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cette résurrection qu'ils convoitent sous tel autre. Ils sont en contradiction essentielle avec eux-mêmes.

L'embarras n'est pas moindre sur ce qui touche à l'autre monde. Le riche civilisé se trouve entraîné à admettre des dogmes qui sont un épouvantail pour lui-même, et d'abord celui qui dévoue aux flammes éternelles les 99/100es de l'espèce humaine, car, selon les 2 principes: Hors l'Eglise romaine point de salut,

Dans la communion romaine, beaucoup d'appelés, mais peu d'élus,

il est clair qu'à chaque génération, c'est-à-dire de 30 en 30 ans, 700 millions de Barbares, Sauvages, Protestants et Grecs doivent être plongés dans les brasiers éternels.

Il est clair que sur 100 millions de Catholiques romains il y en aura 90 millions de plongés dans la Géhenne, total 790 millions de damnés à chaque génération pour 40 millions de sauvés. Dès lors un homme ne pouvant fonder son espoir de bien-être en l'autre vie que sur le malheur futur des 79/80e3 du genre humain, doit se complaire d'avance à l'idée de voir 9 de ses voisins catholiques plongés dans la Géhenne, afin d'être sauvé, lui 10o.

Eh non! dira quelque bonne âme, la charité nous ordonne de désirer le salut de nos voisins et la conversion des marchands et des procureurs à la pratique de la vérité.-Désir inconséquent si vous souhaitez le salut d'une dizaine de voisins, marchands et procureurs (ce qu'on ne souhaite guère en Civilisation), vous désirez par le fait la damnation de 100 familles du quartier.

-

-Non, vraiment : on souhaite que ces 100 familles du quartier soient sauvées comme nos voisins.-Vous voulez donc la damnation de 1,000 autres familles qui composent le reste de la ville? — Point du tout, nous prions pour le salut de la ville entière. Mais, si vous voulez sauver la ville de Pontoise en entier, vous voulez donc damner en plein les villes de Gisors, Senlis, Gournay, etc.? car, selon le dogme, il ne peut entrer dans le ciel qu'un très-petit nombre de catholiques et pas un des autres sectes. Arrangez-vous donc de manière à faire sur les catholiques mêmes la part du démon qui en doit happer les 9/40es. Si vous nevoulez rien lui céder aux environs de Paris, il faudra donc lui livrer en masse les Champenois qui, à titre de pauvres d'esprits, ont des droits au royaume des cieux, les Normands qui témoignent pour 30 sous, et auront l'effronterie de se dire aussi francs que les Parisiens.

Je n'ai garde de pousser plus loin cette facétie, mais il a fallu l'effleurer pour démontrer l'argument de fausse position relativement à cette vie et à l'autre. Les impulsions du dogme jettent dans l'égoïsme cismondain et transmondain; nous sommes conduits à supposer Dieu persécu teuren ce monde par l'Attraction, puisqu'il prive les 19/20es de

la richesse et du pouvoir dont il leur donne le désir. Nous sommes de même poussés à le supposer persécuteur dans l'autre monde, où il exclurait de salut les 99/400es du genre humain. Nous sommes réduits, quant à ce qui nous concerne, à ne spéculer que sur l'égoïsme en cette vie, à opiner contre nous-mêmes quant à l'autre vie, puisque nous désirons et craignons à la fois une résurrection en celle-ci, étrange position où nous plaçons la Divinité et l'Homme. En faudrait-il davantage pour nous faire rougir de nos prétendues perfections et fixer notre attention sur la Théorie qui va dissiper toutes ces ténèbres dogmatiques en fondant le bonheur de cette vie et de l'autre sur la richesse graduée et générale, et sur l'hypothèse d'une générosité universelle de Dieu dont nos doctrines actuelles feraient, d'après les argumens précédents, le plus méchant de tous les êtres?

N'attribuons pas à Dieu des infamies dont nous rougirions nousmêmes. Nous avons en horreur les dieux féroces de Scandinavie, du Mexique et d'Ashantie; n'avons-nous pas fait le nôtre égal en cruauté et peut-être plus raffiné?

Je viens de le justifier, quant au matériel. On ne connaîtra l'étendue des biens qu'il nous destine en ce monde et en l'autre que par une théorie des 12 passions et des emplois de chacun de leurs accords. Poursuivons donc cette étude sur les 7 passions animiques, bien plus intéressantes. Après quoi nous passerons aux conjugaisons ou formes des séries passionnelles, puis à la syntaxe ou engrenage des séries, qui nous dévoilera l'immensité de bonheur que Dieu nous réserve, soit dans le cours de nos résurrections sur ce globe, soit dans les mondes plus fortunés que nos àmes parcourront pendant l'éternité, en s'y revetant de nouveaux corps, en s'unissant à la matière dont le concours est gage de bonheur pour la Divinité comme pour les Humanités.

[La 3o notice contenue dans cette livraison et la précédente est tirée du cahier 45, cote 9, 2e rose vif piqueté.}

APPENDICE

A

L'ANALYSE PASSIONNELLE.

[Dans le cahier 4er rose vif piqueté, 22, cote 9, se trouvent plusieurs cha pitres que Fourier avait d'abord composés pour placer en tête de l'analyse des 42 passions, et qu'il a ensuite remplacés par ceux formant la première notice de l'analyse des passions sensuelles. On doit considérer ces chapitres comme un premier brouillon; nous les publions, cependant, parce qu'ils contiennent de nombreux passages propres à compléter l'analyse passionnelle, et aussi quelques vues intéressantes sur l'analogie.

Voici le sommaire de ces chapitres avec les notes interlignées écrites par Fourier lui-même. ]

SOMMAIRE.

CHAP. I. L'arbre, hiéroglyphe du monde social et des passions.

Bon, sed à revoir.

CHAP. II. L'arbre passionnel direct et ses rameaux, ou puissances graduées en 1er, 2o, 3o, 4o et 5° degré.

Abrégez beaucoup de choses déjà dites.

CHINA. III. L'arbre passionnel subversif et ses rameaux gradués en 4o, 2o, 3, 4 et 5 puissance.

Quelques redites, mais moins qu'au précédent.

CHAP. IV. Les trois rameaux subversifs de 4re puissance.

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[En marge de la page 12 : ] Ces 4 premiers chapitres sont languissants, trop scientifiques.

CHAP. V. Analogie du matériel au passionnel.

CHAP. VI. Harmonie des nombres sacrés 3, 7, 42.

Curieux, mais très-obscur.

[ En marge de la page ₫ 43:] chapitre trop savant.

CHAP. VII. Analogie tirée du système arômal planétaire.
Agréable; faut le distraire du tout.

CHAPITRE PREMIER.

L'ARBRE, HIEROGLYPHE DU MONDE SOCIAL ET DES PASSIONS.

La classe de végétaux nommée arbres est l'image la plus régulière du jeu des passions, et d'abord de leurs 2 essors d'Harmonie et Subversion; le 1er est représenté par les branches qui figurent l'Harmonie, et les racines sont hiéroglyphes de subversion.

Pour disserter sur ce sujet, il faut se rappeler la division des 32 périodes sociales en 24 sociétés harmoniques et 8 sociétés subversives, et les 2 foyères non comptées, savoir :

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Total... 8 touches d'essor subversif ou périodes malheureuses, 24 touches d'essor harmonique ou périodes heureuses,

ainsi que les foyères qu'on ne compte pas en mouvement.

L'âge subversif comprenant 8 sociétés malheureuses est représenté dans les racines de l'arbre, dans la partie non sociétaire avec l'homme.

L'âge harmonique, donnant 24 sociétés heureuses, est représenté dans les branches de l'arbre, dans la partie associée à l'homme.

La tige ou pivot est hieroglyphe spécial des 2 sociétés foyères qui sont pivotales entre les 12 d'Harmonie majeure et les 12 d'Harmonie mineure.

Les racines sont rampantes à fleur de terre et cachées dans l'obscurité par analogie aux 8 sociétés de limbe obscur dont elles sont l'hieroglyphe, et dans lesquelles tout essor général des passions est ignoble, rampant, comprimé, obscur. Aussi les hommes qui connaissent bien la Civilisation donnent-ils pour règle de succès le précepte: Médiocre et rampant.

Les branches, au contraire, sont évasées et s'élancent noblement vers le ciel, occupant un espace beaucoup plus vaste que celui des racines par analogie aux 24 sociétés heureuses dont la durée surpassera immensément celles des 8 périodes malheureuses; elles sont ornées d'une brillante et utile parure, emblème du luxe qui doit parer et enrichir les âges d'harmonie.

Le premier phénomène que nous présente la structure de l'arbre, c'est que l'essor combiné ou direct, l'essor des branches, la portion qu'on peut nommer sociétaire avec l'homme, donne l'Unité par la tige ou faisceau pivotal des branches; et que l'essor incohérent ou inverse, l'essor des racines, portion insociétaire avec nous, ne donne pas d'unité ou contre-tige. Les plus fortes vei

nes de racine sont implantées directement dans la souche sans se rassembler en tige ou lien unitaire avant de se réunir à la souche. C'est un emblème fidèle du mouvement social qui donne l'unité dans son essor combiné, dans ses phases d'Harmonie comprenant 24 périodes, et ne donne point d'unité dans son essor incohérent, dans ses phases de subversion comprenant les 8 sociétés de limbe obscur figurées par les racines.

La tige, emblème de l'unité, réunit éminemment l'utile et l'agréable; elle est pour nos édifices le morceau précieux de l'arbre, surtout quand elle est continue, comme dans le chène et le sapin. Elle est de même le grand canal de circulation servant à la fois d'artère et de veine aux mouvements de la sève, et de garantie à l'arbre contre les chocs.

Elle nous offre l'agréable porté jusqu'au merveilleux. C'est la tige qui, élevant les branches au-dessus de nos têtes, nous ménage un libre passage sous les colonnades et voûtes de la forêt.

En considérant que tout l'utile et tout l'agréable se trouvent dans la partie harmonique de l'arbre qui nous ombrage de ses feuilles, nous nourrit de son fruit, nous enrichit de son bois, nous protège de sa tige, et que la partie incohérente avec nous, nommée racine, est bornée à des fonctions nécessaires à la vérité, mais qui n'ont pour nous ni agrément ni utilité directe et sensible, on verra dans ces 2 développements de l'arbre une parfaite image des 2 essors du mouvement social qui réunit au plus haut degré l'utile et l'agréable dans ses phases d'harmonie, et n'offre ni l'un ni l'autre dans les phases de subversion ou sociétés de limbe obscur. Elles font à la vérité un travail préparatoire et indispensable, comme celui des racines; elles recueillent et élaborent les sucs essentiels ou matériaux d'Harmonie, comme grande agriculture, sciences et arts, qui sont la sève dont s'alimentera le mécanisme sociétaire; mais les travaux subversifs n'ont, comme les racines, aucun agrément, aucune utilité directe et sensible. Tout n'est que tristesse, obscurité et pauvreté dans le travail civilisé; il n'aboutit qu'à encombrer les villes de mendiants, et ne donne qu'un misérable produit comparable à celui des racines dont le bois, inutile aux constructions et indigne de paraître aux cheminées de maître, est abandonné aux plus vils usages, quoique arraché de terre avec une peine infinie, comme les chétives récoltes qu'on obtient du travail civilisé.

La division fondamentaledu mouvement et les propriétés de ses 2 essors sont donc bien figurées dans la structure de l'arbre; on y voit que le mouvement en essor harmonique donne l'Unité ou Tige; il donne la richesse qui naît des branches, de leur bois, de leur fruit; il donne le charme qui naît de leurs feuilles, de leur ombrage, tandis que l'essor subversif ne donne point d'unité, point de richesse, point de charme. On ne saurait trouver un tableau plus fidèle du contraste de l'Harmonie ou Unité sociale avec l'état de Subversion et de Duplicité qui comprend les sociétés civilisée et barbare, patriarcale et sauvage.

Ces sociétés ne sont en tout sens qu'un Egoïsme anti-unitaire, une échelle de discorde collective et individuelle, d'oppression et de baines graduées, qui établit d'abord la dissension primordiale des quatre sociétés, puis les haines et discordes respectives entre chaque nation d'une société, entre chaque

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