l'architrave, &, pour ainfi dire, le fronton de cette Porte, qui eft comme hors d'œuvre, & fervent comme d'ornemens & d'encorbeillement à l'ouvrage audeffus du fecond Portique. On en voit encore deux autres au premier Portique du premier rang des arceaux du rez de chauffée; mais ceux-ci font tous écornés ou mutilés le par temps, ou par ceux qui ont fait fermer l'arceau audeffous; il n'en refte que des tronçons informes. Si l'on divife l'espace entre les colomnes de la Porte en trois parties également, les deux figures en relief des Taureaux occuperont les deux du milieu. Ces Taureaux peuvent avoir du rapport à la Religion des Egyptiens, qui adoroient Serapis fous la figure d'un Taureau. On peut n'y avoir égard, fi l'on veut, que parce que l'on les a employés en guife de confoles, & pour ornement, afin de mieux affurer l'architrave du fronton, qui porteroit à faux fans cela. Ces Taureaux peuvent faire encore allufion aux combats de semblables animaux dans l'Amphitheatre. On fçait que le voisinage de Nismes fournit un grand nombre de Taureaux fauvages, que l'on va chercher avec beaucoup de peine & d'adreffe dans des marais impraticables, où ils se tiennent toùjours Hiver & Eté, & qui ont huit à dix lieuës de long, fur deux à trois de large, & que ces animaux ne fe

faiffent pas approcher aifément; encore aujourd'hui ils fervent de divertiffement au Public, qui y accourt de tous les environs, lorfque l'on les raffemble de toutes parts dans certains Parcs au milieu de certains Pâturages, pour les marquer avec un fer rouge fur la cuiffe dans le temps de la Ferrade, & on voit avec quelle hardieffe les hommes qui font prépofés à cela, vont attaquer ces animaux fi fougueux, & les renverfent par terre avec une adreffe furprenante.

On faifoit encore combattre des Coqs dans l'Amphitheatre, comme un divertiffement que l'on prend encore chez plufieurs Nations de la terre.

Des Gladiateurs.

§. VI. FIGURE 26.. ́

Au milieu de l'appui du gardefou de la Porte où font les Taureaux, au Portique du fecond étage, on voyoit autrefois en demi-relief un combat de deux Gladiateurs, dont l'un étoit fans armes, appuyé d'une main, & l'autre audeffus prêt à poignarder celui qui étoit deffous. Tous les deux avoient des pots en tête, & des cuiraffes, habillés en Soldats Romains: mais cet appui ayant été démoli & refait en simple maçonnerie, on n'y voit plus ces figures.

On en voit à peu près de femblables en un autre appui qui a refté en entier, & qui meriteroit bien d'être confervé. Les Gladiateurs font cuiraffés, habillés en Soldats Romains, avec des pots en têtes, tous les deux droits, prêts à fe poignarder, ou à fe battre à coups de cordes; car on ne fçait pas bien ce qu'ils tiennent à leurs mains, dont ils femblent vouloir se frapper, à caufe que le temps en a rongé la figure, un defquels paroît avoir un grand bouclier devant lui. Cette figure en demi-relief fe voit en venant du Palais, après avoir

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paffé les pilaftres fur le fquels font reprefentées les figures de la Louve, & du Priape bequeté. Ces fortes de Combattans fe nommoient chez les Romains Raftiari, quand ils étoient armés de cordages autour de leurs poignets.

De la Louve allaitant Remus & Romulus.

§. VII. FIGURE 25.

Quand on vient du Palais, & que l'on va vers les quatre jambes, vis à vis les maifons qui approchent le plus de l'Amphitheatre, fur un des Pilaftres, on voit en demi-relief une Louve allaitant Remus & Romulus. Celui de ces deux enfans qui rette la Louve, & qui eft deffous fa poitrine, femble être careffé de la Louve, qui tourne la tête vers lui; & l'autre qui eft le plus près des cuiffes de la Louve, & fur le derriere, ne tette pas, mais femble vouloir s'élever pour prendre un mammelon de la Bête, afin de la tetter.

Tout le monde fçait l'histoire de Remus & Romulus, pour marque que toutes ces figures reprefentées à l'Amphitheatre, font des reftes des monumens des Romains, que la Louve dont on fait une fable, fignifioit une femme de mauvaise vie, que l'on appelloit alors Lupa, qui l'on avoit donné à nourrir Remus & Romulus, & que nous appellons aujourd'hui une femme proftituée, &c. Par la reprefentation d'une Louve qui nourrit ainfi ces deux enfans, les Romains. voulurent en impofer aux Peuples & aux Nations, pour rendre la naiffance de leurs Fondateurs, & leur éducation, plus remarquable & plus furprenante.

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