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sont très-différents des animaux sous le rapport de l'organisme. Ces contradictions sont-elles réelles ou apparentes seulement? et sont-elles toutes susceptibles d'explication par une même loi générale qui doit les harmoniser dans des vues supérieures de destinée progressive?

Ces contradictions sont apparentes, passagères et accidentelles, plutôt que permanentes et réelles, dans les accords de la nature universelle. Fourier nous prouve abondamment cette thèse dans ses déductions de la méthode sériaire appliquée à la destinée des êtres. Mais quelle que soit la valeur de ses déductions à cet égard, nous sommes forcés d'admettre que ces contradictions existent bien réellement dans la nature telle que Dieu l'a faite sur notre globe; dès lors nous devons admettre qu'elles ont leurs raisons d'être dans les plans de la Providence. Si donc les créations plus ou moins contradictoires en apparence peuvent exister et concourir à une même fin, à un même but d'unité supérieure dans les progrès de la nature, nous devons admettre qu'une paFeille série de doctrines et de formes symboliques, contradictoires en apparence, peut exister dans les révélations et les cultes, sans cesser de concourir à un même but providentiel de progrès intellectuel et d'unité supérieure.

En effet, les états sociaux, différents chez divers peuples contemporains ou chez le même peuple à diverses époques de l'existence terrestre, sont des milieux tellement différents, que l'organisme social et les doctrines qui dirigent les diverses classes de la société doivent différer entre eux, comme l'organisme et les instincts diffèrent dans la nature chez les animaux et chez les poissons qui sont destinés à vivre en milieux différents.

Cette analogie peut nous paraître forcée de prime abord, mais on verra par une étude approfondie de la matière qu'elle n'est pas inadmissible dans de certaines limites. Les milieux sociaux peuvent nous paraître moins dissemblables dans leurs extrêmes différences que ceux de l'eau et de l'atmosphère, appropriés aux divers organismes des poissons et des oiseaux; mais cette apparence, si elle était admise comme réalité, détruirait toutes les bases de l'analogie universelle, en excluant du domaine des types parallèles, soit les ètres qui vivent dans l'eau, soit ceux qui vivent dans l'air.

Il est évident, pour quiconque admet l'analogic et ses conséquences, que tous les éléments sont habités par des organismes appropriés à leur nature particulière. Or, on reconnaît dans la nature des milieux différents: ces milieux sont la terre, l'eau, l'air, l'arôme et le feu. Les ètres qui peuvent exister dans l'eau et dans l'air nous sont déjà visibles; ceux qui peuvent exister dans les entrailles de la terre et dans les régions célestes ou éthérées nous sont tout-à-fait invisibles quant aux yeux du

corps, bien que ceux de l'esprit puissent en quelque sorte les atteindre. Cette thèse est encore à développer, et nous n'en parlons ici que pour montrer dans quels rapports doivent s'établir les bases primitives du parallélisme dans la nature, quand il s'agit de nous élever sur les degrés logiques de l'échelle universelle des analogies.

Dans l'étude de la question sociale et religieuse, il faut tenir compte non seulement des milieux différents et incompatibles à la vie de certaines doctrines, lesquelles différences sont analogues aux milieux différents de l'air et de l'eau; mais il faut aussi tenir compte des doctrines diverses qui dirigent les diverses classes d'une même société en tout temps, pendant l'incohérence sociale de l'humanité. Ce dernier genre de différence est analogue aux instincts divers qui animent des espèces différentes d'un même genre d'animaux en milieu semblable ou identique telles, par exemple, que les différences qui existent entre les instincts des chiens et des loups, des chats et des tigres, des oiseaux sociables et des oiseaux de proie.

Tout le monde sait que ces nombreux instincts différents ne sont pas tous tolérants les uns pour les autres dans l'état actuel des choses: on sait que les animaux se font la guerre. Les doctrines diverses, dans le monde des idées, se font aussi une guerre plus ou moins acharnée, et souvent dans un même but que celui de la guerre des animaux, c'est-àdire dans le but de vivre matériellement les uns aux dépens des autres, les forts aux dépens des faibles. L'intolérance est donc habituelle aux forts et souvent même aux faibles dans tous les règnes de la nature aujourd'hui, mais personne n'aime cette nature dans son état sourant et subversif. Tous les hommes religieux aspirent à un meilleur avenir, tel que celui qui est prophétisé par le Verbe divin, qui nous promet un règne nouveau sur la terre, le règne de Dieu et du bonheur: « où le loup habitera avec l'agneau; le léopard se couchera auprès du chevreau; le veau, le lion et la brebis demeureront ensemble, et un petit enfant les conduira tous. »

Les temps arrivent, le nouveau monde approche où tout ce qui est malfaisant et subversif, sauf exception limitée et restreinte, doit disparaître pour faire place à tout ce qui est, au contraire, bienfaisant et har→ monique.

Le premier devoir de l'homme est d'étudier la Nature et de croire en Dieu qui en est l'auteur, le Créateur. Nous disons que ce devoir est le premier de l'homme au point de vue religieux, parce que la nature même de l'homme est telle que Dieu l'a faite, et, dès lors, l'homme ne peut pas nier Dieu et sa justice sans nier l'auteur de sa propre nature et la loi de son intelligence. Donc, tout ce que Dieu a fait est nécessairement bien fait aux yeux de l'homme; il s'agit seulement de se rendre un

compte impartial et éclairé des apparentes contradictions de la nature. ambiante avec la nature humaine et les notions de la justice divine.

Or, deux choses frappent tout d'abord notre esprit dans l'étude de la Nature et des œuvres de Dieu : 1o Les contradictions réelles ou apparentes entre les êtres de la création qui se font une guerre acharnée; 2o l'incompatibilité réelle ou apparente qui existe entre la nature des animaux féroces et celle de l'homme. La justice divine dans les œuvres de la création semblerait être en contradiction avec les sentiments de justice que le même créateur a déposés dans l'âme humaine. Est-ce Dieu ou l'homme qui aurait tort dans cette apparente contradiction?

Tout d'abord il faut croire que Dieu a raison et que l'homme ne comprend pas cette raison. Cela ne peut pas être un instant mis en doute, car l'homme lui même n'a d'autres sentiments de justice divine que ceux que le Créateur lui a donnés.

Il faut donc admettre à priori que la Providence a raison d'agir ainsi et de tolérer l'existence des choses contradictoires à nos yeux. Quelle est cette raison divine? voilà la question à étudier pour l'homme.

Plus tard nous ferons voir au moins une partie de cette raison divine, quand nous traiterons la question de la Providence directe, inverse et mixte (1), avec les lois de progrès et de mouvement qui dominent dans chacun de ces ordres de gouvernement providentiel. Pour le présent, il faut nous limiter à la question des types différents de doctrines dans les créations de l'esprit humain, en parallèle avec ceux de la création animale de Dieu; le but de notre travail ici étant de faire sentir: 1° que la raison humaine dans son équilibre doit chercher, autant que possible, à se rapprocher de la raison divine, et 2o que la raison divine tolère évidemment à présent l'existence de nombreuses contradictions trèsréelles en apparence au point de vue purement humain, très-incompatibles les unes avec les autres dans les créations divines. D'où nous voulons conclure que les esprits les plus avancés vers l'unité supérieure et la charité divine doivent savoir tolérer l'existence des créations contradictoires de l'esprit humain dans les conceptions et les dogmes religieux, comme Dieu lui-même, pour des raisons à lui connues et certainement suffisantes, tolère l'existence des êtres antipathiques sur notre globe.

(1) Par les mots de Providence directe nous entendons parler des lois universelles dans lesquelles la raison et la justice divines sont identiques avec la raison et la justice humaines. Par les mots de Providence inverse nous entendons parler des lois universelles dans lesquelles la raison et l'injustice divines apparentes sont plus justes que la raison et la justice humaines. Par les mots de Providence mixte nous entendons parler des lois de transition par lesquelles la raison divine et la raison humaine se rencontrent dans les conceptions et les faits. Thèse à développer plus tard.

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Nous devons aussi admettre à priori que les créations diverses de l'esprit humain tel que Dieu l'a fait ont dû être prévues d'avance par le Créateur, comme des effets naturels et nécessaires de la vie intellectuelle des hommes.

Tolérance religieuse et philosophique.

Laissons donc se produire librement les doctrines, comme Dieu laisse se produire tous les animaux, quelles que soient la nature et la tendance de leurs instincts particuliers. Les instincts dans la nature doivent disparaître d'eux mêmes après avoir fait leur temps et servi aux développements des plans de Dieu.

Ce n'est pas à dire qu'on doive adopter toutes les doctrines indistinctement. Nous voulons seulement dire qu'on doit tolérer toutes celles qui ne sont pas despotiques, et donner à tout le monde la facilité de juger de leur nature et de leur utilité respectives; car, tant qu'une doctrine quelconque trouve des admirateurs pour l'adopter, elle doit répondre à un besoin et servir à développer un instinct dans ces esprits, qui n'auraient pas pu être développés si bien ni si rapidement par d'autres doctrines qui leur étaient moins sympathiques. L'association intime groupe ensemble les esprits qui se nourissent des mêmes doctrines; la fédération externe lie ensemble les masses ou les associations différentes selon les lois de la variété dans l'unité. D'ailleurs, les doctrines nuisibles en réalité ou en apparence passeront vite à néant ou à un développement supérieur qui en changera la nature et la tendance; sauf, bien entendu, à se garantir en pratique contre celles qui, comme des animaux de proie, cherchent manifestement à tuer et à manger toutes les autres. Or, celles qui aujourd'hui ont manifestement cette tendance sont justement les plus en crédit dans le monde des privilégiés qui vivent aux dépens de la masse et en vertu de prétendus dogmes de justice divine.

Les doctrines nuisibles comme les bêtes fauves de la création servent à l'étude générale des lois de Dieu et de sa providence. C'est une des doctrines les plus horribles de la terre qui nous a servi personnellement à découvrir quelques-unes des lois de la providence inverse et de l'équilibre vital, dite subversive sur notre globe. Cette doctrine religieuse est celle des étrangleurs de l'Inde, à qui, dit-on, leurs oracles commandent de mettre à mort les adversaires de leur religion. Quelle plus atroce horreur que cette doctrine, et cependant c'est exactement en accord avec certaines lois générales qui limitent aujourd'hui la vie des hommes au tiers et au quart de la durée naturelle. Dans cette grande loi d'équilibre amphi-mondain, les étrangleurs ne sont qu'un petit

rouage moins développé que beaucoup d'autres, tel que ceux de la misère et la maladie, l'ignorance et l'injustice des hommes, sans parler des bêtes fauves et des miasmes de la peste sur notre globe.

Le fait est certain. Dieu fait en sorte que la durée de la vie des hommes soit plus ou moins abrégée, et la moyenne de cette vie ne dépasse pas le tiers ou le quart d'une durée naturelle. Ce brisement providentiel de la carrière des individus n'est pas fait partout au moyen d'un seul procédé; les moyens violents et brusques sont pratiqués en tous lieux aussi bien que les moyens lents et indirects. La masse des humains meurt au printemps de la vie. Pour un qui atteint l'âge de la caducité, il en est dix qui meurent dès l'enfance ou au milieu de la carrière. La moyenne de la vie ne dépasse pas le tiers du cycle complet. La cause de ces durs phénomènes remonte à Dieu, quelle que soit la cause immédiate qu'on veuille assigner à ces écarts de la nature. Que la doctrine des étrangleurs soit en effet le résulat des imaginations troublées de certains individus terrestres, ou bien réellement inspirée par des oracles célestes, la conclusion reste la même, par rapport aux causes premières et providentielles ; car si Dieu n'a pas commandé aux êtres célestes de communiquer une pareille loi religieuse à des oracles terrestres, il a créé l'esprit humain, qui aurait, à son tour, enfanté de lui-même cette doctrine, avec une telle vigueur, qu'elle n'a rien manqué de la puissance nécessaire pour passer de la vision mentale à la pratique.

Nous ne disons pas que les êtres célestes aient communiqué de pareilles doctrines, mais nous croyons que la chose n'est pas impossible, puisque nous sommes certain qu'aux deux extrêmes de la série ainsi posée, Dieu, l'ange et l'homme, des idées semblables peuvent exister et se réaliser; car Dieu a créé des étrangleurs qu'on nomme tigres et crocodiles, anthropophages et hordes barbares, et ceux-ci ont enfanté souvent et les pensées et les œuvres d'assassinat.

Concluons donc que Dieu a pu inspirer aux êtres célestes, pour des raisons particulières, des idées religieuses semblables à celles qu'il a réalisées dans ses œuvres, et cherchons à comprendre à la fois la nature de ces inspirations et la raison d'être de pareilles doctrines. Cette étude nous dévoilera bien des choses du mystère de la destinée, et quelle que soit en effet l'origine immédiate des dogmes religieux, nous apprendrons qu'il faut tout, en dernière analyse, attribuer à Dieu.

Ne faisons pas un grief à la Providence du règne subversif dans la nature, ni aux hommes du règne subversif dans les doctrines. Etudions plutôt l'une et l'autre subversion dans le but de savoir comment cette apparente contradiction universelle a pu servir aux développements progressifs des grands principes de l'harmonie qui doivent régner sur le monde à venir.

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