1642.

ACTE V.

Mais, a-t'on pris encor ce Prince infor

tuné ?....

L'avez-vous écouté, ....

damné ? ...

l'avez-vous con

L'avez-vous fait mourir? Dites-le moi de

grace?

Vous ne répondez rien.... Dieux ! tout mon
fang fe glace;

Hélas! s'il eft ainfi, ne me le fcélez pas, &c.
LEONIDAS,

Je ne puis le fauver, quelqu'effort que je
faffe.

CHE'LONIDÉ.

Ah! Seigneur, fouffrez-vous, qu'on vous faffe ce tort:

Donnez-moi des foldats, j'empêcherai fat

mort,

J'irai la main armée, & d'un courage mâle,
Punir l'affront qu'on fait à la maison Royale.
Vous ne me dites mot, Seigneur ?

A confidérer cette Tragédie en gros, le fujer en eft trifte, & fans art, la verfification foible, mais elle fe fauve par des fituations touchantes, par le pathétique, & plus encore par beaucoup de fentimens, dont l'expreffion fimple & naturelle, eft peut-être préférable à une tournure recherchée.

LE SA C

DE CARTHAGE, TRAGE'DIE EN PROSE

DE M. PUGET DE LA SERRE.

Sdrubal affiégé dans Carthage par l'armée des Romains, commandée par Scipion, trahit fa patrie, pour fauver fa femme & fes filles : mais ces dernières refusent fierement la grace que Scipion veut leur accorder. La femme d'Afdrubal voyant la Ville perdue, poignarde fes filles, & fe tue enfuite. Afdrubal apprend cet événement, & après avoir regreté fa famille, il fe frape de fon épée, & meurt, en difant.

cc Je commence à me reconnoître : » la mémoire me revient à mesure que mon fang s'écoule de mes veines. » L'amour m'avoit fait Romain, mais » je meurs Carthaginois.:

כפ

Voici le plus paffable Ouvrage de la Serre. Monfleuri, le Comédien, ne fit que mettre toute cette Piece en vers quelques années après, comme on l'a

1642.

déja dit, & la donna fous le titre de 1642. la Mort d'Afdrubal. Nous en parlerons en fon temps.

LES FAUSSES VÉRITÉS

ου

CROIRE CE QU'ON NE VOIT pas, & ne pas croire ce qu'on voit,

COMEDIE

DE M. D'OUVILLE.

Idamant jeune homme du Lan

Lguedoc, qui eft à Paris depuis peu

de temps, pour des affaires, demeure chez Léandre, un de fes amis. La fœur de Léandre qui fe nomme Florimonde, devient amoureufe de Lidamant, & fans fe faire connoître de ce Cavalier, elle lui donne un rendez-vous au Thuil. leries: enfuite elle le conduit chez Orafie fon amie, qui eft aimée de Léandre. Ce dernier arrive chez Orafie, on fait cacher Lidamant, Léandre s'apperçoit du myftere, & croit fa maîtreffe infidelle. Voilà ce qui conftitue toute l'intrigue de la Piece, qui fans être bonne, peut avoir amufé les Spee

tateurs par le nombre des événemens dont elle eft remplie. Il eft aifé de 1642. deviner le dénouement de cette Comédie: Florimonde avoue fon amour, & fes ftratagêmes, les foupçons de Léandre s'évanouiffent, & tout fe termine par un double hymenée. Il y a toute apparence que d'Ouville a tiré d'un Auteur Espagnol les principaux évé→

nemens de cette Comédie.

PHILOCLEE
ET TÉLÉPHONTE,

TRAGICO ME' DIE

DE M. GILBERT, Représentée par les deux Troupes Royales.

ve,

H& meurtrier de Crefphonte fon Ermocrate, Tyran de Meffene légitime Roy, oblige Mérope, fa veu à l'époufer, pour s'affurer d'avantage le pouvoir fouverain. Il a profcrit la tête de Téléphonte, fils de l'infortuné Crefphonte, & de Mérope, que cette derniere a fauvé de fa fureur en l'envoyant fécrettement en Etolie.

Un inconnu arrive à Meffene, & fe 1642. dit l'affaffin de Téléphonte : Mérope apprend la mort de fon fils, avec toute la douleur d'une tendre mere: elle forme la réfolution de la venger, en immolant cet inconnu. Prête d'éxécuter ce deffein, Mérope reconnoît Téléphonte dans la perfonne qui paffe pour fui avoir ôté la vie. Cette reconnoiffance auffi terrible, qu'attendriffante, eft fuivie de la mort d'Hermocrate que Téléphonte tue dans le Temple: enfuite ce Prince fe fait reconnoître des Melléniens pour le fils de Crefphonte, & monte fur le thrône de fon pere.

Voilà fans doute un beau fujet, & digne de la Scene Françoife, mais pour le traiter dignement, il falloit un génie d'une toute autre étendue que celui de Gilbert. Ce n'eft pas qu'il n'y ait dans fa Tragédie de certaines beautés, mais qui ne conftituent ni les caracteres de fes perfonnages, ni les fituations de fa Piece. Philoclée, fille du Tyran Hermocrate, eft l'époufe que Mérope destine à fon fils; & certe Princeffe aime Téléphonte,fur ce que Mérope lui en a dit. Un défaut encore plus remarquable, c'est que Téléphonte ne paroît qu'à la fin du Quatrième Acte.