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gence humaine est analogue au climat qui doit permettre le développement du germe, depuis l'état rudimentaire jusqu'à l'état mûr et parfait.

En ce sens, la nature du dogme religieux ne peut jamais changer, quelles que soient les différences apparentes, qui distinguent les diverses phases de son développement dans l'esprit humain. Or, le dogme du mariage, tel qu'il est révélé par le Verbe et par la Nature, est diversement entendu selon le développement de l'esprit humain.

Ce que l'Eglise entend aujourd'hui du dogme du mariage et du pé ché de l'adultère diffère beaucoup de la manière de comprendre co dogme dans l'Église ancienne ou judaïque, et cependant le Verbe religieux est essentiellement le même. Notre manière de comprendre le dogme du mariage et le péché de l'adultère diffère aussi de l'interprétation de ce même dogme donnée par l'Église catholique. Nous croyons que notre interprétation sera admise universellement dans l'avenir, et, dans ce cas, le passé, le présent et l'avenir auront admis le même dogme sous trois formes différentes.

Aujourd'hui, le mariage apparent, consacré devant l'autel, est rendu indissoluble, et le péché de l'adultère s'entend seulement des relations sexuelles en contravention de ce mariage. Dans l'avenir, le mariage réel des cœurs sera seul consacré devant l'autel, et le péché de l'adultère ne s'attachera qu'aux relations sexuelles en dehors du vrai mariage.

Le dogme de l'Église catholique est devenu aujourd'hui un sophisme par lequel la forme emporte le fond, et substitue, en beaucoup de cas, l'adultère légal au mariage des cœurs. Il faut donc que ce dogme soit mieux compris qu'il n'a été jusqu'à présent pour que l'esprit humain soit en accord avec l'Église et le Verbe divin, mieux compris par le clergé et mieux expliqué pour les fidèles. Il faut aussi que les institutions sociales soient mises en rapport avec tous les progrès de l'intelligence dans l'entente de la révélation divine.

Un sophisme fondamental qui règne aujourd'hui dans l'Eglise chrétienne est celui-ci : La religion ne doit s'occuper que du salut des âmes dans l'autre monde, et nullement de la destinée terrestre. Nous disons que cette doctrine est un sophisme fondamental, car la religion catholique nous dit que notre salut dans l'autre monde dépend de notre conduite ici-bas.

L'Église prend tellement au sérieux cette dernière thèse, que tous ses efforts tendent à maintenir dans les fidèles une vie irréprochable (1).

(1) C'est de ce sophisme même qu'est venue l'hérésie de Calvin sur la prédestination des élus et l'inutilité des œuvres.

Elle a beau dire qu'elle ne s'occupe pas des intérêts matériels et politiques elle s'occupe nécessairement des institutions sociales et morales, et, dès lors, elle s'occupe de la forme matérielle d'où découlent tous les intérêts de conduite et de mœurs, tous les intérêts de politique et d'évolution sociale.

On peut distinguer l'enseignement religieux de l'administration politique, ainsi que les deux systèmes de hiérarchie préposés à ces fonctions différentes; mais la séparation de ces deux hiérarchies du gouvernement spirituel et du gouvernement temporel, séparation toutà-fait nécessaire, ne doit nullement nuire à l'unité de principes et de mœurs qui lie deux destinées, mondaine et ultramondaine de l'humanité.

La vie matérielle et spirituelle est tellement une et indivisible, qu'il est tout-à-fait impossible de les séparer. La constitution politique et sociale découle nécessairement de l'intelligence des hommes, et celle-ci est de tout temps formée par les doctrines scientifiques et religieuses qui ont cours dans l'Église et dans l'Etat..

La vie religieuse et intellectuelle d'un peuple est à sa vie politique et sociale ce qu'est l'âme au corps de l'individu, et il est aussi illogique de séparer la vie spirituelle d'un peuple de sa vie politique ou matérielle, qu'il le serait de séparer la vie de l'esprit de celle du corps chez l'individu.

Il est sans doute des cas où la distinction est admissible quant à l'étude abstraite, mais la séparation absolue en pratique est impossible, et la théorie d'une pareille séparation n'est qu'un sophisme.

La religion est la vie de l'esprit, ou doit l'être, et la vie de l'esprit dirige celle du corps dans l'être collectif comme dans l'individu. La religion est donc l'âme de la société; et si cette âme est faible ou malade. ou dépravée, la société en souffre, comme l'individu souffre du corps quand l'esprit est en souffrance.

De tout ceci il s'ensuit que la vie sociale et politique ne peut se développer qu'en raison des développements de la vie intellectuelle et spirituelle.

Le développement de l'esprit a lieu au sein de l'Église ou en dehors de l'Église, et les Églises sont ou mortes ou vivantes, selon que l'intelligence collective se développe sous leur influence ou en dehors de cette influence.

Ce qui est certain aujourd'hui, c'est que la vie intellectuelle et sociale des peuples se développe plus en dehors qu'en dedans des sphères de l'influence religieuse et politique de l'Église et de l'État. Que faut-il faire pour rendre à l'Église et à l'État l'influence qui leur manque? II faut les rendre progressifs, car les États et les Églises qui sont devenus

absolutistes se sont cristallisés dans leur organisme, et bientôt ne seront que des fossiles ou des mythes sans vie.

L'Église catholique fut constitutionnelle et progressive tant que durèrent les conciles œcuméniques; elle est devenue absolutiste et oppressive pour les consciences depuis l'époque de Luther et la Réformation. Les États constitutionnels admettent le progrès par le mouvement législatif qui suit celui du développement des idées et des besoins. L'Église pourrait redevenir vivante et progressive par la réouverture des conciles œcuméniques qui développeraient les formules devenues trop étroites pour renfermer toute la lumière des dogmes.

L'Église languit, comme les États, faute de mouvement intellectuel. Les Églises, périssent comme les États, quand le souffle de la vie progressive leur échappe. C'est ainsi que l'Église ancienne d'Israël, remplacée par le christianisme, est tombée en décadence, et les Églises chrétiennes se trouveront de même en décadence si elles refusent de vivre de la vie nouvelle qui s'est manifestée dans le monde.

L'Eglise catholique a sans doute raison de s'opposer à l'admission d'idées nouvelles qui lui paraissent contraires à ses dogmes, comme la religion juive a eu le droit subversif de crucifier Jésus-Christ et de s'opposer à l'admission de ses doctrines, telles qu'on les a comprises jusqu'à présent; mais, dans ce cas, il en sera du catholicisme comme il en fut du judaïsme, les anciens cultes se tiendront à l'écart, jusqu'à ce que les nouvelles doctrines soient assez complètes pour être admises universellement.

Le dogme judaïque attend le Rédempteur temporel et ne peut pas se contenter d'un rédempteur spirituel tel que l'Église chrétienne nous peint le Sauveur. Nous croyons que les Juifs ont raison dans leur attente, et que les deux Eglises, juive et chrétienne, seront satisfaites dans l'avenir par le dogme de la régénération universelle terrestre et céleste, lequel dogme ne viendra pas d'une nouvelle révélation céleste, mais d'une nouvelle lumière sur toutes les révélations qui existent.

Nous ne doutons aucunement que l'Eglise se transformera dans ses dogmes comme l'État se transformera dans ses institutions, peu à peu et sans secousses redoutables. C'est dans cette attente que nous travaillons aux réformes sociales, qui permettront tous les progrès possibles, sans bouleverser l'ordre des choses existant, soit dans l'Eglise, soit dans l'Etat.

Il n'est pas nécessaire de parler ici des transformations qu'ont déjà subies certains dogmes de l'Église, ni de celles qu'ils ont encore à subir dans les progrès de l'intelligence: il suffit de constater que ces transformations ont eu lieu, et que d'autres pourront leur succéder dans le

temps sans nuire à l'unité religieuse ni aux progrès de la vérité. Il s'agit seulement de découvrir et de comprendre la grande loi du mouvement solaire de l'intelligence qui doit harmoniser tous les éléments du progrès, en les mûrissant respectivement et en les classant dans leurs accords naturels d'harmonie.

Cette loi est déjà trouvée : c'est celle de la Série qui distribue les harmonies. Nous pouvons donc avancer avec confiance dans l'étude des religions et des mystères qui doivent être dévoilés pour arriver à cette unité supérieure qui est le but de la société le bonheur terrestre de l'humanité. La lumière, dégagée par cette loi, chassera les ténèbres et les frimats qui arrêtent la marche de l'esprit vers les régions de l'harmonie sociale et religieuse, mondaine et ultramondaine.

Dans les progrès de l'humanité, comme dans ceux des saisons, il y a des temps d'arrêt et des temps de recul, qui empêchent les fruits de mûrir. Les gelées et les ouragans retardent les fruits du sol dans leur développement, et parfois les font mourir dans leurs germes ou bien au milieu de leur carrière. Les frimats du monde intellectuel peuvent se définir ainsi :

ABUS DU POUVOIR ET OUBLIS DU DEVOIR.

Les abus du pouvoir et les oublis du devoir, dans chaque secte, sont des temps d'arrêt pour les doctrines qu'elles ont mission de développer; et souvent même, ces abus et ces oublis sont des gelées et des ouragans qui causent la perte de certains germes de doctrines qui commençaient à se former sur l'arbre général du progrès. L'histoire nous montre que toutes les sectes sont sujettes à ces maladies de l'esprit, et nous ne chercherons pas à savoir ici quelles sont celles qui ont le plus à se reprɔcher ces graves aberrations. Leurs récriminations réciproques n'ont fait qu'aggraver le mal sans y porter remède, et nous croyons qu'il est bon d'éviter aujourd'hui ce genre de controverse religieuse. Constatons seulement, que, parmi beaucoup d'autres méfaits, l'Inquisition, qui a fait tant de mal en Espagne, et la vente des indulgences qui a soulevé toute l'Allemagne et fait naître le protestantisme au sein de l'Église, sont des abus de pouvoir qui ont fait un mal incalculable au progrès naturel des fruits de l'esprit humain. Ce mal est pourtant relatif, car mieux valait alors pour le monde le mouvement protestant que la corruption catholique.

Constatons aussi que ces deux grands abus du pouvoir religieux ont amené à leur tour un des plus grands oublis du devoir qui aient jamais retardé la marche de l'Église catholique vers l'accomplissement de l'unité universelle : l'oubli de la nécessité des conciles œcuméniques pour

régulariser les progrès de la doctrine et assimiler les nouvelles idées sociales et religieuses élaborées au sein du christianisme et utiles à l'humanité. Cet oubli seul a paralysé l'Église catholique, dont l'influence s'est amoindrie constamment, dans tous les pays civilisés, depuis l'époque de la réformation.

Les jésuites ont peut-être fait beaucoup de bien dans leurs efforts de réaction contre l'hérésie, mais aussi ils ont fait du mal à l'Église par leurs intrigues ténébreuses. Il faut un autre système d'attaque pour détruire l'hérésie et ramener au bercail les brebis égarées. Il faut aussi une pâture toujours nouvelle pour les esprits comme pour les corps, et, sans les conciles œcuméniques, l'Église catholique ne peut pas fournir périodiquement cette nouvelle pâture, comme la nature fournit tous les ans de nouveaux fruits. C'est donc forcément en dehors de cette Église que les esprits qui ont faim et soif de nouveaux fruits de l'âme doivent chercher satisfaction à leurs besoins, par la culture de la révélation universelle, tout-à-fait négligée par l'autorité de l'Eglise actuelle de Rome.

Le crucifiement du Christ fut un immense abus de pouvoir chez les Juifs, et tous les meurtres légaux ou illégaux, commis au nom de la religion chrétienne par les Églises catholique ou protestante, n'ont été que de semblables abus du pouvoir ecclésiastique. Ce sont de pareils abus du pouvoir et oublis du devoir qui ont perdu le temple hébreu, et la hierarchie romaine pourrait périr de même si elle restait antipathique à tout progrès légitime.

Laissons là ces tristes critiques, dans l'espoir de voir bientôt l'Église renaître à la vie du progrès, et passons à une autre question.

CONTRADICTIONS DANS LA NATURE.

Quelles sont les contradictions réelles ou apparentes entre les types organiques et les formes symboliques dans les révélations et les cultes? et quelles sont les causes de ces contradictions? C'est une question trèsimportante à examiner.

Par les mots types organiques nous voulons indiquer les révélations de la nature, telles que celles des diverses espèces d'animaux qui sont réellement ou paraissent être en contradiction les unes avec les autres dans leurs instincts et leurs formes organiques.

Si nous prenons un type quelconque comme beau et bienfaisant, dans la nature nous trouverons aussitôt un type opposé qui semblera en contradiction absolue avec le premier, soit en instinct, soit en organisme. Le loup est fortement en contradiction avec l'agneau dans ses instincts, quoique peu dissemblable sous le rapport de la forme. Les poissons

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