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naturelles que nous avons tant de peine à admettre, à priori, sans preuves évidentes et palpables à nos sens.

Personne ne doute des facultés surnaturelles d'un Newton, d'un Napoléon, d'un Fourier, parce que ces facultés sont purement intellectuelles et se démontrent à l'intelligence directement. Les facultés exceptionnelles d'un Homère et d'un Virgile sont reconnues aussi par la masse; mais ceux d'un saint Jean et d'un Daniel sont réputées douteuses, parce que l'on n'est pas capable de s'informer par les sens de ces transcendants phénomènes de vision et de paroles célestes. Il faut donc se replier sur les degrés parallèles des phénomènes surnaturels dans les deux autres sphères de l'âme. C'est ce que nous allons faire en parlant de la nature particulière du Verbe par rapport aux deux autres ordres de révélation; mais avant d'entrer dans cette question spéciale, disons encore quelques mots sur les voies de sa transmission au monde terrestre, de sa conservation et de son influence dans ce monde.

Le mouvement matériel et le mouvement passionnel.

Nous ne doutons aucunement de l'analogie qui existe entre le monde matériel et le monde passionnel quant au mouvement lumineux ou obscur, consonnant ou dissonnant selon la vitesse des vibrations et leurs rapports proportionnels dans un temps donné. Chacun pourra constater la justesse de cette observation dans la sphère de l'intelligence, ainsi que dans celles du sentiment et des sens. Un homme intelligent voit bien plus vite une nouvelle lumière de science qu'un homme moins intelligent; un homme de cœur reconnaît bien plus vite une démonstration affectueuse, qu'un homme aux sentiments bas; un artiste consommé voit plus vite les défauts et les qualités d'une œuvre distinguée, que l'homme ordinaire dont les sens sont peu développés. La différence des degrés dépend donc de la vitesse des vibrations vitales. Ce qui est tout lumineux pour tel degré de vibration passionnelle peut être invisible et incompréhensible pour des degrés très-inférieurs en échelle générale. Par là nous pouvons concevoir la nature particulière des facultés transcendantes et surnaturelles dans toutes les sphères de l'âme, et il ne répugne plus à l'esprit de reconnaître les exceptions dans la sphère des sens, tout comme on les admet dans les sphères de l'esprit et du sentiment.

Les biographies de personnages célèbres nous apprennent que tous les hommes d'un génie transcendant dans la sphère de l'intelligence ont été plus ou moins enclins à croire à l'existence de rapports directs entre le monde céleste et le monde terrestre au moyen des pro

phètes et des oracles d'un ordre quelconque. Napoléon est dit avoir été très-superstitieux à cet égard. Le fait est que le développement surnaturel des facultés intellectuelles ou sentimentales doit entraîner l'individu à concevoir instinctivement un pareil état de développement pour les sens chez certains individus. C'est ainsi que les plus et les moins intelligents de l'espèce humaine se rapprochent par la loi du contact d'extrêmes dans une croyance superstitieuse à l'existence du monde invisible et de l'influence des esprits célestes sur les esprits terrestres. Les esprits forts qui croient se montrer raisonnables en parlant peu respectueusement de ces « faiblesses du génie » ne se doutent pas qu'ils sont tout bonnement ridicules en tranchant sur des questions qui ont toujours ému le genre humain, et sur lesquelles ils n'ont pas euxmêmes la moindre lumière.

Quant à la transmission de la parole céleste au monde terrestre par le moyen des prophètes, qui prétendent avoir eu des visions célestes et des facultés surnaturelles dans la sphère des sens, la tradition religieuse nous garantit la certitude des faits.

C'est à nous de contrôler la valeur de ces faits au moyen de l'ide ntité qui doit exister entre tous les ordres de principes et de vérités, dans toutes les sphères des passions et des facultés de l'homme.

Nous pouvons donc concevoir facilement l'existence de ces facultés transcendantes qui permettraient à certains individus d'entendre et de voir ce qui est inaudible et invisible pour les autres. Les êtres en petit nombre qui se sont prétendus doués de ces facultés exceptionnelles ont été appelés, dans le langage ordinaire de tous les peuples civilisés, génies, prophètes, visionnaires, illuminés, etc.

En contraste avec les prophètes et les génies terrestres dont nous venons de parler, l'Ecriture nous parle d'anges ou êtres célestes correspondants qui auraient transmis la parole d'en haut à ces prophètes et illuminés religieux. Nous citerons seulement quelques passages des livres sacrés qui ont rapport à ces faits, en remarquant d'ailleurs que dans ces textes les anges qui parlent au nom de Dieu, sont eux-mêmes désignés quelquefois sous le nom de Dieu, et d'autres fois sous celui d'anges ou ministres du Très-Haut.

<< Moïse s'enfuit en entendant cette parole, et il demeura comme étranger au pays de Madian, où il eut deux fils.

» Quarante ans après un ange lui apparut, au désert de la montagne de Sinaï, dans la flamme d'un buisson qui brùlait. »

« Ce que Moïse ayant aperçu, il fut étonné de ce qu'il voyait, et s'approchant pour considérer ce que c'était, il entendit la voix du Seigneur qui lui dit :

« Je suis le Dieu de vos Pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob . .

» C'est ce Moise qui a dit aux enfants d'Israël : Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi; écoutez-le.

» C'est lui qui, pendant que le peuple était assemblé au désert, s'entretenait avec l'ange qui parlait à lui en la montagne de Sina; c'est lui qui était avec nos pères et qui a reçu les paroles de vie pour nous les donner.

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>> Vous avez reçu la loi par le ministère des anges, et vous ne l'avez pas gardée. » (Les Actes, VII, 29, 37, 53.)

Ces textes suffisent pour donner une idée de la transmission du Verbe céleste aux prophètes, et l'histoire de l'Eglise universelle est là pour nous édifier sur la conservation de la parole divine et son influence dans le monde. Passons maintenant à l'examen des caractères distinctifs de la parole céleste.

CARACTÈRE DU VERBE DIVIN.

Nous avons une idée des sources de la parole divine et de la transmission de cette parole des esprits célestes aux esprits terrestres par l'entremise des facultés transcendantes de certains individus, appelés pro phètes ou inspirés. Il faudra maintenant examiner la nature particulière du Verbe, par rapport aux deux autres ordres de Révélation divine, et les causes de sa supériorité relative sur chacun d'eux. Nous disons supériorité relative, car chacun de ces trois ordres de révélation est supérieur aux deux autres à un certain point de vue.

1o. Au point de vue religieux, le VERBE est supérieur aux deux autres ordres de révélation;

2o Au point de vue scientifique, la NATURE est supérieure au Verbe et à l'Homme;

3o Au point de vue social et politique, la NATURE HUMAINE est supé rieure à tout autre ordre de révélation.

Au point de vue UNITAIRE, chacun est égal à l'autre, et tous les trois sont nécessaires à l'ordre intégral de l'harmonie.

Il est facile de concevoir en quoi la NATURE est supérieure au Verbe et à l'Humanité au point de vue des sciences positives. Il est facile aussi de comprendre en quoi la NATURE HUMAINE et son histoire sont supérieures aux deux autres ordres de révélation quand il s'agit de découvrir les lois naturelles de l'ordre et de l'harmonie politique et sociale. Il n'est pas difficile, non plus, de voir en quoi le VERBE est réellement supérieur aux deux autres ordres de révélation divine, quand il s'agit de détermi

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ner les rapports du monde terrestre au monde céleste, et les liens qui unissent le visible à l'invisible dans la destinée de l'être collectif que nous appelons l'humanité.

Chacun de ces ordres de révélation a son caractère tout spécial et sa raison d'être. Le caractère du Verbe Divin est facile à déterminer en premier degré de variété; mais quelle est sa supériorité toute spéciale par rapport aux deux autres? car chacun d'eux révèle les lois d'harmonie universelle dans lesquelles se reflète plus ou moins la destinée de l'espèce humaine.

Ce caractère supérieur, au point de vue religieux de la destinée, nous l'avons déjà dit, consiste:

1o A nous révéler une portion très-considérable des plans de Dieu pour notre globe avant que les progrès de la nature aient développé ces plans dans tous leurs détails à la surface de la planète;

2o A satisfaire notre soif de connaître la vérité sur la destinée de l'espêce humaine dans ce monde et dans l'autre, avant que l'intelligence collective soit assez développée pour en découvrir quelques reflets dans la Nature, et aussi pour nous dire plus tard la destinée de tous les astres de l'univers, et des humanités qui peuplent ces astres; car l'homme est curieux de savoir, non-seulement sa propre destinée, mais celle de tous les êtres de l'univers, et il ne pourra l'apprendre par une autre voie que celle du Verbe divin ou la communication de la parole céleste aux êtres terrestres.

L'humanité demande une loi d'unité à suivre pendant sa minorité intellectuelle, avant qu'elle ait l'esprit assez avancé pour découvrir la science par l'observation rigoureuse des phénomènes de la Nature. Quand même cette puissance d'observation serait donnée à l'espèce humaine dès le commencement de sa carrière collective, la Nature en voie de progrès ne peut pas être complètement développée à une époque donnée de sa carrière ascendante. Et d'ailleurs, le plan définitif du Divin architecte est plus complet que la construction pratique qui n'est qu'en partie réalisée.

Le mot de prophétie indique que le Verbe divin déroule le plan d'un certain cycle d'événements avant leur accomplissement. Le Verbe révélé à une époque donnée peut être limité à des cycles partiels, mais ces cycles sont toujours plus étendus que la partie réelle de la destinée accomplie.

On pourrait nous demander pourquoi le Verbe divin ne nous a pas révélé les sciences positives aussi bien que les vérités de l'ordre religieux, puisque les esprits célestes et supérieurs ont pu communiquer une partie de leurs lumières aux esprits terrestres. On peut toujours faire des questions de ce genre, sans savoir si de pareilles révélations

entrent dans l'ordre des choses. Nous pourrions, nous, demander aux esprits sceptiques, qui ne croient qu'aux révélations de la Nature, pourquoi Dieu n'a pas fait des machines vivantes, plus fortes et plus utiles que les machines inorganiques que l'homme a su construire par les moyens de la science? Pourquoi la machine locomotive, qui n'est qu'une pure création humaine, est-elle plus forte et plus rapide qu'une création divine, telle que l'éléphant, le chameau, ou le bœuf, le lion ou le cheval? Pourquoi l'homme n'a-t-il pas eu plus tôt assez de puissance intellectuelle pour inventer toutes les machines qui lui sont si utiles et si nécessaires? Pourquoi l'homme, qui n'a sa force et sa virilité qu'à l'apogée de son développement, n'a-t-il pas été créé dans la force de l'âge, au lieu de naître à l'état faible de l'enfance et de n'atteindre toute sa vigueur que tard et lentement? La réponse à toutes ces questions se trouve dans la loi de la progression universelle, qui est l'essence de l'harmonie et de l'unité intégrale. On verra d'ailleurs tout à l'heure qu'aucune science n'a été révélée d'avance, ni dans la Nature, ni dans l'âme humaine, ni dans le Verbe. Une seule et même loi divine règne dans toutes ces révélations; mais c'est le propre de l'homme de découvrir cette loi divine dans toutes ses branches et de constituer ainsi ce que l'on appelle la science de la Nature visible, la science de la Nature céleste et invisible, la science de la Nature humaine et sociale, qui tient le milieu entre les deux autres ordres de révélation. On verra aussi que ces trois branches de la science universelle ne forment qu'une seule et même science.

Le caractère du Verbe divin est différent de celui des deux autres ordres de révélation, sous tous les rapports, excepté celui de l'accord et de l'unité supérieurs. Il diffère avec eux sous les rapports de la progression, de la proportion et des liens analogiques ou rapports logarithmiques, s'il nous est permis de nous servir de cette expression de la science. Le petit tableau suivant fera voir les caractères respectifs des trois ordres de révélation divine sous les rapports dont nous parlons :

Rapport

de PROGRESSION.

de PROPORTION.

de PARALLELISME..

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4° Sous le rapport de la progression en révélation, le Verbe déroule une portion infiniment grande des plans de Dieu par rapport à la destinée non encore réalisée sur notre planète, tandis que la Nature ne fait entrevoir qu'une partie infiniment petite de ces plans, dans ce qui en est déjà accompli. L'humanité tient le milieu de la série, en ce qu'elle peut voir plus loin que les faits accomplis dans la Nature, sans aller

TOME III.

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