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DESPOTISME

DE LACHINE.

AVANT-PROPOS.

ON comprend le Gouvernement de

la Chine, fous le nom de Despotisme. parceque le Souverain de cet Empire réunit en lui feul toute l'autorité fuprême. Defpote fignifie MAITRE, ou SEIGNEUR : ce titre peut donc s'étendre aux Souverains qui exercent un pouvoir abfolu, réglé par les Loix, & aux Souverains qui ont ufurpé un pouvoir arbitraire, qu'ils exercent en bien ou en mal fur des Nations dont le Gouvernement n'eft pas affuré par des Loix fondamentales. Il y a donc des Defpotes légitimes, & des Defpotes arbitraires & illégitimes. Dans le premier cas, le titre de Defpote ne paroît pas différer de

celui de Monarque; mais ce dernier titre fe donne à tous les Rois, c'est-à-dire, à ceux dont l'autorité eft unique & absolue, & à ceux dont l'autorité eft partagée ou modifiée par la confticution des Gouvernemens, dont ils font les chefs. On peut faire la même obfervation fur le titre d'Empereur : il y a donc des Monarques, des Empereurs, des Rois, qui font Defpotes, & d'autres qui ne le font pas. Dans le Despotisme arbitraire, le nom de Defpote eft prefque toujours regardé comme un titre injurieux qu'on donne à un Souverain arbitraire & tyrannique.

L'Empereur de la Chine est un Defpote; mais en quel fens lui donne t on cette dénomination? Il me paroît qu'affez généralement en Europe on a des idées peu favorables fur le Gouvernement de cet Empire; je me fuis apperçu, au contraire, par les relations de la Chine, que fa conftitution est

fondée fur des Loix fages & irrévocables, que l'Empereur fait obferver, & qu'il obferve lui-même exactement: on en pourra juger par la fimple compilation de ces relations mêmes, qu'on va donner ici fous ce point de vue.

CHAPITRE PREMIER.

S. PREMIER.

Introduction.

C'EST au fameux Marc-Paul, Vénitien,

qu'on dut, dans le 13° fiécle, les premieres connoiffances de la Chine mais tout ce qu'il rapportoit de l'ancienneté de cette Monarchie, de la fageffe de fes Loix & de fon Gouvernement, de la fertilité, de l'opulence, du commerce floriffant, de la multitude prodigieufe d'Habitans, qu'il attribuoit à cet Empire, de la fageffe de ce Peuple, de sa politeffe, de fon goût pour les arts & les fciences, parut incroyable. Tous ces récits pafferent pour autant de fables. Une relation fi extraordinaire fembloit plutôt le fruit d'une imagination enjouée, que le rapport d'un Obfervateur fidele.

On trouvoit de l'abfurdité à croire qu'il pût exister à 3000 lieues de nous

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un Empire fi puiffant, qui l'emportoit fur les Etats les mieux policés de l'Europe. Quoi! au delà de tant de Nations barbares, à l'extrêmité du monde, un Peuple auffi ancien, auffi fage, & auffi civilifé que le repréfentoit le Voyageur Vénitien ! C'étoit une chimere qui ne pouvoit trouver de foi que dans les efprits fimples & crédules.

Les tems diffiperent ces préjugés, les. premiers Miffionnaires qui pénétrerent à la Chine, vers la fin du quinzieme fiécle, publierent quelques relations de ce Royaume, elles s'accordoient avec celles de Marc-Paul, elles vérifierent fes récits; on rendit juftice à fa fincérité. Le témoignage unanime de plusieurs perfonnes, dont l'état & l'intelligence garantiffoient la fidélité de leurs rapports, fubjugua tous les efprits, incertitude fit place à la conviction: celle-ci entraîna à la furprise & l'admiration. Depuis cette époque, le nombre des

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